Nathalie Arthaud dans Paris Match

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Ottokar » 14 Mars 2009, 08:03

Un double article cette semaine avec deux photos :
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L'article
a écrit :Nathalie Arthaud, le visage intello de LO

Pour succéder à la mythique Arlette Laguiller, Lutte ouvrière a choisi une prof jeune et jolie. Mais pas moins doctrinaire.

Mariana Grépinet - Paris Match

A Lutte ouvrière aussi, on croit au changement dans la continuité... Le 8 décembre dernier, lors d’un conseil national tenu à huis clos, Nathalie Arthaud, 39 ans, prof agrégée enseignant l’économie et la gestion à des élèves de terminale technique du lycée Albert-Camus de Rillieux-la-Pape, était nommée porte-parole de son parti. Elle succédait ainsi à Arlette Laguiller, 69 ans le 18 mars, retraitée, ancienne employée du Crédit lyonnais. Entre les deux femmes, la ressemblance va bien au-delà de la coupe de cheveux. Pour toutes les deux, le communisme révolutionnaire reste une idée neuve. Il n’est marqué ni par les rides ni par la complaisance. Ainsi, nous annonce Nathalie Arthaud, pas question pour elle de s’allier avec les autres forces d’extrême gauche pour les prochaines élections européennes qui vont marquer son entrée dans la vie publique.

Quand elle était petite, elle rêvait de devenir coiffeuse. Alors, les remarques sur sa coupe toujours comparée à celle d’Arlette la font sourire plus qu’elles ne l’agacent. Quand elle nous ouvre la porte de son deux-pièces dans le centre-ville de Vaulx-en-Velin, Nathalie Arthaud a soigné son look : un petit haut vert pomme assorti à une veste en velours et à un foulard chatoyant. Deux pans de mur de son salon sont couverts de livres, surtout des romans, classés par pays. Ses goûts se révèlent plutôt éclectiques, de Kundera à Carlos Fuentes en passant par Victor Hugo et le «très rafraîchissant» Prévert, ou encore Tom Wolfe, Marjane Satrapi et Tracy Chevalier. Et les classiques du marxisme, dans tout ça? «Rangés dans ma chambre qui fait office de bureau», nous rassure-t-elle. Une vraie «petite bibliothèque de travail», avec, pêle-mêle, Engels, Lénine, Rosa Luxembourg, Jules Guesde, Victor Serge et même le dernier ouvrage de Besancenot sur le NPA... Elle n’écrit pas encore, ce qui ne l’empêche pas de «rédiger beaucoup» : discours, prises de parole... Sur la table basse faite de planches de récup, deux vachettes colorées, souvenir d’un voyage au Mexique. A côté, un grand miroir à l’ancienne, posé à même le sol. Un fauteuil beige Ikea et deux canapés dégotés dans une brocante et retapissés par une amie de la famille, «une ouvrière de chez Jourdan, licenciée, très douée de ses mains». Apposé sur l’un d’eux, un tableau offert par un copain, représentant les grèves de 1995 contre le plan Juppé, les toutes premières de la jeune prof d’éco.

Nathalie a passé son enfance à Peyrins – un village de la Drôme, près de Romans – avec son père, garagiste, sa mère, «qui lui donnait un coup de main à la comptabilité», son frère et sa sœur. A la maison, on ne parle pas politique. La bonne élève qui a toujours aimé l’école découvre Lutte ouvrière au lycée. Elle a 18 ans. «J’étais révoltée, attirée par l’humanitaire», se souvient-elle. Elle dévore le «Manifeste du parti communiste» et, convaincue qu’il faut changer la société, s’engage. «Militer, ça voulait dire distribuer des tracts, organiser des réunions, vendre le journal, coller des affiches... Enfin, c’est vrai qu’aujourd’hui je ne colle plus trop d’affiches.» En 2005, elle est désignée porte-parole du parti pour la région Rhône-Alpes. Puis elle remporte haut la main l’espèce de compétition organisée entre les différents représentants régionaux.

Depuis quatre ans, elle siège aussi au conseil municipal de Vaulx, dirigé par les communistes. Elle aime cette ville accueillante, qui ne compte pas moins de quarante nationalités et 60 % de logements sociaux, et apprécie la «bonne entente» avec les élus du PC dont elle partage les problèmes «de gestion du quotidien», ou «comment maintenir l’existant quand l’Etat supprime les financements». Elle vit à un jet de pierre du quartier du Mas-du-Taureau, un des plus défavorisés de la banlieue lyonnaise. «Ce n’est pas le quartier de barbares qu’on voudrait faire croire», décrit-elle en pointant les tours et en regrettant que la cité ne soit pas desservie par le métro.
Fan d’Amy Winehouse et d’Ayo

Elle fête aujourd’hui ses 39 ans et en paraît presque dix de moins lorsqu’elle souffle ses bougies, entourée de quelques amis, tous adhérents de LO. Depuis deux semaines, elle jongle avec les meetings à travers la France et ses cours d’économie et gestion dispensés aux terminales, section technique, du lycée Albert-Camus à Rillieux-la-Pape. «Je me sens bien dans mon enseignement. On a les élèves le plus en difficulté. Ce sont les plus curieux et, en même temps, ceux qui rejettent le plus l’école», insiste-t-elle. Le proviseur, Jacques Laprée, se réfugie derrière son devoir de réserve, mais couvre d’éloges cette enseignante «qui, au-delà de ses idées politiques, transmet de vraies valeurs aux jeunes». Avec «trente-trois élèves par classe et un programme à assurer», Nathalie n’a pas le temps de leur parler politique. Depuis qu’elle est médiatisée, ils commencent à lui poser des questions, lui demandant par exemple si les journalistes lui transmettent les questions avant de l’interviewer! Le grand événement de la semaine précédente, c’est l’apparition d’une marionnette à son effigie dans les «Guignols de l’info» sur Canal +. Elle ne s’attendait pas à ce que ce soit si rapide. «C’est un investissement, glisse-t-elle avec un sourire espiègle. Ils doivent penser qu’ils vont pouvoir l’utiliser pendant quelques années...» Coïncidence amusante, elle avait visité avec une classe les coulisses de l’émission lors d’un voyage à Paris.

Fan d’Amy Winehouse et d’Ayo, son dernier coup de cœur musical, la nouvelle porte-parole de LO est une sportive qui aime courir autour du lac de Miribel et, surtout, jouer collectif. Au volley-ball, lorsqu’elle était au lycée en section sport-études en aviron, et en politique évidemment. «Comme le veut la tradition», elle reverse à son parti les 116 euros d’indemnités qu’elle reçoit au titre de conseillère municipale. Professeure agrégée, elle gagne 2 100 euros net par mois : «Je ne fais pas partie de la frange la plus exploitée des travailleurs, admet-elle, mais je me sens travailleuse – travailleuse intellectuelle – comme des millions d’autres.» Même si son engagement lui prend beaucoup de temps, presque tout son temps, en vérité, elle continue à avoir une vie en dehors du parti.

Si elle n’est pas mariée, c’est parce qu’elle préfère l’union libre. Et si elle n’a pas d’enfant, parce que, «honnêtement, dans l’immédiat, ce ne serait pas tenable», elle n’a pas fermé la porte à cette éventualité.


Une interview ensuite :
a écrit :Pour Nathalie Athaud, face à la crise, le communisme n’a pas pris une ride

Interview Mariana Grépinet - Paris Match

   Paris Match. Il aura fallu plusieurs semaines pour que la situation se débloque à la Guadeloupe. Quelle est votre analyse?
Nathalie Arthaud. Ce mouvement est extrêmement populaire. La population, malgré tous les problèmes, reste solidaire derrière les revendications du LKP. Tous les travailleurs se sont unis, même les petits commerçants... Ça nous donne de l’espoir.

Comme celui que ce type de grève puisse se généraliser à la France métropolitaine?
Les difficultés quotidiennes pour payer son loyer, régler ses factures et remplir son frigo sont là aussi. On pense qu’il manque 300 euros sur les salaires et les retraites les plus faibles. C’est l’équivalent de ce qui avait été obtenu en mai 1968 avec 30 % d’augmentation, en moyenne, sur les bas salaires. C’est par la grève qu’on obtient des progrès pour les classes populaires.

N’est-il pas possible de “moraliser” le capitalisme?
Avant la crise, les capitaux ont, pendant un temps, déserté l’immobilier pour les matières premières. Ils ont spéculé sur le blé, le maïs, le riz, et affamé une partie de la planète. Personne ne parlait alors de morale. Le capitalisme est un système basé sur l’exploitation. Quand le gouvernement parle de contrôle de l’économie, ce sont des mots en l’air. Il n’y a aucune mesure concrète derrière ces effets d’annonce.

Si vous deviez suggérer une mesure d’urgence contre la crise, que proposeriez-vous?
Qu’on partage le temps de travail. Tout en étant payé, bien sûr, à 100 %. L’argent existe pour financer la réduction du temps de travail. Dans les grandes entreprises, ça ne fait aucun doute. Et pour les autres, il faut regarder au cas par cas, demander des comptes.

Vous enchaînez les meetings dans toute la France, et vous les avez intitulés “Face à la faillite du capitalisme, actualités du communisme”. Est-ce à dire que vous êtes désormais le seul Parti communiste?
Nous sommes les seuls à nous revendiquer du programme communiste révolutionnaire. Le système capitaliste est au bout du rouleau, il faut le dépasser. Regardez ce gâchis : ces ateliers qui ferment, ces bras capables de produire qui sont inutilisés... C’est aberrant. On a tellement de possibilités de créer des richesses que la société en crève. La population doit reprendre en main les capacités de production. Le communisme n’a pas pris une ride.

Après plus de trente ans à la tête de LO, Arlette Laguiller vous cède la place. N’est-ce pas un peu dur de passer derrière elle?
Bien sûr que c’est difficile. Je ne veux pas décevoir. Arlette a ouvert la voie, donné une identité à Lutte ouvrière et fait connaître notre parti. On nous compare. On me surnomme “la nouvelle Arlette”... Je n’en souffre pas, c’est vrai qu’on se ressemble... Ça va au-delà de la coupe de cheveux [elle esquisse un sourire], c’est notre mode de vie, nos idées. On est pour l’émancipation de la société de toutes les formes d’oppression, dont celle de la femme. On vit de façon simple, on travaille... Arlette me donne des conseils, mais pas trop. Elle pense qu’il faut rester naturel.

Est-ce important que ce soit encore une femme qui représente le parti?
On s’applique le féminisme à nous-mêmes. A engagement et compétences égales, on donnera toujours la priorité à une femme. Parce que, dans la société, c’est l’inverse...

Arlette a annoncé qu’elle ne se représenterait pas en 2012. Etes-vous prête, là aussi, à prendre le relais?
On n’en a pas encore discuté. Ailleurs, on voit qu’ils se préparent déjà, qu’ils se positionnent... Dans l’immédiat, on veut que la grève du 19 mars réussisse. Ça me paraît très loin, 2012. Maintenant, si mes camarades me le demandaient, je pense que j’accepterais. Point final
Ottokar
 
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