a écrit :L’escroquerie du "Made in France"
Depuis quelques jours, on n’entend plus parler que de « made in France » ; il faudrait « produire et consommer français ». C’est de la surenchère nationaliste stupide, mais c’est la démagogie électorale à la mode.
Chacun pousse son petit cocorico, de Marine Le Pen à Montebourg en passant par Bayrou, Sarkozy et Hollande avec son « patriotisme industriel ». C’est parfaitement ridicule : tous ces démagogues font semblant d’oublier que tout ce qui est produit, chaque objet fabriqué, l’est avec des matériaux, des technologies et des pièces qui viennent des quatre coins du monde.
Il n’y a pas de « produit industriel français », même pas le fromage, car toutes les vaches sont nourries aux tourteaux de soja importés, soignées avec des vaccins mis au point et produits dans le monde entier, si tant est que ledit fromage n’est pas fabriqué avec de la poudre de lait importée de Hollande ! Et c’est sans parler des machines, des ordinateurs ultramodernes des laiteries. C’est sans parler des moyens de transports indispensables qui sont tous des produits de l’économie mondiale.
Limiter les échanges entre les pays ferait revenir l’économie des années – si ce n’est des siècles – en arrière. Alors, ces discours protectionnistes n’ont aucun sens, sur le fond, mais ils font partie du concert de mensonges destinés à nous faire oublier qui sont les responsables de la crise, les banquiers, les spéculateurs de tout poil et les industriels qui font peser sur les travailleurs tout le poids de la crise.
Les mêmes qui nous parlent du « made in France » ou de la nécessité de réindustrialiser le pays ne trouvent rien à redire aux suppressions d’emplois. Ils n’ont rien contre les licenciements. Ils ne s’opposent jamais aux fermetures d’entreprise. Mais c’est par là qu’il faudrait commencer !
S’ils se copient les uns et les autres, de l’extrême droite à la gauche, c’est que ni les uns ni les autres ne veulent mettre en cause le système économique capitaliste, sa course échevelée au profit privé, et ne veulent surtout pas s’en prendre à ses bénéficiaires, les banquiers et les grands groupes capitalistes. Alors ils agitent, à l’intention des travailleurs d’ici, l’épouvantail des travailleurs chinois ou des produits coréens. Ils disent n’importe quoi, avec la préoccupation, explicite ou implicite, de rejeter sur d’autres pays la responsabilité d’une crise dont tous les pays sont frappés.
Le chauvinisme « économique » a surtout pour objet de nous détourner des vrais responsables.
Le grand capital n’a pas plus de patrie que l’argent n’a d’odeur ! Les travailleurs n’ont pas à marcher dans ces sornettes, ni se laisser détourner par des chiffons que les dirigeants agitent.
S’il s’agit de dénoncer les licenciements et les fermetures d’entreprises, il faut dénoncer les responsables directs, les licencieurs, les capitalistes eux-mêmes qui suppriment des emplois pour accroître leurs profits.
Il n’y a pas à montrer du doigt les travailleurs à l’autre bout du monde qui sont nos frères. Non, ce ne sont pas des travailleurs chinois, indiens ou autres qu’il faut nous protéger, c’est des capitalistes, de leur rapacité, de leur dictature !
Blog de Nathalie Arthaud . 18 décembre 2011