la machine à broyer

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« La machine »
« à broyer
Quand les privatisations tuent :
France Télecom »
de Dominique Decèze
Editions Jean-Claude Gawsewitch
190 pages
septembre 200 4
16,50 €

UNE LIQUIDATION PROGRAMMEE


Dès la première ligne, le décor est planté .
Quel que soit le poste occupé, la violence au travail est le quotidien des agents de cet ancien fleuron du service public :

« A France Télécom, le degré de souffrance au travail croît, depuis plusieurs année, dans des proportions inquiétantes. Le malaise au travail se répand, la consommation de médicaments explose, la fatigue physique et mentale gagne. Le stress est général »...Et au bout, le suicide pour certains...

De la science fiction ? Même pas de l’anticipation , simplement la vie quotidienne de dizaines de milliers de personnes au travail.

L’auteur ne noircit pas abusivement le paysage, il reprend des données officielles, des études et des statistiques.

L’inquiétude quant à l’avenir, les pressions exercées, la logique commerciale, les cadences imposées et le harcèlement au travail, autant de conditions permettant de créer de l’insécurité et du « mal vivre ».

Ce premier livre ne ressemble pas du tout au suivant : « haute tension à EDF-GDF » même si l’on retrouve des constances comme la souffrance des personnels, premières victimes de la liquidation programmée d’une grande entreprise publique française.
Dans ce premier ouvrage, l’auteur établit une radiographie de l’entreprise et insiste surtout sur la vie des agents, encore fonctionnaires ne relevant plus de fait des règles statutaires initiales ou « nouveaux embauchés, 10% du personnel...salariés sous contrat de travail de droit privé, placés sous le régime de la convention collective des télécommunications » .

La nouvelle logique libérale s’est installée peu à peu, balayant les quelques promesses faites par quelques ministres comme le « socialiste » Paul Quilès qui reprenant le rapport Prévost préconisant « un service public à vocation industrielle et commerciale, qui ne peut ignorer les lois du marché » veut rassurer le personnel :
« La réforme doit s’accompagner d’une modernisation des structures et de la gestion, d’un renforcement de la déconcentration, et de la responsabilisation de tous. Il n’y a pas besoin pour cela de gérer La Poste à la manière des entreprises privées. Le service public est tout à fait capable de faire ses preuves sur le terrain de la concurrence » !

Quel cynisme !
Depuis 1986, les gouvernements successifs ont privatisé à tour de bras et si la droite a tiré la première salve et à coups de canon, la gauche gouvernementale n’a pas cassé la dynamique infernale de démantèlement des services publics et de liquidation pure et simple des entreprises publiques.
Toute l’œuvre du Conseil National de la Résistance est ainsi en passe d’être anéantie.

Le livre revient dans sa conclusion à la situation de France Télécom :

« L’affaire a finalement été réglée rapidement. La logique du marché a gagné. Elle n’a pas encore trouvé d’adversaires à sa mesure. »
Oui certes... Mais si l’on relevait le défi pour préparer la contre offensive puissante de défense du service public et de lutte contre la privatisation ... un rêve ? non ! une nécessité vitale pour les travailleurs et leurs familles.

Valière