« Le pouce et la souris
Enquête sur la culture numérique des ados »
de Pascal Lardellier
Editions Fayard
mars 2006
221 pages
15 €
Le numérique pour les ados :
Un outil et une prison infernale
De nombreux parents d'adolescents sont plus qu'inquiets devant cette « cyber-addiction » qui touche leurs enfants.
Les jeunes d'aujourd'hui, nés avec un zappeur télévisuel dans la main ne lâchent plus leur téléphone portable et même leur souris. Certains et j'en connais passent leurs nuits à « tchatter » et à jouer, oubliant parfois de manger, se contentant de grignoter... leur pouce toujours en activité.
L'auteur, professeur et chercheur s'appuie sur une réflexion et une étude sérieuse et méticuleuse qu'il a menée auprès de cent trente de ses étudiants des Services et Réseaux de communication de l'IUT de Dijon.
Il nous explique l'évolution en cours pour nous faire comprendre ce qui se passe dans la tête des adolescents quand ils « chattent » , « surfent » et pianotent sur leur clavier de portable.
Cette pratique si elle rapporte idéologiquement et financièrement à certains marchands de communication a un coût humain en termes de santé dans le cadre du développement de la dépendance et des comportements compulsifs.
« Les cyber-addictions constituent une nouvelle pathologie apparue avec le Net, et qui frappe en premier chef la « génération SMS ». La vie familiale et sociale, l'alimentation, le sommeil et bien sûr les résultats scolaires s'en trouvent affectés. Et combien il est difficile pour les teen-agers de « décrocher », difficile, voire impossible. »
Si de nombreux adultes sont « accroc », ils n'utilisent que 20% des capacités de leur téléphone portable alors que leurs enfants utilisent la quasi totalité des possibilités offertes, pour le meilleur et pour le pire. Cette nouvelle culture numérique est un enjeu écononomique capital pour beaucoup mais constitue pour l'adolescent une prison infernale.
Faut-il combattre frontalement cette « déviance » généralisée?
L'auteur nous explique les dangers de l'accoutumance ainsi que les risques encourus su point de vue scolaire, mais il se refuse de vouer aux gémonies les TIC de toutes sortes.
«..c'est aux parents de reconquérir le terrain qu'ils ont eux-mêmes perdu. Et, bien sûr, de contrôler le flux des connexions et de certains échanges; de superviser le contenu de supports tels que les blogs et de permettre, aussi, aux jeunes de prendre un peu de distance, pour faire le lien entre la culture classique et les TIC. »
Mission difficile, certes mais il n'existe que deux voies : celle-ci ou alors l'emprise des nouvelles Technologies d'Information et de Communication et la « robotisation » des cerveaux avec toutes ses conséquences.
Jean-François CHALOT