Eminem raciste, phallocrate, sexiste, misogyne et homophobe s'offre ici un rôle carrément rédempteur, c'est clair. Or il semble que cela vienne plus du réalisateur que d'une réelle volonté de sa part de se donner une image plus positive.
Le réalisateur à propos de la scène où Eminem prend la défense de deux ouvriers, une femme et un homosexuel : " Cette scène ne coulait pas de source pour lui. Il a fallu que je lui explique pourquoi je voulais absolument la tourner : la misogynie et l'homophobie font partie de la culture hip hop - bien avant Eminem. C'était donc l'occasion de surprendre, de faite passer un autre discours dans cette culture. Pas pour la changer, non, je ne suis pas prétentieux à me point là. Mais si ça pouvait pousser certains à réfléchir différemment... Et Eminem l'a bien compris. "
Voyons maintenant les méthodes...
Et c'est là que le film est habile : il ne présente plus le mec Noir viril, musclé, violent avec grosses bagnole et bijoux en or, (il n'insulte même pas sa copine qu'il surprend en train de baiser avec un autre ! !) mais un p'tit prolo Blanc qui vit dans un misérable quartier, qui bosse dur (vous remarquerez le " merci " au contremaître quand il est autorisé à faire des heures sup), qui protège sa petite s½ur et qui condamne sa " mauvaise mère ". Bref, je trouve que c'est un tour de force :
- il défend un homo mais quand il rappe traite ses ennemis de pédales et autres fiottes ;
- il défend un femme, mais traite ses ennemis de salopes et fait la morale à sa mère ;
- et le plus impressionnant c'est que c'est le Blanc l'idole des Noirs (voir les plans en contre-plongée de la foule l'acclamant) qui gagne sa " battle " (duel verbal) en ridiculisant un Noir à cause de ses origines sociales (petit bourgeois Noir éduqué dans une école privé contre Blanc prolo). L'intérêt du film réside dans cette démonstration : si pour gagner sa battle, Eminem s'appuie sur un problème de milieux sociaux (ne parlons pas de classes, le Noir en question n'a rien d'un suppôt de la bourgeoisie !) et non de race, c'est avant tout utilisé par le réalisateur pour glorifier le modèle américain du self-made-man.
Sinon, petites phrases démagos assez sympas telles que " Fuck the Free World " (nom du groupe rival).
Bref dans la misère, pour les Noirs comme pour les Blancs, l'ordre règne.
