Mort de Howard Fast

Message par faupatronim » 14 Mars 2003, 16:03

Mort de Howard Fast

Le romancier américain Howard Fast est mort à l'âge de 88 ans, mercredi 12 mars, à son domicile de Greenwich (Connecticut).

Né le 11 novembre 1914, à New York, d'un père ouvrier sidérurgiste d'origine ukrainienne, Howard Fast a raconté sa vie dans Mémoires d'un Rouge (Rivages, 2000). Son enfance fut celle d'un "Jackie Cooper aux chaussures trouées et culottes déchirées aux genoux", contraint de se débrouiller avec ses deux frères dans un milieu hostile, miséreux.

Mû par une volonté farouche de devenir écrivain, il signe en 1937 un livre sur le lynchage d'un enfant noir dans un quartier pauvre de New York, Les Enfants, qui bat des records de vente, grâce aux interdictions dont il fait l'objet dans le Connecticut et la Nouvelle-Angleterre.

Se sentant le don inné de se battre "pour ses convictions, pour les pauvres, pour les opprimés et contre le racisme", ce disciple de John Reed rénove le roman historique en racontant le destin des humbles.

Howard Fast se fait une réputation de solide romancier populaire en évoquant l'oppression des Indiens (Le Dernier Espoir, 1941), la lutte d'un héros de l'Indépendance (Tom Pain, 1943), le sort des Noirs après la guerre de Sécession (La Route de la liberté, 1944), la passion des syndicalistes (Sacco et Vanzetti, 1953).

Enrôlé en 1942 par le ministère de la guerre pour la propagande antifasciste, il est congédié parce qu'on le soupçonne d'être communiste. Il entre effectivement au parti de 1945 à 1957 (jusqu'au rapport Khrouchtchev). Militant sincère, il rencontrera Sartre, Picasso, Aragon.

En 1950, Howard Fast purge une peine de prison pour son refus de collaborer avec la commission du sénateur McCarthy. Dans son dossier au FBI ne figure aucun crime ni infraction à la loi, mais une recension des "nombreuses réunions où j'ai pris position pour le droit au logement, en faveur du respect du libre arbitre, d'une presse libre, de la liberté de rassemblement, d'un salaire minimum plus élevé, d'une justice égale pour les Noirs et les Blancs...".

Cela suffit pour être traité de "vermine rouge". Boycotté par les éditeurs sous la pression du FBI, il est contraint de publier à compte d'auteur son récit de la révolte des esclaves contre l'Empire romain, Spartacus, qui sera adapté au cinéma par Stanley Kubrick.

C'est sous le pseudonyme de Walter Ericson qu'en 1952 Howard Fast signe Fallen Angel (traduit sous le titre Mirage, une parabole sur le maccarthysme). Mais il publie sous son vrai nom The Story of Lola Gregg (1956, inédit en France), dans lequel il règle ses comptes avec le FBI. Howard Fast se lance dans le roman policier pendant les années 1960, sous le pseudonyme de E. V. Cunningham.

Dans la lignée du Vertigo d'Alfred Hitchcock, Sylvia, son chef-d'½uvre, raconte l'histoire d'un privé qui tombe amoureux fou d'une femme fantôme dont il doit explorer le passé (Rivages Noir, no 85). Sallymet en scène la panique d'une femme qui se croit atteinte d'une maladie incurable et qui engage un tueur pour la supprimer, mais qui apprend que son médecin s'est trompé de diagnostic.

PRIX STALINE DE LA PAIX

On ne retrouve pas la veine politique et flamboyante de ses débuts dans ses ouvrages de fin de vie, suite d'enquêtes à Hollywood du sergent Masao Masuto, flic d'origine nippone. On lui doit aussi, en 1982, Max, merveilleuse saga, entre Dickens et Ben Hecht, d'un gavroche devenu l'un des nababs d'Hollywood (Ed. de l'Atalante).

Howard Fast a obtenu en 1953 le prix Staline de la paix, et en 1973 le Grand Prix de littérature policière pour La Poudre aux yeux. "Ce sera plus facile pour vous, Howard, si vous commenciez par ôter votre couronne d'épines", lui avait dit un jour Dashiell Hammett.

Jean-Luc Douin
faupatronim
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Oct 2002, 18:00

Message par Louis » 14 Mars 2003, 17:05

voila la critique d'un de ses derniers livres

a écrit :Mémoire d'un rouge

Le romancier américain Howard Fast aura 86 ans le 11 novembre prochain. Auteur entre autres du célèbre roman Spartacus (1951), il est plus connu des amateurs sous le nom d’E.V. Cunningham, pseudonyme sous lequel il signa une vingtaine de polars dont son chef-d’œuvre Sylvia (1960). Membre du PC américain de 1944 à 1956, il eut à subir durant toute cette période les persécutions du FBI et de son directeur Edgar J. Hoover et fut même condamné en 1950 à trois mois de prison pour outrage au Congrès après avoir refusé de communiquer la liste des donateurs de fonds de soutien en faveur des antifascistes espagnols. Auteur de plus de quatre-vingt titres (dernier ouvrage paru l’an passé : Redemption), Fast, à l’époque adulé en Union Soviétique où ses ouvrages furent publiés à des millions d’exemplaires (sans qu’il ne touche d’ailleurs jamais le moindre rouble au titre des droits d’auteur), rompit avec le communisme en 1956 lorsqu’il prit conscience de l’étendue des crimes staliniens et de l’antisémitisme qui régnait dans la " patrie du socialisme ". Il fut alors interdit de publication en URSS. Le parcours de ce fils d’immigrant ukrainien qui vécut une enfance new-yorkaise misérable est une histoire peu commune dont on peut lire les principaux épisodes dans Mémoires d’un rouge, publié en 1990 aux états-Unis et qui vient d’être traduit en France. Ces passionnantes mémoires complètent utilement Le FBI et les écrivains (Albin Michel) de Natalie Robins, évoqué dans cette chronique en 1997 et qui mentionnait que le dossier de Fast conservé au FBI comptait parmi les plus importants avec 1603 pages. Mémoires d’un rouge intéressera en premier chef ceux qui apprécient le romancier Fast qu’il s’agisse de ses nombreux ouvrages historiques ou de ses polars, mais il captivera bien au-delà de ce cercle d’admirateurs, car ce livre constitue un témoignage de première main sur la période de la chasse aux sorcières aux états-Unis et fournit quelques jalons inédits sur l’histoire du mouvement ouvrier américain.

Howard Fast : Mémoires d’un rouge, Rivages/écrits noirs, 453 pages, 155 francs



sans oublier bien sur "spartacus" son livre le plus connu (plus l'adaptation ciné par Kubrick)
Louis
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 09:33


Retour vers Livres, films, musique, télévision, peinture, théâtre...

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)