Comment répondre a l'argument de la concurrence des pays "emmergent" pour justifier la precarité? (Surtout que ceux qu'utilise cet argument n'ont souvent jamais été confronter a cette précarité) :altharion:
a écrit :Quant à parler, comme le font certains, du « partenariat » de fait États-Unis/Chine qui serait l'élément moteur de l'économie mondiale, c'est une escroquerie. Comme c'est une escroquerie de prétendre que la croissance de l'économie chinoise représenterait une menace pour les pays impérialistes développés, en particulier pour les États-Unis. Les liens économiques entre les États-Unis et la Chine ne sont pas des liens égalitaires, mais des liens de pays impérialiste à pays sous-développé. Les fameuses exportations chinoises qui seraient si menaçantes pour les industries des pays développés sont pour les trois quarts le fait d'entreprises étrangères implantées en Chine ou directement associées en joint-ventures à des entreprises chinoises. La Chine a été, en 2004, au deuxième rang des pays destinataires des flux de capitaux étrangers, dans les cinq premiers par le montant total du stock de ces capitaux. La part de ces capitaux qui n'est pas simplement placée mais investie en création d'entreprises nouvelles, venant principalement du Japon, de Taïwan ou de la diaspora de la bourgeoisie chinoise en Asie du sud-est, domine largement les secteurs les plus modernes de l'industrie chinoise (électronique, électroménager, assemblage) et ses exportations.
La majeure partie du commerce extérieur chinois se fait, aussi bien à l'importation qu'à l'exportation, avec les pays plus industriels de l'Est asiatique. Une bonne partie de ces échanges-là sont des mouvements à l'intérieur de mêmes groupes industriels pour lesquels la Chine n'est qu'un lieu d'assemblage, une étape dans un processus de production dont la maîtrise -et les profits- se trouvent à l'extérieur de la Chine et qui n'est que partiellement destiné au marché chinois.
En échangeant ses marchandises à très bon marché, grâce aux salaires extrêmement bas de ses travailleurs, la Chine échange beaucoup de travail humain contre moins de travail humain, pour le plus grand profit du grand capital étranger. Ce qui est le mécanisme même du processus du sous-développement. Les principaux bénéficiaires de l'exploitation des ouvriers chinois sont, d'une part, ces grandes entreprises étrangères dont dépend l'industrie chinoise de l'assemblage. Aux États-Unis et en Europe, dont les importations proviennent surtout des secteurs traditionnels de l'économie chinoise (textile, habillement, chaussure, etc.), l'exploitation des ouvriers chinois profite d'autre part aux mastodontes de la distribution: les chaînes des hypermarchés américains, avec, en tête, Wal-Mart, une des plus puissantes entreprises américaines avec un chiffre d'affaires supérieur au Produit Intérieur de la Grèce ou de la Finlande, ou, en France, Carrefour, première entreprise de distribution en Europe. Ces trusts qui s'approvisionnent en Chine profitent des bas salaires de là-bas non pas pour abaisser les prix pour les consommateurs en Amérique ou en Europe, mais pour augmenter leurs marges de bénéfices.
De plus, les échanges à l'intérieur du « couple » États-Unis/Chine ne sont que partiellement des échanges car les États-Unis paient leurs importations en provenance de Chine par des dollars déposés aux États-Unis en partie par la Chine elle-même. Il s'agit d'un transfert de valeurs d'un grand pays sous-développé vers la principale puissance impérialiste. Si, dans le passé et contrairement aux affirmations des dirigeants maoïstes, il n'y avait pas de salut pour la Chine dans une économie fonctionnant en quasi-autarcie, l'ouverture engagée depuis une vingtaine d'années vers le marché capitaliste mondial est en train de tisser et de serrer le nœud coulant autour des classes laborieuses chinoises. Ce qui n'empêche pas, soit dit en passant, « nos » capitalistes d'ici d'évoquer la menace des marchandises chinoises pour réduire les salaires et licencier les travailleurs d'ici.
Comme le dit la dernière phrase, cet argument est un prétexte.