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Message Publié : 15 Nov 2011, 10:05
par Bertrand
Edito LO du 15 novembre


a écrit :Avec ou sans décorum parlementaire, le règne du grand capital

À peine le deuxième plan d’austérité de Fillon est-il annoncé que des informations distillées d’en haut font état de la préparation d’un troisième plan ! À ce qu’il paraît, les marchés financiers, c’est-à-dire les grandes banques et, derrière elles, le grand patronat ont trouvé le plan d’austérité Fillon pas assez dur. Il serait question, pêle-mêle, d’une nouvelle augmentation de la TVA, de l’instauration d’un délai de carence pour le paiement des arrêts maladie des salariés de la fonction publique, de l’augmentation de la CSG pour les retraités.

Après avoir enfoncé dans la misère les classes populaires grecques, espagnoles et portugaises, la spéculation se déchaîne contre l’Italie et commence à loucher vers la France. Partout, la dette faite pour aider les banquiers et la classe capitaliste sert de prétexte pour faire reculer les salaires et les retraites, pour rendre plus difficile encore la vie des chômeurs, pour revenir sur les quelques protections sociales accordées aux salariés dans le passé.

Les prêts aux gouvernements et la spéculation sur la dette des États constituent un des principaux moyens de placements profitables pour les grands capitaux en cette période de crise où leurs possesseurs se méfient de l’avenir et refusent d’investir dans la production. Mais c’est aussi une arme dont se servent les possédants pour racketter les classes laborieuses.

Les capitalistes et leurs serviteurs politiques savent que les plans d’austérité, en vidant encore plus les poches de la majorité de la population, diminuent encore plus sa capacité de consommation et aggravent la crise. Ils le savent et pourtant ils le font quand même. « Après nous, le déluge » : derrière les marionnettes, impuissantes, à la tête des États, c’est toute la classe dominante, qui témoigne de son irresponsabilité non seulement à l’égard de la société mais même à l’égard de sa propre économie.

Les soubresauts des « marchés financiers », c’est-à-dire la volonté de la grande bourgeoisie, ont fait tomber Berlusconi en Italie, comme est tombé le gouvernement du « socialiste » Papandréou en Grèce. À leur place, on a désigné directement des banquiers. En Grèce, un homme qui a été vice-président de la Banque centrale européenne. En Italie, un homme qui a été un des principaux représentants en Europe de la banque Goldman Sachs, surnommée à juste raison « la pieuvre », une des principales responsables des deux crises financières, celle de 2008 et celle de 2011.

La substitution de financiers aux dirigeants politiques élus fait pousser des hauts cris à une partie de la gauche réformiste qui parle d’un déni de démocratie. Oui, la dictature du capital financier apparaît là sans fard ! Mais rappelons que Papandréou, bel et bien élu et, de plus, prétendument socialiste, a été tout aussi servile vis-à-vis du capital financier que Berlusconi, ou que le seront les banquiers arrivés au pouvoir dans les deux pays.

Aussi serviles que l’est Sarkozy aujourd’hui ou que le sera aussi Hollande, s’il est élu, car même encore dans l’opposition, il reprend à son compte la politique de rigueur et répète que le remboursement de la dette est une obligation.

Alors, sachons-le : quelle que soit l’étiquette du gouvernement, il sera au service du grand patronat et des banquiers. Nous n’avons rien à attendre d’un changement à la tête de l’État. Pour protéger nos emplois et le pouvoir d’achat de nos salaires, nous ne pouvons compter que sur notre propre force, et rien d’autre. Cette force, en réalité, nous l’avons car toute la richesse sociale, y compris les sommes extravagantes qui partent dans la spéculation résulte de notre travail et de notre exploitation.

Nous aurons à mettre en marche notre force collective, notre capacité à peser par les grèves et les manifestations sur la classe possédante et ses larbins politiques, même si la majorité de notre classe sociale n’est pas encore convaincue de cette nécessité. Si nous ne voulons pas être poussés vers la soupe populaire, nous aurons à imposer l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire afin de préserver notre emploi. Nous aurons à imposer l’augmentation conséquente des salaires et des pensions de retraite et la protection de leur pouvoir d’achat par l’indexation sur les hausses de prix.

Et, bien au-delà de ces deux exigences vitales immédiates, nous, les travailleurs, nous sommes les seuls en situation de contester le règne de la finance sur le monde. La grande bourgeoisie mène la société à la ruine. Lui ôter sa mainmise sur les usines, les banques, sur les richesses et les moyens de les produire, est le seul avenir vivable.



Message Publié : 16 Nov 2011, 09:54
par jeug
Super edito.

Mais je suis toujours gêné aux entournures quand on parle de "l'irresponsabilité" des capitalistes.
Quelqu'un de pas très initié peut nous classer parmi ceux qui reprochent aux dirigeants de n'être pas responsables.
Je sais que ce n'est pas ce qu'on veut dire (Responsables devant qui ? Devant leur classe ? Ca n'est pas notre problème. Devant la notre ? Ce n'est pas LEUR problème) mais ça peut le laisser penser.

Mieux vaut dire, si l'on tient à évoquer cette idée, que leurs décisions même précipitent le déclin de leur économie, ou quelque chose comme ça, que de parler de responsabilités.

Edit : Sinon, ça fait trop penser à ces directions syndicales qui traitent (aussi) les politiciens d'irresponsables et leur donnent des leçons de stratégie industrielle.

Message Publié : 16 Nov 2011, 10:59
par com_71
(jeug @ mercredi 16 novembre 2011 à 09:54 a écrit :
Je sais que ce n'est pas ce qu'on veut dire (Responsables devant qui ? Devant leur classe ? Ca n'est pas notre problème. Devant la notre ? Ce n'est pas LEUR problème) mais ça peut le laisser penser.

Mais là, justement, on précise dans le membre de phrase suivant :
a écrit :c’est toute la classe dominante, qui témoigne de son irresponsabilité non seulement à l’égard de la société mais même à l’égard de sa propre économie.


D'où te viens cette grave allergie à l'évocation même de "responsabilités" ? :roll: :roll:

Message Publié : 17 Nov 2011, 12:43
par jeug
Eh ! :roll:

C'est le prolétariat qui a désormais vocation a diriger l'humanité.
Donc, si quelqu'un manque à ses responsabilités, ça n'est pas la bourgeoisie.

Message Publié : 17 Nov 2011, 14:23
par Ottokar
je ne comprends pas ce qui choque. Ils savent bien que leur comportement scie la branche sur laquelle ils sont assis, mais ils le font quand même. On peut dire tant mieux ? Même pas, car ils nous entraînent et entraînent toute la société avec eux. Qu'y a-t-il de choquant à le dire ? En quoi ce simple constat est-il comparable avec le fait de donner des conseils de politique industrielle dans une entreprise ?

Message Publié : 17 Nov 2011, 16:40
par jeug
Ben je sais pas moi mais il ne me viendrait pas à l'idée de reprocher l'irresponsabilioté de quelqu'un à qui je n'ai justement jamais confié la responsabilité. Surtout si, au contraire, je la lui conteste.
Alors, j'ai bien compris qu'ici, dans ce texte, il ne s'agit pas de ça. Mais je répète que ça peut être mal interprêté par quelqu'un qui n'est pas initié à la nuance.

Message Publié : 17 Nov 2011, 21:30
par quijote
moi , je pense qu 'on met d'avantage l 'accent sur le système quand on parle d'"irresponsabilité" plus que sur les individus qui en profitent et qui le composent encore que ces derniers ont aussi leur part puisqu'il y a eu dans le passé des gens issus de la classe dominante qui s'en sont détaché et qui , parce qu'ils étaient "au parfum" ont dénoncé et analysé cette aberration qu'est le système .. aberration , irresponsabilité , c'est quasiment synonyme .Leur "irresponsabilité " c''est l'irresponsabilité d'un système qu 'ils défendent bec et ongle .

Message Publié : 17 Nov 2011, 23:54
par redspirit
(Ottokar @ jeudi 17 novembre 2011 à 14:23 a écrit : je ne comprends pas ce qui choque. Ils savent bien que leur comportement scie la branche sur laquelle ils sont assis, mais ils le font quand même. On peut dire tant mieux ? Même pas, car ils nous entraînent et entraînent toute la société avec eux. Qu'y a-t-il de choquant à le dire ? En quoi ce simple constat est-il comparable avec le fait de donner des conseils de politique industrielle dans une entreprise ?

Je crois comprendre ce qui gène jeug, et je pense partager ce qu'il pense.

Les gouvernements et les marchés financiers ne sont pas irresponsables : ils savent parfaitement ce qu'ils font. Et ils ne sont pas entrain se scier la branche sur laquelle ils sont assis ; bien au contraire : ils la taillent à la convenance de leur ligne politique. Et leur ligne politique n'est un mystère pour personne ici : la dictature du capital sur le prolétariat. Ils cherchent à maximiser les intérêts des détenteurs de capitaux, et c'est par cet intérêt bien compris, contre celui des travailleurs, que s'expliquent les politiques de rigueur et le pouvoir laissé aux marchés financiers.

Message Publié : 18 Nov 2011, 06:59
par Ottokar
(redspirit @ jeudi 17 novembre 2011 à 22:54 a écrit : Les gouvernements et les marchés financiers ne sont pas irresponsables : ils savent parfaitement ce qu'ils font.

pas toujours justement. Ils ne comprennent pas forcément les lois de l'économie qu'ils dirigent, car ils ont des oeillères, aveuglés par leur foi dans le marché, la libre concurrence, etc. Et même ceux qui comprennent n'y peuvent pas toujours grand chose. Les patrons européens sont pour l'euro, ils ont organisé leur production de cette façon, ils ne veulent plus se casser la tête avec 10 ou 20 monnaies différentes, voir leurs coûts augmenter ou baisser suite aux spéculations financières, voir leurs ventes être affectées par cela. Mais les mêmes placent leurs liquidités... sur le marché des capitaux, renforçant la spéculation, et risquant de faire éclater la même zone euro !

Ils publient des tribunes POUR la zone euro, et spéculent CONTRE la zone euro... va comprendre Charles ! Des irresponsables, prêts à vendre la corde qui les pendra, selon la formule de Lénine.

Message Publié : 20 Nov 2011, 13:50
par logan
a écrit :redspirit : Les gouvernements et les marchés financiers ne sont pas irresponsables : ils savent parfaitement ce qu'ils font.

ottokar répond : pas toujours justement. Ils ne comprennent pas forcément les lois de l'économie qu'ils dirigent, car ils ont des oeillères, aveuglés par leur foi dans le marché, la libre concurrence, etc.



Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Ils sont surtout aveuglés par leurs liens avec le grand capital de leur pays, dont l'adoration du marché n'est que la conséquence idéologique.

Mais ils n'adorent pas tant que cela la libre concurrence : Voyez un peu le nombre d'avertissements et d'amendes lancées par l'union européenne contre les divers gouvernements français pour non respect de la libre concurrence au sein de l'union. Car justement, les gouvernements français défendent avant tout les grands capitaux français, quitte à s'assoir sur les grands principes de libre concurrence défendus par l'union européenne

Systématiquement, le gouvernement français défend le grand capital français. C'est le point de départ de toutes les décisions politiques dans ce pays.

Dans ce sens Lo résume tout en une phrase :
a écrit :quelle que soit l’étiquette du gouvernement, il sera au service du grand patronat et des banquiers.Nous n’avons rien à attendre d’un changement à la tête de l’État. Pour protéger nos emplois et le pouvoir d’achat de nos salaires, nous ne pouvons compter que sur notre propre force, et rien d’autre.