... la profession de foi LO pour les législatives 1973, alors qu'internet n'existait pas :
Elections Législatives du 4 mars 1973
Pourquoi des candidatures LUTTE OUVRIERE
Les candidats de Lutte Ouvrière sont des candidats révolutionnaires. Les révolutionnaires, vous en avez entendu parler, mais vous les connaissez mal : la radio, la presse, la télévision, les grands partis, tous s'unissent pour défigurer leur image, déformer leurs propos. Par exemple on dit que les révolutionnaires sont des étudiants.
La vérité est que Lutte Ouvrière présente 171 candidats, tous travailleurs, dont plus de femmes travailleuses que n'importe quelle autre organisation.
Eh bien les révolutionnaires sont tout simplement pour le progrès, mais pour le progrès social, c'est-à-dire celui qui profite à tous.
Parce que tous ces gens puissants qui parlent de progrès, ne souhaitent le progrès technique, le progrès économique que dans la mesure où ces progrès contribuent à améliorer leur fortune.
Mais dès lors que le progrès doit être social — c'est-à-dire profiter à la grande masse de la population, et en premier lieu à ceux qui travaillent — alors là, la marche en avant, le progrès, la révolution leur font peur et tous les moyens sont bons pour les combattre.
Aujourd'hui, ceux qui sont au pouvoir représentent le Capital, ils représentent les plus riches. A ce titre, ils peuvent être contents d'eux. Les affaires des capitalistes ne marchent pas trop mal, surtout grâce aux subventions, de l'Etat sous forme de commandes, de dégrèvements fiscaux, d'aide en techniciens, en études, voire en subventions directes.
Et l'argent fourni gracieusement aux capitalistes sous de multiples formes, c'est dans la poche des contribuables que l'Etat le prend. Ce sont nos impôts, pris directement sur notre salaire, ou indirectement sur tout ce que nous achetons en tant que consommateurs, qui aident les plus puissants à devenir encore plus riches.
Le rôle de l'Etat, ce serait de financer les services publics qui servent à tout le monde : l'Education nationale, la Santé publique, les transports en commun. Or, ces services publics, l'Etat les laisse dans le plus grand dénuement, et quand nous avons à nous en servir, nous devons encore payer le prix fort. Par contre, l'Etat subventionne et aide les capitalistes à qui il devrait au contraire faire payer des impôts pour financer les services publics.
Mais cela ne suffit pas. L'Etat dépense des sommes énormes à l'entretien d'une armée, d'une police, d'une administration, dont le seul but est de tromper les travailleurs, de les maintenir dans l'ignorance de son gaspillage et de sa gabegie, et de réprimer toute tentative de faire connaître la vérité et de s'opposer à sa politique.
Les travailleurs en ont assez de ce gouvernement qui arrose copieusement les plus riches, qui entretient les scandales en même temps qu'il refuse les plus légitimes revendications de ceux qui travaillent. Ils en ont assez de ce gouvernement qui organise la vie chère et a le culot de porter à son actif les quelques améliorations que, ici ou là, les travailleurs ont su imposer par la lutte.
C'est pourquoi, malgré les appels lancés plusieurs fois par jour à la radio ou à la télévision, par l'un ou l'autre des membres du gouvernement, les travailleurs refusent de voter pour l'UDR et ses complices.
Alors ils se tournent vers la Gauche.
Mais le programme de la Gauche est-il satisfaisant pour les travailleurs ? Il est en réalité bien mince ! Mais ce n'est pas cela qui importerait s'il devait permettre de battre l'équipe au pouvoir et surtout marquer le début d'un changement de politique.
Or qui sont ces hommes politiques qui nous proposent le Programme Commun ?
— LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, qui nous a montré en 1945 comment il était capable de nous faire « retrousser nos manches », ce dont seuls les industriels ont profité, et qui est prêt à recommencer, puisque, dès maintenant, il affirme que les travailleurs travailleraient avec plus d'ardeur sous la direction d'un gouvernement
« d'union populaire ».
— LE PARTI SOCIALISTE, qui s'est compromis dans de nombreux gouvernements de la Quatrième, et même de la Cinquième République, puisque c'est Guy Mollet qui est allé chercher De Gaulle en 1958 et fut un temps un de ses ministres.
— MITTERRAND, « socialiste » de la dernière heure, qui fut souvent ministre de la Quatrième République, et pour qui « la seule négociation possible » avec le peuple algérien c'était « la guerre ».
— LES RADICAUX « DE GAUCHE », bourgeois ou banquiers en quête de portefeuilles ministériels, l'UDR n'ayant pas assez de places pour tous.
Au contraire de ces politiciens, les candidats de LUTTE OUVRIERE ne vous promettent pas de changer la vie par un bulletin de vote.
Mais ils vous demandent d'utiliser votre bulletin de vote pour marquer sans réserve votre hostilité au pouvoir actuel, à l'U.D.R. et à ses sbires.
Mais ils vous demandent d'utiliser votre bulletin de vote pour marquer en même temps votre méfiance aux candidats de l'Union de la Gauche.
Ils vous demandent de voter au premier tour pour le candidat révolutionnaire, de voter pour le candidat de LUTTE OUVRIERE.
Car, en votant pour ce candidat révolutionnaire, vous avez le moyen de vous faire entendre comme aucun autre vote ne peut vous le permettre.
VOTER LUTTE OUVRIERE, C'EST LA SEULE FAÇON DE VOTER UTILE,
de dire NON à Pompidou, sans donner carte blanche à Mitterrand.
Quelques pour cent de voix au premier tour pour les révolutionnaires, cela aura plus de résonance que n'importe quel autre vote.
VOTEZ LUTTE OUVRIERE
POUR FAIRE DE VOTRE BULLETIN DE VOTE UN AVERTISSEMENT
— AVERTISSEMENT A MITTERRAND, d'abord, pour lui dire que, si les travailleurs le portent au pouvoir par leur vote du deuxième tour, ils ne lui permettront pas de renier ses promesses, et qu'ils sont prêts à lui imposer, s'il le faut, ne serait-ce que les revendications du Programme Commun.
— AVERTISSEMENT A MARCHAIS, ensuite, pour lui dire que le PCF ne pourra pas se contenter de venir expliquer après coup, comme en 1956 : « Nous avons été trahis. Il nous faut attendre les prochaines élections. »
— AVERTISSEMENT A POMPIDOU, aussi, au cas où l'UDR l'emporterait, pour lui dire qu'il y a dans le pays un nombre important de travailleurs qui ne sont pas résignés, qui ne sont pas disposés à renoncer à leurs revendications, et qu'il lui faudra compter avec leur détermination et leur volonté de lutte.
ET PLUS LE NOMBRE DE VOIX QUI SE PORTERA AU PREMIER TOUR SUR LES
CANDIDATS REVOLUTIONNAIRES SERA IMPORTANT, ET PLUS L'AVERTISSEMENT
SERA ENTENDU,
plus il comptera, aussi bien en cas de victoire de l'Union de la Gauche qu'en cas de victoire de l'actuelle majorité.
TRAVAILLEUSES, TRAVAILLEURS,
Vous avez, pour la première fois, l'occasion de voter vraiment utile :
— Pour dire NON à Pompidou ;
— Pour prévenir Mitterrand que vous vous souvenez de son passé ;
— Pour dire à tous que vous saurez exiger par la suite les revendications qui vous tiennent à cœur et que les urnes ne vous apporteraient pas.
VOTEZ LUTTE OUVRIÈRE.
FAITES DU PREMIER TOUR UN AVERTISSEMENT :
— AUX POSSÉDANTS
— AUX POLITICIENS À LEUR SERVICE
— ET À CEUX QUI RÊVENT D'Y ÊTRE.