(Thomas @ lundi 28 novembre 2005 à 13:20 a écrit :Ben justement , je trouve que le "bureaucrate" se place du côté des travailleurs et est leur représentant face à la bourgeoisie.......
.... et je pense que les décisions sont toujours discutées et pas manipulées comme à l'AG finale
Pour le premier point. Beaucoup voient les choses comme celà et le film le montre à sa façon.
Mais le film montre aussi à l'insu du réalisateur que la bourgeoisie c'est à dire plus concrétement ici le patronat, le préfet et la ministre et leurs collaborateurs ne voient pas les choses comme celà.
Pour eux le "bureaucrate" est un interlocuteur priviligié, spécial dont le rôle premier est de ramener les travailleurs à la raison et au meilleur compte.
Franchement Thomas n'es-tu pas choqué par ce syndicaliste qui félicite la ministre pour son intervention bien reçue par les travailleurs sur "la misère humaine bla-bla". A la fin du film il se permet de traiter Roger de pute. Mais qui est le prostitué dans l'affaire?
Une autre encore du même:"lundi je peux pas j'ai un dîner avec le gars du Conseil économique (...) c'est important".
Qu'est-ce qui est important se taper la cloche aux frais de la princesse sous prétexte de préparer un colloque? Ca classe le bonhomme.
Pour beaucoup de travailleurs l'objectif n'est pas de vaincre le patron ni même d'obtenir le maximum mais d'arriver à un arrangement pas trop mauvais ou moins pire. Les dirigeants jouent à merveille de cette illusion pusillanime et la nourrissent.
Pour le deuxième point. "Tout est discuté en AG". Tu parles. D'un côté un dirigeant venu de Paris qui connait bien les salons et ses interlocuteurs et qui sait lui où il veut en venir et comment y parvenir.
Et en face des travailleurs meurtris unis dans l'indécision sans objectif commun réel. Demander du pognon, un emploi, un repreneur? Et s'illusionnant sur la force de leur chantage dont ils savent bien qu'ils ne le mettront pas en oeuvre. L'ennemi aussi le sait et de toutes façons s'en fout.
Quand on est une classe dominante qui a assuré deux guerres mondiales dans le même siècle avec en gros les mêmes hommes, la pollution de la Meuse on s'en bat les oreilles. Surtout de la Meuse qui en a vu d'autre en 40.
Un mot sur Roger qui m'a ému et aussi écoeuré. Tellement représentatif d'une génération de militants le plus souvent PC-CGT parlant lutte de classe et socialisme mais au jour le jour préparant l'arrivée du PS aux affaires à tout prix. Menant des grèves mais n'attendant tout que de la négo comme ils disent.
AVEC LA NEGO ON L'A DANS L'DOS!
Viellissant, berné et berneur, désillusioné et vaincu R. touche tout celà du doigt. D'ailleurs il n'est jamais monté dans la hiérarchie syndicale. Trop grande gueule, trop près de l'ouvrier mais se laissant caresser le nombril par le fédéral et au final faisant appliquer la ligne à coup de calomnies voir de triques si il faut.
Ca c'est une époque Thomas et on en sort comment? Par la dispersion génèrale.
Et il rend un dernier service. Couvre le fédéral parle de couillonades. On leur a mis un genou à terre. On leur a montré qui on est!
Il est pâle, le regard vide, il est mort.