Afghanistan, opium de guerre...

[Valiere]

« Afghanistan
opium de guerre,
opium de paix »
d’Alain Labrousse
éditions Mille et une nuits
359 pages
décembre 2005
20 € UNE ANALYSE ARGUMENTEE ET SANS COMPLAISANCE



L’Afghanistan est incontestablement le plus grand producteur mondial d’opiacés. Il faut dire que cette économie de la drogue représente 60% du Produit Intérieur brut !
Alain Labrousse, journaliste et sociologue nous immerge dans L’Afghanistan « moderne » plongé dans une guerre civile depuis plus de trente ans.
Pour des raisons économiques et aussi politiques les différents gouvernements qui se sont succédés : du régime « communiste » à la direction actuelle en passant par les taliban ont laissé faire...Les périodes de réduction de récoltes et de répression des trafiquants ont été limitées dans le temps .
Tout le monde y a touché ou y touche et ceci à peu près sans exception !
Le livre, très généreux en données chiffrées et en détails quant à la circulation des produits « illicites » nous offre des indications précieuses sur les alliances nouées et les enjeux des différentes politiques publiques.
Le président en exercice Hamid Karzaï s’est engagé publiquement à lutter énergiquement et efficacement pour mettre fin à la culture du pavot.
Mais que valent de telles déclarations d’un dirigeant qui doit pour se maintenir au pouvoir se lier aux commandants et aux seigneurs de la guerre :
Prenons par exemple Daoud le très controversé numéro 2 du ministère de l’intérieur chargé de la lutte anti-drogue :
« Tout le monde admet qu’il a été très certainement lié au trafic, soit directement pour le compte de l’Alliance du Nord, soit indirectement à travers les activités des membres de sa famille..... »
Mais alors pourquoi a t-il de telles responsabilités officielles ?
« Daoud continue à être lié au trafic dans le Badakhshan, mais peut être utile dans la répression du trafic dans d’autres régions du pays » !?
Hamid Karzaï doit à la fois maintenir et consolider des alliances avec certains anciens responsables taliban et à la fois plaire aux Etats Unis ...
Quadrature du cercle ? Pas tout à fait :
Très présents en Afghanistan, économiquement avec des entreprises implantées, militairement avec des bases installées et politiquement auprès du gouvernement, "Les Américains ferment les yeux dans la mesure où ils ont d'autres priorités..."

« La guerre à la drogue » n’est-elle pas une justification au maintien et au renforcement de la présence américaine dans cette région stratégique ?
Les opérations spectaculaires contre le trafic sont menées par les forces américaines mais elles restent limitées et jamais dirigées contre les seigneurs de la guerre, allés des Etats Unis !
La question de cultures alternatives est posée par le gouvernement et certaines ONG agissent dans ce sens en termes de soutien et de conseils mais les seigneurs de la guerre sont très présents et la drogue reste un marché lucratif..

Ce livre, très documenté nous apporte de nombreuses clés de compréhension et une analyse fouillée et argumentée.

Valière