« Haute tension
à EDF-GDF »
« à vendre »
de Dominique Decèze
Editions Jean-Claude Gawsewitch
275 pages
juillet 2005
18,50 €
LES CONSEQUENCES HUMAINES ET SOCIALES D’UNE PRIVATISATION
Au moment où les services publics sont critiqués, tancés pas uniquement par des libéraux attitrés mais aussi par des personnes qui se réclament parfois de la gauche, ce livre remet les pendules à l’heure.
Cette enquête sur les conséquences de l’ouverture au marché de l’EDF-GDF qui s’appuie à la fois sur de nombreux rapports officiels et à la fois sur des témoignages montre les conséquences pour le personnel, leur moral et leur santé d’une privatisation rampante, décidée aujourd’hui par les gouvernements successifs et mis en oeuvre.
Les gaziers et électriciens, hier fiers d’appartenir au service public, n’ont plus le moral...Aujourd’hui ils doivent, avec moins de personnel, faire plus...Les maladies professionnelles, les suicides, les démissions sont monnaie courante, résultats d’une nouvelle logique, d’un « management » tourné vers la rentabilisation....
Hier, les contacts avec le public étaient personnalisés, l’accueil constituant une fonction essentielle pour l’EDF GDF...Ce temps là est révolu, le nombre de points contacts est limité, les opérateurs téléphoniques doivent répondre vite, ce qui se fait au détriment de la qualité du service.
La vente, la recherche de nouveaux marchés, c’est la culture entreprise privée qui change les habitudes et les comportements.
« L’autre fois, en réunion, l’un de nos chefs nous parlait d’ouverture à la concurrence et du marché de l’électricité. Quand on lui a parlé de la misère et des gens qui ne pouvaient pas payer et qui venaient à l’agence, il nous a dit : « En 2007, c’est pas avec ces gens là, on n’en a rien à foutre, c’est pas eux qui vont nous faire vivre » !
Un excès de langage, un dérapage... dans la forme peut être de la part du chef mais pas sur le fond.
Ce témoignage d’un agent d’EDF-GDF rejoint celui d’usagers du service public, devenus des « clients. »
Certains médias parlent de privilèges des gaziers, électriciens, d’acquis que les agents veulent préserver...
Il ne faut pas confondre les privilèges qui n’existent pas et les acquis sociaux, fruit du combat syndical et contre partie d’un engagement social et humain fort.
Cet engagement reste très fort, ce qui explique la puissance de l’opposition à la privatisation.
Les exemples de liquidation des services publics effectuée dans d’autres pays européens comme la Grande Bretagne sont de réelles leçons de choses : la sécurité est bradée et certains services non rentables sont abandonnés.
La mission de service public est pour les « agents » de cet ex « service public » une priorité, ce qui motive d’ailleurs leur ressentiment et leur colère devant cette nouvelle logique libérale.
Beaucoup se rappellent avec émotion du printemps 2004 et des actions très populaires menées :
« ...des hôpitaux fournis gratuitement... Et des passages en tarif de nuit, des grèves de coupure pour non –paiement, des opérations de remise de courant à des foyers qui avaient été coupés, c’est l’action « Robin des Bois »
Cette oeuvre témoignage nous montre les enjeux humains et sociaux d’une liquidation de cette « ex entreprise de service public » et les dangers déjà perceptibles aujourd’hui pour la santé des gaziers-électriciens et surtout pour l’avenir plus qu’incertain du maintien d’ « une mission de service public » .
Ces évolutions sont inéluctables, à moins qu’une extension de la mobilisation avec la participation massive des citoyens de ce pays fasse avorter cette casse programmée.