« Les interventions sociales de proximité »
sous la direction de Mustafa Poyraz
le travail du social
éditions L’Harmatan
avril 2005
159 pages
15, 50 €
RELEGATION OU CONSTRUCTION DU LIEN SOCIAL
Voici là des documents pour des spécialistes, pour des professionnels du secteur social ou pour des chercheurs avertis !.
Détrompez-vous !
Cette oeuvre collective , accessible permet de mieux appréhender la réalité des quartiers où les problèmes de la pauvreté, de l’exclusion peuvent créer des tensions, des désespérances et des explosions sans perspective.
Les auteurs analysent minutieusement les réponses diverses, contradictoires des politiques publiques qui s’entrecroisent.
Les centres sociaux qui ont permis à des citoyens de s’impliquer au coeur des cités en construisant avec les habitants des projets d’activités, voire de transformation sociale sont en crise.
Le nombre de militants a chuté et la professionnalisation a contribué à passer de l’intervention sociale construite avec la population locale à une réponse technicienne, parfois coupée de la réalité.... Mais à qui la faute ? Certainement pas aux professionnels dévoués mais à une logique des politiques publiques qui veut des résultats, du management et surtout que les centres sociaux s’inscrivent dans les dispositifs au lieu de construire des projets locaux.
« Le pluri-financement fragilise les centres. Le système des appels à projets, la mise en concurrence, les évaluations rendent de fait quasi obligatoire de donner des gages-contredisant ainsi les idéaux qui font des associations des groupements « volontaires » d’individus autour d’un projet défini « librement »
C’est la chasse aux financements pour équilibrer les budgets, pour essayer de développer le projet initial dans le meilleur des cas quand il ne s’agit pas de coller aux préconisations publiques avec toutes les dérives possibles.
Si les auteurs avaient écrit ce livre aujourd’hui après « la révolte des banlieues », ils pourraient illustrer encore plus leur propos : les subventions jeunesse et sports sont bloquées, réduites, sauf celles appelées « politique de la ville » et là , pour vivre, beaucoup vont devoir revoir leurs copies pour s’adapter aux circulaires- cadre « contraignant »...
Les interventions sociales de proximité, ce sont aussi les maisons de quartiers, lieux de rencontres, souvent de relégation ou d’expérimentation à la petite semaine....
La confusion est de mise, non du côté des auteurs du livre qui connaissent leur sujet mais du côté de certains politiques prêts pour obtenir la paix sociale-toujours provisoire- à toutes les démagogies possibles.
L’intérêt des contributions qui sont présentées réside dans l’analyse fine de situations réelles...
Parfois des politiques réfléchissent et permettent aux animateurs de terrain, réellement qualifiés de construire avec des jeunes des projets, il ne s’agit pas d’offrir des séjours clés en main mais d’initier des démarches participatives qui conduisent les « publics-citoyens » à s’investir et contribuer à la réussite du projet.
Malheureusement les politiques publiques cohérentes sont rares.
Les animateurs traditionnels, formés, refusent et c’est tout à leur honneur de se transformer en « pompier social , sous la pression des pouvoirs publics et celle des jeunes de quartiers ... Ils sont remplacés par des Grands frères, des « draineurs » de quartier pour gérer des maisons de quartier » ... et c’est la catastrophe : les références initiales sont abandonnées et l’objectif éducatif énoncé par la Municipalité dans ses beaux dépliants, oublié, bafoué .
Le trait est exagéré ?Très peu et il est temps avec les militants et militants des associations de quartiers, les fédérations et les acteurs qu’une réflexion politique approfondie conduise à la construction d’une alternative sociale et citoyenne dans le droit fil de la vocation de l’éducation populaire-mouvement de transformation sociale et non d’accompagnement.
Valière