Chat du Monde, Nathalie répond

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par pelon » 04 Juin 2009, 20:48

a écrit :
Nathalie Arthaud (LO) : "Il ne suffira pas de se débarrasser de Sarkozy pour stopper les licenciements"
LEMONDE.FR | 04.06.09 |

Dans un "chat" au Monde.fr, la tête de liste de Lutte ouvrière dans le Sud-Est estime que "ce scrutin ne changera pas le sort des classes populaires" mais qu'il est une occasion de "dire la colère contre la politique du gouvernement et des grands groupes".

chris: Pourquoi présenter des listes et dire en même temps que ce scrutin n'a pas d'intérêt ?

Nathalie Arthaud : Ce que nous disons, c'est que ce scrutin n'est pas important dans le sens où il ne changera pas le sort des classes populaires. Mais c'est l'occasion de s'exprimer, de dire notre colère contre la politique à la fois du gouvernement et des grands groupes, qui font payer la crise aux salariés pour sauver les dividendes des actionnaires.

On ne demande pas très souvent son avis à la population, alors, quand on peut s'exprimer, il faut le faire le plus clairement possible, et c'est en ce sens que nous espérons que le maximum d'électeurs se porteront sur nos listes.

Fred: Les sondages vous donnent très très bas. Cela vous inquiète-t-il ?

Nathalie Arthaud : Nous savons que nous sommes un courant minoritaire. Autant nous sommes convaincus de nos idées, autant nous sommes conscients qu'elles sont à contre-courant. Même si un grand nombre de gens partagent cette idée qu'il faudrait faire payer la crise aux capitalistes et prendre sur leurs profits, beaucoup ne pensent pas que nous pourrons y arriver. Et si nous pesons pour 2 % dans ces élections, c'est vrai que c'est peu dans les urnes, mais cela reflète quand même plusieurs centaines de milliers d'électeurs qui sont eux-mêmes entourés, dans leurs entreprises, par d'autres salariés, et si des luttes se déclenchent dans ces entreprises et qu'ils partagent avec nous l'idée qu'il faut imposer un contrôle sur les comptes des entreprises, sur les décisions, eh bien ils auront beaucoup de poids.

Marie-T. : La multiplication des listes de ce que l'on appelle "la gauche de la gauche" ne conduit-elle pas à réduire la portée de ses discours ?
Ludo69140 : De manière globale, sur quoi divergent vos opinions en ce qui concerne l'Europe pour refuser une alliance avec le NPA, voire le Front de Gauche ?


Nathalie Arthaud : Sur la première question, dans les élections, ce qu'on peut faire de mieux, c'est de s'exprimer. Et en particulier dans ces élections au Parlement européen, l'enjeu, vraiment, c'est d'afficher ses convictions. Alors autant que tous les courants politiques le fassent dans leur diversité et chacun avec leur sensibilité. C'est pourquoi nous avons préféré présenter des listes LO plutôt que de nous présenter avec le NPA. Il est certain que nous défendons certaines idées en commun. Par exemple l'interdiction des licenciements. Mais nous ne faisons pas la même campagne.

Nous avons, nous, choisi d'orienter toute notre campagne sur les exigences qui nous paraissent vitales pour les travailleurs, de la centrer sur des objectifs, comme le contrôle par la population des entreprises, qui nous paraissent indispensables à populariser pour qu'ils soient repris dans les luttes de demain.

Dans certaines circonscriptions, la campagne du NPA ressemble à la nôtre, mais dans d'autres, beaucoup moins. C'est le cas dans celle où je suis tête de liste, dans le Sud-Est, car la liste du NPA étant conduite par un altermondialiste, il met l'accent sur une dénonciation des politiques libérales et il s'arrête là. Moi, j'insiste sur la dictature des financiers et sur les nécessaires luttes à mener pour arracher à ces grands groupes leur domination sur la vie économique.

Sur le Front de gauche, ce qui nous sépare est beaucoup plus important. Le Front de gauche est porté par deux anciens ministres, je ne les ai pas entendus dire qu'ils regrettaient d'avoir gouverné avec Lionel Jospin. Et j'observe que dans cette campagne, ils se préparent, une fois de plus, à construire une nouvelle union de la gauche. Ils dénoncent les politiques libérales en laissant croire que d'autres politiques plus sociales sont possibles sans remettre en cause la domination capitaliste.

Nous pensons, nous, qu'il ne suffira pas de se débarrasser de Sarkozy pour stopper les licenciements, pour que les entreprises augmentent les salaires, et pour que l'on prenne sur les profits pour payer les retraites, la Sécurité sociale.

Jacques: Que pensez-vous de la "percée" du Front de gauche ?

Nathalie Arthaud : Je ne sais pas ce qu'il en sera pour le vrai scrutin. Je sais que les analystes et les commentateurs politiques passent leur temps à commenter des variations de quelques dixièmes dans les sondages. Ce n'est pas mon truc.

Laurent: En répétant que "les classes populaires n'attendent rien de ce scrutin" n'entretenez-vous pas le désintérêt pour l'Europe ?

Nathalie Arthaud : Je crois que c'est à force de mentir que les partis gouvernementaux détournent les gens de la politique. C'est en leur faisant croire qu'il suffira de voter, et a fortiori pour un Parlement qui ne peut rien décider tout seul, pour changer les choses. Ce n'est pas vrai. Aucun Parlement, aucune élection n'ont permis aux classes populaires d'obtenir les grandes avancées sociales. Aujourd'hui, quand on parle du Front populaire, on veut nous faire croire que ce sont les élections et l'union des partis de gauche qui ont débouché sur les congés payés et les droits sociaux, mais c'est un mensonge. C'est la grève générale qui a mobilisé plusieurs millions de salariés qui a forcé le patronat à ces concessions.

Michel: Le PCF a déposé un projet de loi pour interdire les licenciements dans les sociétés qui font du profit ; cette proposition rejoint celle du Parti ouvrier indépendant, qui discute actuellement avec le NPA, le PG, le PS et le PCF d'organiser une Marche unie sur Paris pour l'interdiction des licenciements. Y êtes-vous favorable ?

Nathalie Arthaud : Cette revendication est une revendication qu'Arlette Laguiller avait portée lors de la présidentielle de 1995. Elle était à ce moment-là la seule à parler de l'interdiction des licenciements. Aujourd'hui, cette idée a fait son chemin et elle est reprise par différents partis politiques. Nous nous en réjouissons. Chacun de ces partis organise sa propagande autour de ce mot d'ordre. Nous espérons que cela permettra de le populariser plus fortement. Maintenant, il n'y a pas de recette miracle, et pour faire que cette revendication s'impose, il faudra une lutte puissante telle que celle de Mai-68 ou de mai-juin 1936.

Dingo: L'Europe peut-elle faire quelque chose pour les emplois en France ?

Nathalie Arthaud : Eh bien non, je ne crois pas. Là encore, nous comptons bien plus sur la force des salariés, sur leur capacité de se battre dans chaque entreprise pour empêcher des licenciements, ou pour obliger à des embauches. Et en ce qui concerne les emplois publics, il faut aussi combattre ici la politique du gouvernement, qui prévoit chaque année la suppression de 35 000 emplois dans la fonction publique. Mais ceux qui décident des emplois, c'est bel et bien cette minorité de grands actionnaires qui dominent les grands groupes et pour qui l'objectif est toujours de revoir à la baisse les effectifs, puisque c'est ainsi qu'ils peuvent obtenir plus de profits. Les décideurs sont les capitalistes et puisque les partis politiques gouvernementaux les laissent faire, il ne faut compter que sur nous-mêmes pour défendre l'emploi.

Luc: Peut-on vraiment augmenter de 300 euros les salaires et les retraites et les minima sociaux ? Dans la mesure où il y a en France 45 millions de salariés, de retraités ou de personnes qui touchent des minima sociaux...

Nathalie Arthaud : Oui, nous pensons que dans la société il y a beaucoup de richesses. Cette année encore, en pleine crise, les groupes du CAC 40 ont distribué 35 milliards de dividendes aux actionnaires. C'est sans compter ce qui a été accumulé pendant des années dans ces mêmes poches. Alors nous demandons la possibilité de connaître, justement, où passent toutes les richesses créées. Où va l'argent gagné par les entreprises ? Combien est versé en salaires, combien en profits, combien va à la spéculation ? Combien va dans la poche des banques ? Et on verrait qu'il y a l'argent pour embaucher et pour augmenter les salaires, les retraites et les minima sociaux, à condition bien sûr de faire le choix de le mettre là, et non pas dans les dividendes.

AlterEgo: Comment expliquer que les mobilisations de cet hiver et de ce printemps ne permettent pas de réduire l'abstention qu'on nous annonce ?

Nathalie Arthaud : Les manifestants pensent sans doute qu'il est plus utile de manifester et de construire un rapport de force dans la rue que d'aller voter. Les classes populaires ne semblent rien attendre du Parlement européen. Et c'est vrai que ce n'est pas le Parlement européen qui va interdire les licenciements, ou décréter la fin des suppressions d'emplois, par exemple dans l'éducation et dans les hôpitaux. Et je pense que dans l'abstention il y aura sans doute aussi beaucoup de colère. Mais le problème, c'est qu'en s'abstenant, le message est moins clair et nous appelons, nous, tous ceux qui souhaitent dénoncer une organisation économique inégalitaire, injuste et absurde à le faire en votant pour les listes Lutte ouvrière.

Nicolas: Pensez-vous que l'action la plus efficace est le vote ou le mouvement social ?

Nathalie Arthaud : Bien sûr que c'est le mouvement social. Mais nous avons, au travers de ces élections, la possibilité de défendre des objectifs, de les faire partager, de les faire connaître. Et ces objectifs, comme la nécessité de lever le secret bancaire et commercial, seront précieux pour les luttes de demain. Car s'il y a des luttes puissantes, il ne faut pas qu'elles soient conduites dans des impasses, et si des millions de travailleurs sont prêts à faire des sacrifices importants dans une grève longue, il faut qu'ils se battent pour des objectifs qui changent vraiment le rapport de force entre les salariés et le patronat. Se battre seulement pour une augmentation de salaire sans imposer le droit à chaque employé de dire ce qu'il connaît de ce qui se passe dans l'entreprise, de le faire savoir largement, c'est-à-dire de mettre la direction de l'entreprise sous le contrôle direct des salariés et de la population, serait insuffisant. C'est pourquoi ces élections nous permettent de porter ces exigences, qui n'ont rien d'un programme électoral mais qui sont des exigences pour les luttes de demain.

DENIS39 : Ne pensez-vous pas que sans alliance le pouvoir est imprenable ?

Nathalie Arthaud : Nous ne postulons pas au "pouvoir" dans le cadre du système capitaliste. Tous les partis qui prétendent gouverner dans le cadre du marché, de la concurrence, de la loi du profit, sont prêts à gouverner au service des puissances économiques. Qu'ils soient de droite ou qu'ils soient de gauche, ils finissent tous par mener la politique que la minorité capitaliste veut. Prenons le cas du gouvernement Jospin. Il suffisait qu'un grand groupe menace de fermer ou de délocaliser si une loi favorable aux travailleurs était prise pour qu'il renonce. Pour nous, le véritable pouvoir pourra changer de main au travers d'une révolution, c'est-à-dire si l'ensemble de la population, des travailleurs, décident de prendre eux-mêmes en main la direction de l'économie en l'arrachant à la minorité actuelle.

Cerrumios: La succession de Mme Laguiller n'est-elle pas trop lourde à porter ?

Nathalie Arthaud : Je défends les idées communistes révolutionnaires depuis vingt ans. C'est une conviction profonde qu'il faut combattre cette société capitaliste. Je milite donc avec enthousiasme, et je suis fière de porter ces idées, qui ont contribué à transformer la société. Bien sûr, depuis que je suis porte-parole de Lutte ouvrière, mes activités ont changé, et cette fonction me donne des responsabilités importantes. Je compte faire de mon mieux pour ne pas décevoir mes camarades et tous ceux qui nous soutiennent.

Julien_1: Dans quelle mesure votre discours a-t-il évolué par rapport à celui d'Arlette Laguiller ?

Nathalie Arthaud : Je ne cherche absolument pas à faire évoluer le discours de mon parti. Il faut se souvenir qu'il y a un an, le Parti socialiste voulait se rénover, se renouveler. Il avait donc décidé d'abandonner toute référence aux nationalisations, et il avait pris un tournant à droite. Et cela juste au moment où la crise a éclaté et a remis d'actualité la nécessité d'un contrôle, la dénonciation du capitalisme, les nationalisations, etc. Nous, nous n'avons jamais abandonné nos convictions communistes révolutionnaires, et nous n'avons rien eu à changer. Et ce n'est surtout pas aujourd'hui, avec l'explosion du chômage et le gâchis que l'on voit tous les jours, que nous allons arrêter de dénoncer ce système.

mano93: Quelles sont vos ambitions au sein de Lutte ouvrière ?

Nathalie Arthaud : Au sein de Lutte ouvrière, il n'y a pas d'ambitions personnelles, c'est une ambition collective et qui dépasse même les limites de notre organisation. Nous savons que changer la société, ça se fera avec des millions d'autres. C'est ce que nous ont montré toutes les révolutions, et nous avons profondément confiance dans cette capacité collective à construire une société réellement fraternelle.


pelon
 
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Message par Sterd » 04 Juin 2009, 21:36

Elle a bégayé à la fin, ou bien c'est Pelon qui a eu un hoquet ?
Sterd
 
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Message par pelon » 04 Juin 2009, 21:45

(Sterd @ jeudi 4 juin 2009 à 20:36 a écrit : Elle a bégayé à la fin, ou bien c'est Pelon qui a eu un hoquet ?

Vu.
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Message par Ottokar » 06 Juin 2009, 07:22

un article du Nouvel Obs sur la fête et Nathalie. Je ne l'ai pas vu ailleurs sur le FALO. S'il y est déjà, effacer.
a écrit :
LO : Nathalie Arthaud plaide pour une Europe "débarrassée des exploiteurs"
NOUVELOBS.COM | 01.06.2009 | 11:11

Lors de la traditionnelle fête de Lutte ouvrière, Arlette Laguiller a passé le relais à Nathalie Arthaud, la nouvelle porte-parole. Tête de liste dans le Sud-Est, celle-ci a appelé l'électorat à "exprimer sa colère".

Nathalie Arthaud, à qui Arlette Laguiller a passé le relais "avec joie" dimanche 31 mai lors de la fête annuelle de Lutte ouvrière (LO), s'est prononcée pour une Europe "débarrassée des exploiteurs", à une semaine des élections européennes.
La nouvelle porte-parole nationale, nommée en décembre, a appelé les électeurs à se prononcer "pour une Europe unie d'un bout à l'autre du continent, ouverte sur le monde mais débarrassée des exploiteurs", sur le Grand podium de la fête LO à Presles (Val d-Oise) où elle a été longuement applaudie, avant d'entamer l'Internationale.

Attaque envers Mélenchon

Pour le parti trotskiste, crédité de 2% des voix dans les sondages, il s'agit également d'"exprimer la colère de l'électorat populaire contre ceux qui l'exploitent et le grugent", "marquer l'opposition radicale au gouvernement actuel, servile devant les riches et ennemi ouvert des classes populaires", et "remettre en cause le système capitaliste".
Selon Nathalie Arthaud, tête de liste dans le Sud-Est, l'"Europe sociale" n'a "pas plus de sens dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon et de Marie-George Buffet, que dans celle de Martine Aubry, voire de (François) Bayrou ou de (Michel) Barnier". De plus, les communistes et Jean-Luc Mélenchon ont "servi" le système capitaliste "en participant au gouvernement Jospin".
Plus tolérante à l'égard d'Olivier Besancenot, avec qui son parti avait pactisé aux européennes de 2004, elle a simplement expliqué que LO n'avait pas voulu "diluer" le message de "dénonciation des grands groupes financiers et industriels" en s'associant au NPA.

"Ce ne sera plus moi"

En introduction, la figure historique du parti, Arlette Laguiller, après son traditionnel "travailleuses, travailleurs" repris par Nathalie Arthaud, a passé rapidement la main, après "plus de trois décennies" de discours à la fête LO.
"Dorénavant, ce ne sera plus moi, mais nos idées (...) seront bien défendues", a-t-elle dit aux militants, passant "le relais avec joie à notre camarade". Nathalie Arthaud "sera l'expression de la continuité de nos idées par delà les générations", a-t-elle ajouté, quittant la scène le poing levé, sous les applaudissements nourris des sympathisants.

"Je ne colle plus d'affiche!"

"C'est difficile de succéder à Arlette", a admis Nathalie Arthaud devant les journalistes, reconnaissant "une responsabilité importante, une pression sur mes épaules que je ressens tous les jours". "Mon activité militante a changé, je ne colle plus d'affiche!", s'amuse-t-elle.
A 39 ans, Nathalie Arthaud, agrégée d'économie, a déjà acquis pas mal d'expérience avec 17 meetings nationaux où "Arlette faisait encore la première partie".
Et la présidentielle 2012? "On n'en a pas discuté. Il n'est pas question de carrière personnelle", assure Nathalie Arthaud.

(Nouvelobs.com avec AFP)
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