a écrit :Le parlement européen ne s'intéresse pas au sort des couches populaires"
Nathalie Arthaud, porte parole de LO et tête de liste dans le Sud-est pour les élections européennes a dialogué avec les metronautes.
Nathalie Arthaud
Repères bios
Nathalie Arthaud a succédé en décembre dernier à Arlette Laguiller comme porte-parole de Lutte Ouvrière (LO). Née à Romans sur Isère (Drôme) le 23/02/1970, elle est conseillère municipale de Vaulx-en-Velin et enseignante d'économie et de gestion dans un lycée du Rhône. Elle est tête de liste dans le Sud-est pour les élections européennes.
Bonjour à tous.
Sandy : Quel est votre parcours ? D'ou vous est venu votre engagement à LO ?
Bonjour Sandy, j'ai découvert les idées communistes à 18 ans. J'étais révoltée contre la famine dans le monde entre autre et j'avais envie d'agir. Les idées communistes m'ont convaincu qu'il fallait changer tout un système, le système capitaliste, sans quoi rien ne changerait, ni les inégalités, ni le pillage du tiers-monde. Et puis j'ai été convaincue en étudiant les différentes révolutions, dont la révolution française, qu'il était possible que les peuples prennent leur sort en main. C'est pourquoi je suis révolutionnaire.
Act : Quelles sont les aspirations de LO pour ces élections ?
Nous voulons que le maximum d'électeurs votent pour nos listes, que tous ceux qui veulent dénoncer l'économie capitaliste qui est non seulement injuste et inégalitaire mais aussi qui engendre les ravages que l'on connaît aujourd'hui avec l'explosion di chômage, le disent avec nous. Qu'ils expriment leur colère face à la politique de ces grands groupes bancaires et financiers, face à la politique du gouvernement. Et qu'ils expriment leur conviction qu'il faut réorganiser l'économie sur de toutes autres bases.
Gauguin : Ca veut dire quoi être communiste révolutionnaire aujourd'hui ? Qu'est ce cela engage au niveau européen ?
Etre communiste révolutionnaire cela veut dire vouloir réorganiser de fond en comble cette économie qui est basée sur l'exploitation, sur la recherche du profit à court terme et qui fait qu'on est capable de produire des biens de luxe mais que la société n'est pas capable de construire le million de logements qui manque car ce n'est pas rentable pour les capitalistes ! Etre communiste veut dire que l'on souhaite que l'on organise la production pour répondre aux besoins de la population, en se répartissant le travail entre tous, le plus rationnellement possible. Et être révolutionnaire cela signifie être convaincu que cette transformation de toute l'économie, que la mise en commun des grandes banques, des grandes entreprises ne pourra se faire qu'au travers d'un large mouvement social qui entraîne des millions de femmes et d'hommes à prendre leur sort en main comme cela s'est produit au moment de la révolution française puis de la révolution russe.
Terrine : LO a fait campagne pour le non au traité de Lisbonne, n'est ce pas incohérent de vous présenter à la députation européenne ?"
Nous n'avons pas eu à faire campagne contre le traité de Lisbonne puisqu'on ne nous a pas demandé notre avis...mais oui nous sommes contre comme nous l'étions pour la constitution européenne. Nous sommes contre les institutions européennes mais comme nous sommes contre les institutions françaises qui font qu'un président peut se faire élire sur des promesses qu'il ne tient pas sans que l'on puisse le révoquer ! Mais cela ne nous empêche pas de nous exprimer pour autant ! C'est la démocratie...
Martinigion : Etes-vous pour un smic européen ?
Nous sommes pour une harmonisation des salaires en Europe. Entre le smic bulgare, 92 € Et celui du Luxembourg, 1570 €, il y a un rapport de 1 à 17 ! Et les entreprises jouent sur ces inégalités de salaire pour exploiter davantage les salariés et mettre les travailleurs européens en concurrence les uns contre les autres. Nous sommes donc pour une harmonisation par le haut de tous les droits sociaux mais pour cela nous comptons bien plus sur les luttes des travailleurs que sur le parlement européen. En Roumanie, il y a eu par exemple l'année dernière une grève importante des ouvriers de Dacia qui revendiquaient une forte augmentation de salaire au groupe Renault en prenant comme référence les salaires versés en France. Ce sont ces luttes là qui seront porteuses de progrès.
Chat : Pourquoi êtes-vous tête de liste dans le Sud-est ?
Pourquoi ne le serais-je pas ? J'habite à Vaulx-en-Velin et je travaille dans la banlieue lyonnaise et je suis par ailleurs porte parole de LO...
Nolwenn : Vous avez dit à propos du Parlement européen que c'était "un moulin à paroles". Drôle d'idée de vouloir y participer ? Qu'est ce qui vous motive ?
Dans ce moulin à paroles, nous revendiquons les possibilités d'exprimer nous aussi notre parole ! Et d'y être les yeux et les oreilles des travailleurs, de façon à pouvoir avertir les travailleurs des mauvais coups qui s'y préparent et d'y exprimer les intérêts des classes populaires.
Fraida : Vous parlez toujours d'inverser le rapport de force entre les salariés et le patronat, mais ce basculement ne doit-il pas d'abord se faire au niveau national ? Et comment pensez-vous que ce basculement soit possible ?
Sur le rapport de force entre les salariés et le patronat, cela dépend de l'existence de luttes puissantes. Aujourd'hui le grand patronat supprime des emplois, il ferme des entreprises pour sauver ses dividendes ! Plusieurs entreprises proposent même à leurs salariés des baisses de salaires ! Et cela dure depuis des années, à chaque fois il faut que ce soit les travailleurs qui fassent des sacrifices pour qu'une minorité s'enrichisse. Il faut donc les obliger à changer de politique et cela ne peut se faire que si ce grand patronat craint de perdre beaucoup, s'il y a de grandes grèves et des mobilisations massives, comme il y en a eu en 1968 ou en 1936 par exemple. Comment cela pourra-t-il se reproduire ? C'est difficile à dire. Mais on voit des travailleurs qui s'organisent dans certaines entreprises, des travailleurs qui ne se laissent pas faire. Il faudrait que ces luttes isolées et souvent dos au mur se transforment en un mouvement large qui englobe l'ensemble du monde du travail.
Niki : Qu'est ce qui vous distingue du NPA pour ces élections ?
Nous dénonçons des mots d'ordre commun, comme l'interdiction des licenciements, comme la levée du secret bancaire, du secret des affaires...Mais nous avons choisi de nous concentrer sur ces exigences qui sont des mesures vitales aux travailleurs aujourd'hui. Nous avons choisi de populariser des objectifs pour les luttes de demain. Bien d'autres problèmes comme ceux de l'écologie, comme ceux des droits démocratiques sont liés à la capacité du monde du travail de mener ces luttes, c'est pourquoi nous ne développons pas tout un programme écologique comme peut le faire le NPA.
Bulbe : Est-ce qu'Arlette vous chapeaute et vous tuyaute pour préparer ces élections ?
Oui, nous discutons beaucoup, elle me donne des conseils et participe pleinement à la campagne. Mais à LO nous avons l'habitude de travailler collectivement.
Tuquich : L'intégration de la Turquie dans l'Europe vous en dites quoi ?
Si les turcs et le gouvernement turc y sont favorables nous sommes pour. Ne serait-ce que parce que cela faciliterait la vie de centaines de milliers de familles turques qui ont des liens en Allemagne, en France. Il est choquant de voir que pour ce qui est de faire du commerce avec la Turquie, on facilite les choses en mettant en place un partenariat économique mais dès lors qu'il s'agit de donner des droits aux peuples, on refuse !
Truche : Pourquoi n'êtes-vous pas capable de vous unir dans un grand parti d'extrême gauche qui réunirait le NPA et le parti de gauche ?
Le parti de gauche n'a rien d'un parti révolutionnaire ! Il souhaite, comme le parti communiste revenir au pouvoir dans le cadre de cette économie capitaliste et cela ne pourra que déboucher une fois de plus sur un gouvernement qui foulera aux pieds les intérêts des couches populaires. Ces mêmes partis qui ont eu des ministres ont gouverné et ils ont privatisé, fait des économies sur les services publics, ils n'ont pas empêché le grand patronat de fermer des usines, ils ont donc géré loyalement au service des puissances financières et industrielles. Nous sommes en opposition totale avec cette politique ! Quant au NPA il représente une autre tendance d'extrême gauche, il ne se dit plus communiste, alors que nous nous en revendiquons. Nous représentons deux sensibilités différentes d'extrême gauche et cela donne le choix. C'est la richesse de l'extrême gauche et c'est tant mieux car nous n'avons jamais été pour le parti unique ! Quant à s'unir nous le faisons quand c'est vraiment utile, c'est-à-dire dans les luttes.
Jean : Quel accueil recevez vous sur le terrain ?
Nous discutons là où nous travaillons, dans nos quartiers et très peu ont des illusions sur ces élections. Il y a par contre beaucoup de révolte et de sentiment d'injuste face aux licenciements, au chômage partiel, face à la misère qui monte alors qu'à l'autre pôle de la société tout le monde se rend compte que l'argent continue de couler à flots.
Soso : Comment sentez vous cette campagne ?
Pour l'instant elle n'intéresse pas beaucoup. Mais comment pourrait-on le reprocher ? Le parlement européen passe des heures et des heures à discuter des affaires des entreprises, des règles de concurrence...mais il ne s'intéresse pas au sort des couches populaires !
Merci à tous. Je donne RDV à tous ceux qui voudraient continuer la discussion à la fête annuelle de LO à Presles le 30,31 mai et 1er juin. Le programme est disponible sur notre site :
http:www.lutte-ouvriere.org
A bientôt j'espère.