a écrit :Congrès de Lutte Ouvrière : Arlette Laguiller souligne le caractère anti-ouvrier et réactionnaire du gouvernement
Intervention d'Arlette LAGUILLER lors de la conférence de presse du lundi 8 décembre, faite à l'issue du congrès de LUTTE OUVRIERE
Conférence de presse - Lundi 8 décembre 2008
Lutte Ouvrière a tenu son congrès annuel, le week-end dernier. Ce congrès a été consacré, comme tous les ans, à faire le bilan de nos activités et de nos interventions de l'année écoulée pour décider des activités et des interventions de l'année à venir, ainsi qu'à élire la direction. Je vous rappelle que notre organisation est la seule où la direction se soumet tous les ans au vote du congrès.
Et bien sûr, cela a été aussi l'occasion de discuter de nos analyses aussi bien sur la situation intérieure en France que sur la situation internationale avec, évidemment, une part importante consacrée à la grave crise de l'économie capitaliste.
Dans le bilan de l'année passée, une part a été consacrée à nos activités en direction de la population laborieuse. Cette activité constitue l'essentiel de nos activités.
Notre activité de base, celle que nous menons depuis les débuts de notre organisation, consiste en une activité dans les entreprises, c'est-à-dire dans la création et l'animation de groupes politiques qui éditent régulièrement des bulletins politiques d'entreprise, tous les quinze jours, voire dans certaines grandes entreprises toutes les semaines.
Ces bulletins - près de 300 - paraissent aussi bien dans de grandes entreprises industrielles, comme différents sites de Renault ou de Peugeot-Citroën, dans un grand nombre d'entreprises de la métallurgie et de la chimie, que dans des banques, des sociétés d'assurances, ainsi que dans des services publics, comme la SNCF, la RATP ou les hôpitaux.
Et les militants qui éditent ces bulletins interviennent sous différentes autres formes, aussi bien sur le terrain politique que sur le terrain syndical.
Une autre forme d'intervention, cette fois-ci en direction des quartiers populaires, est plus récente. Il s'agit d'interventions politiques régulières de nos camarades dans un certain nombre de villes. Une forme d'intervention qui nous permet d'être en contact direct sur le terrain avec une autre composante de la classe ouvrière que celle qu'on côtoie dans les grandes entreprises, à savoir les travailleurs de petites entreprises, les chômeurs, les retraités, dont nous constatons la dégradation catastrophique des conditions d'existence.
Cette dégradation n'est certes pas nouvelle, et les mesures du gouvernement Sarkozy y sont pour beaucoup. Mais, avec la crise, elle s'est encore aggravée. En ce moment, en particulier, nous sommes frappés par le nombre de fermetures d'entreprises petites et moyennes et les conséquences dramatiques de ces fermetures ou de ces licenciements dans les villes ou les quartiers ouvriers où nous sommes présents.
Nous avons également fait le bilan, positif, de notre présence aux élections municipales qui ont permis l'élection de 79 camarades en tant que conseillers municipaux soit sur des listes dirigées par le Parti Communiste ou le Parti Socialiste, soit sur des listes Lutte Ouvrière.
Les discussions politiques ont bien-sûr beaucoup porté sur la crise. Elles ont mis en évidence les ravages de l'économie capitaliste non seulement pendant la phase aiguë actuelle de la crise, mais aussi tout au long de ces trente dernières années d'un capitalisme de plus en plus usuraire, incapable de développer les forces productives de l'humanité, les démolissant au contraire au profit d'opérations financières, poussant à des degrés sans précédent les tares du capitalisme sénile de l'époque impérialiste. La bourgeoisie elle-même et ses dirigeants politiques ne voient pas d'issue et se contentent de gérer le quotidien, en inondant de milliards une caste capitaliste faillie, pendant que l'explosion du chômage pousse la classe ouvrière vers la misère.
Mais nous avons souligné aussi comment c'est l'évolution même de l'économie capitaliste, la mondialisation, la concentration des décisions entre un nombre limité de trusts de plus en plus puissants, qui rendent un autre ordre économique à la fois nécessaire et possible. Un ordre économique qui ne soit plus basé sur la propriété privée des moyens de production, sur le marché, sur la concurrence et sur la recherche du profit comme unique moteur de l'économie.
Nous avons aussi noté comment la conversion verbale subite des Sarkozy, Bush et compagnie, à l'étatisme, au contrôle des banques, au-delà de leurs discours hypocrites et démagogiques, est surtout destinée à servir de justifications au sauvetage des banquiers avec l'argent public, mais exprime quand même le fait que l'économie capitaliste anarchique, désordonnée, est incapable de fonctionner sans la tutelle de l'État. La classe capitaliste est devenue comme la noblesse en fin de règne : une classe entièrement parasitaire, nuisible pour l'économie et pour la société.
En matière de politique intérieure, les débats ont tourné autour du caractère anti-ouvrier et particulièrement réactionnaire du gouvernement Sarkozy. Mais nous avons fait aussi le constat que, sur le terrain politique, la gauche, en l'occurrence le Parti Socialiste, ne représente absolument pas une alternative politique au sens d'offrir des perspectives différentes au monde du travail.
Nous avons également discuté du Nouveau Parti Anticapitaliste dont, pour le moment, nous avons bien du mal à cerner les contours aussi bien quant aux effectifs qu'il sera susceptible d'attirer que sur son programme politique. Tant il est vrai que la LCR, initiatrice du projet, essaie de toucher des milieux hétéroclites, allant de militants qui ont des convictions communistes jusqu'à d'autres qui ne le sont pas, quand ils ne sont pas pour certains franchement anti-communistes, comme à des courants écologistes de différentes chapelles, des féministes ou des associatifs. En tout cas, nous n'en sommes pas partie prenante.
Pour ce qui est de nos perspectives de l'année prochaine, nous avons décidé deux types d'interventions publiques.
Au début de l'année prochaine, nous comptons organiser des meetings dans un certain nombre de grandes villes du pays, consacrés à la crise de l'économie capitaliste, à nos perspectives communistes et à notre objectif fondamental d'oeuvrer pour un parti ouvrier révolutionnaire qui représente les intérêts politiques du monde du travail mais qui reprenne aussi la tradition qu'incarnait à la fin du XIXème siècle les partis socialistes puis, dans les premières années après la révolution russe, les partis communistes, c'est-à-dire des partis dont le programme fondamental soit l'émancipation de la classe ouvrière et la transformation révolutionnaire de la société par la suppression de la mainmise de la classe capitaliste sur l'économie et sur la société.
Enfin, nous avons pris la décision de participer aux élections européennes de juin 2009. Nous avons pris cette décision tout en constatant pour le déplorer que les réformes Sarkozy ont démoli les quelques aspects que les élections européennes avaient de démocratiques, c'est-à-dire avec un scrutin à la proportionnelle nationale, même s'il y avait un seuil de 5 %.
Je vous rappelle que, lors des élections de 1999 où le scrutin était encore organisé de cette façon-là, la liste que nous avions présentée en commun avec la LCR nous avait permis d'envoyer cinq députés de nos deux organisations au Parlement européen.
Avec le morcellement de l'unique circonscription nationale de l'époque en huit circonscriptions, non seulement le scrutin perd en grande partie son caractère national, mais il perd aussi son caractère proportionnel. Même dans la circonscription qui envoie le plus de députés au Parlement européen -l'Ile-de-France-, il faut dépasser les 7,2 % pour avoir un élu. Dans le Massif central-Centre, il faut 16,7 %. Autant dire que ces réformes ont été imposées pour réserver le monopole de la représentation au grands partis et pour éliminer les autres, en particulier les courants comme le nôtre.
Cela dit, sans nous faire d'illusions sur nos résultats, nous nous présenterons quand même pour que la perspective politique que nous sommes les seuls à incarner soit présente dans ces élections.