un article de présentation correct de la Croix avec une jolie photo. Ils font une série de portraits des candidats, une page chacun. Bien sûr plus grand monde ne lit La Croix (on ne va pas s'en plaindre) et ceux qui le lisent ne sont pas notre public prioritaire, mais on prend ce qu'on a...
a écrit :Nathalie Arthaud, la petite voix de l’extrême gauche
Jusqu’au 14 avril, La Croix présente les dix candidats à l’élection présidentielle, avec leurs forces et leurs faiblesses. Aujourd’hui, la candidate de Lutte ouvrière.
Nathalie Arthaud par Christian Courrèges (galerie Baudoin-Lebon).
CHRISTIAN COURRÈGES POUR LA CROIX
Nathalie Arthaud par Christian Courrèges (galerie Baudoin-Lebon).
Pendant six mois, Nathalie Arthaud a été candidate à l’élection présidentielle sans que personne ne le sache, ou presque. C’est en effet dès septembre dernier que la chef de file de Lutte ouvrière (LO), enseignante en économie et gestion, a lancé sa campagne sur le terrain.
Au fil des semaines, elle a visité près d’une centaine de villes en France. Un marathon que cette grande sportive, ancienne élève en sport-études volley, a mené tambour battant. Avec le sentiment que les journalistes étaient presque devenus une espèce en voie de disparition.
« J’ai eu des échos dans la presse locale, mais j’ai été totalement ignorée par les médias nationaux », constate Nathalie Arthaud qui, égalité du temps de parole oblige, est désormais plus présente sur les ondes. « C’est important pour défendre ses idées , souligne-t-elle. Mais la campagne, elle se joue aussi dans les quartiers, les usines, les piquets de grève. Partout où se font sentir les ravages du capitalisme. »
Sa connaissance du terrain
À 42 ans, Nathalie Arthaud vit sa première campagne présidentielle. Mais elle est loin d’être une novice en politique, avec derrière elle vingt ans de militantisme à Lutte ouvrière. « Son principal atout, c’est d’être proche du terrain. Elle vit en Seine-Saint-Denis et enseigne dans un collège d’un quartier populaire. Quand elle parle de la souffrance sociale, c’est en connaissance de cause » , estime Jean-Pierre Mercier, porte-parole de la campagne et ouvrier de l’automobile. Une connaissance du terrain également nourrie par son mandat de conseillère municipale dans la ville communiste de Vaulx-en-Velin (Rhône) qu’elle occupe depuis 2008. « On se bat contre le chômage et la misère avec nos armes, en réduisant par exemple au maximum le tarif des cantines scolaires, confie-t-elle. Mais c’est un poste où on mesure aussi toutes les limites d’une action uniquement municipale. »
Son manque de notoriété
L’image du politique tient parfois à peu de chose. Une coupe de cheveux par exemple. Décembre 2008, Arlette Laguiller présente officiellement celle qui va lui succéder comme porte-parole de LO. Une jeune femme célibataire, sans enfant, brune avec des cheveux courts… Il n’en faut pas plus pour que la presse parle de « la nouvelle Arlette » , de son « clone » .
Aujourd’hui, Nathalie Arthaud préfère en sourire, assurant être « fière d’avoir mis ses pas » dans ceux de son aînée, six fois en piste pour une élection présidentielle. « Leur vrai point commun, c’est ce sentiment de rage, de révolte pour défendre leurs idées » , dit Xavier Lachau, membre de la direction nationale de LO.
Aujourd’hui, Arlette Laguiller suit de près la campagne de « Nathalie », mais en veillant à ne pas occuper le devant de la scène. « Je parle avec elle pratiquement tous les jours, confie-t-elle. Elle me demande mon avis sur ses interviews, ses prises de position. » Mais la succession est difficile dans un scrutin où la personnalisation des candidats est poussée à l’extrême.
« Nathalie Arthaud succède à une figure emblématique qui fait partie de la mémoire politique de ce pays. Et c’est dur pour elle. Dans toutes nos enquêtes, elle accuse un très fort déficit de notoriété. Les Français ne savent toujours pas qui est Nathalie Arthaud » , explique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.
Dans l’ombre de Mélenchon
Question devenue rituelle : à 0,5 % d’intentions de vote, ne serait-il pas plus raisonnable de rallier le Front de gauche ? « Je suis la seule candidate communiste », répond inlassablement Nathalie Arthaud, en assurant « n’avoir aucune illusion sur la capacité de Mélenchon, ministre de Mitterrand, à peser sur un gouvernement Hollande ». Discours martelé avec fougue et une certaine aisance, mais pour l’instant inaudible.
« Nathalie fait une campagne très courageuse et combative, mais c’est très difficile pour elle, face à l’idolâtrie des médias pour Mélenchon » , constate, dépité, un militant nantais de LO. « Historiquement, jamais l’extrême gauche n’a été à un niveau aussi faible à une présidentielle. Mélenchon occupe tout l’espace à la gauche de la gauche » , renchérit Frédéric Dabi.
Une ténacité à toute épreuve
Même si les sondages restent en berne, Nathalie Arthaud, fidèle à sa ligne de conduite, ira jusqu’au bout, avec une ténacité saluée dans ses rangs. « C’est une femme intelligente, sincère, qui ne lâche rien » , estime Arlette Laguiller. Ensuite, après le premier tour, elle tournera la page. Sans appréhension. « Ce n’est pas une professionnelle de la politique » , souligne Jean-Pierre Mercier.
« Avoir été candidate à la présidentielle ne changera rien à ma vie », confirme Nathalie Arthaud. C’est « sans problème » qu’elle « reprendra le bus tous les matins pour aller au boulot » et retrouver son collège d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Et ce bonheur de « transmettre le savoir » qu’après vingt ans d’enseignement elle semble toujours avoir chevillé au corps.
« J’aurais aimé qu’on parle davantage de l’école dans cette campagne. De ces politiques qui ont sacrifié l’éducation dans les quartiers populaires. Moi, mes élèves ont entre 17 et 18 ans et c’est effarant de voir le nombre d’entre eux à qui on a réussi à mettre dans la tête qu’ils étaient “des nuls” sans aucun avenir. Alors qu’ils sont capables de tant de choses si on se donne les moyens de leur ouvrir des portes et leur donner l’envie d’apprendre. »
----------------
Son parcours : un ancrage politique en Rhône-Alpes
Une enfance dans la Drôme
Née en 1970, Nathalie Arthaud a grandi dans un village de la Drôme avec son frère, sa sœur, un père garagiste et une mère qui « tenait la comptabilité du garage ». C’est au lycée que naît sa fibre engagée, « mobilisée par l’antiracisme et la volonté de lutter contre la faim dans le monde ». Devenue enseignante en économie et gestion, elle fait le choix d’enseigner dans des lycées et des collèges des quartiers populaires.
Son parcours à Lutte ouvrière (LO)
Entrée à 20 ans à LO, Nathalie Arthaud représente son parti, à partir des années 2000, à différentes élections en Rhône-Alpes. En 2008, elle devient conseillère municipale à Vaulx-en-Velin (Rhône). Entrée à la direction nationale de LO, elle est désignée en décembre 2008 porte-parole à la place d’Arlette Laguiller. En décembre 2010, le parti la choisit pour être candidate à l’élection présidentielle de 2012.
Ses scores électoraux
En 2009, elle conduit la liste LO aux élections européennes et fait 0,84 % des voix dans la région Sud-Est. En 2010, pour les élections régionales, son score est de 1,42 % en Rhône-Alpes. Aujourd’hui, les sondages la placent à 0,5 %. À titre de comparaison, on peut rappeler les résultats d’Arlette Laguiller lors des scrutins précédents : 2,33 % (1974), 2,30 % (1981), 1,99 % (1988), 5,3 % (1995), 5,7 % (2002), 1,33 % (2007).
PIERRE BIENVAULT