« La télé cannibale »
de Michel LEMIEUX
édition « écosociété » au Québec
146 pages
janvier 2005
15,20 €
A consommer avec modération, voire s’abstenir si possible
C’est la télévision qu’il faut consommer avec modération car pour le livre, allez-y : et d’ailleurs, dès que vous l’avez commencé, il ne vous quitte plus....
Pour la remise en cause des pratiques, des habitudes, du laisser aller, il n’y a pas mieux à tel point que le livre terminé, je n’ai qu’une hâte : ne pas ouvrir ma télévision.
Le petit écran chez soi : ce sont les émissions débiles consommées ou plutôt ingurgitées par des téléspectateurs, un flot publicitaire, une vie de famille réduite à sa plus simple expression, des enfants en manque de sommeil, une santé qui se dégrade, un emploi du temps dépendant de la programmation... La télé, c’est cela et beaucoup plus.
Une personne « normale » reste 20 à 30 heures devant son poste de télé, soit 10 ans de sa vie, c’est beaucoup surtout quand une enquête sérieuse montre que plus de la moitié des spectateurs ne se rappelle plus des sujets abordés quelques minutes après le déroulé du « journal parlé »
L’auteur de ce livre a des arguments convaincants, percutants avec des illustrations incisives. Ne laissant rien au hasard, il décortique, il analyse, il dénonce avec un humour décapant.
« Le temps accordé à la télévision est du temps volé à la communication ; ouvrir un téléviseur, c’est mettre en marche un véritable disjoncteur des relations interpersonnelles. S’adonner à l’excès à la télévision enferme l’individu dans une cabine mentale où ne pénètrent que la voix et l’image du Maître. La présence des autres est annhilée. Ils flottent dans la pièce sans vraiment accrocher son attention et sans déclencher d’alchimie sociale. »
Tout dans ce livre est à l’avenant de ce passage cité, le procès est sans appel contre « ce CENTRE PERNICIEUX qui distille solitude, incommunicabilité des couples, mise en quarantaine des enfants et fragmentation des familles, la télévision doit être mise au pied du mur. »
Le sous chapitre consacré à « la télévision contre l’école » est particulièrement intéressant.
L’auteur balaye tous les clichés ou discours lénifiant sur l’utilisation pédagogique de la télé. Ce projet de « domestication » ou d’utilisation du petit écran est un fiasco...quant à cette télévision positivement éducative, « les bribes d’information à valeur pédagogique qu’un enfant peut glaner durant des heures d’absorption télévisuelle ne justifient pas ses interminables séances « d’écrasement » devant le récepteur »
Faut-il alors se débarrasser de cette drogue, de cet appareil destructeur ? L’auteur ne va pas jusque là, il propose une domestication , une maîtrise difficile et surtout une limitation drastique du nombre d’heures de consommation de ce produit dangereux...
Allez, n’hésitez pas à acquérir ce livre et à vous y plonger régulièrement, voici un antidote fort utile et plaisant même s’il bouscule.
Valière