Contre les étrangleurs du peuple grec, la guerre continue
Pour satisfaire les créanciers, Tsipras, le premier ministre grec a mis sur la table un nouveau plan d’austérité drastique. Obtiendra-t-il en échange le rééchelonnement de la dette grecque qu’il demande depuis le début ? Les créanciers finiront-ils par faire un petit geste pour permettre au peuple grec de respirer ?
Nous le saurons dans les prochains jours. Mais les classes populaires qui avaient exprimé leur refus de nouveaux sacrifices en votant non au référendum risquent bien de se voir imposer de nouvelles coupes dans les retraites et une hausse de la TVA.
Même si Tsipras obtient finalement ce qu’il demande depuis des mois- une restructuration ou une annulation partielle de la dette- les chômeurs, les retraités et les travailleurs grecs continueront de payer pour une dette qu’ils n’ont pas faite et de sombrer dans la misère.
Avec le référendum, l’électorat populaire s’est exprimé courageusement mais il n’a pas changé le rapport de force avec le grand capital. Les créanciers de la Grèce ont subi un revers politique, mais ils ont gardé les cordons de la bourse et donc le pouvoir. C’est là la limite de l’expression électorale dans une société dominée par l’argent et la grande bourgeoisie.
Tsipras avait l’ambition de s’opposer à ce que la Grèce soit considérée comme une semi-colonie par les banques occidentales qui l’ont ligotée avec la dette, et par leurs représentants politiques. Mais même cette ambition modeste est inacceptable par les puissances impérialistes qui dominent l’Europe. Car ce n’est pas seulement une question de mots ou de programme de gouvernement. C’est une question de rapport de force.
Seules, les classes exploitées pourraient créer la force susceptible de s’opposer à la bourgeoisie. Or mobiliser les classes exploitées, leur donner la conscience que rompre les chaînes de l’endettement nécessite une guerre à mort contre la bourgeoisie tant grecque qu’internationale, ne fait pas partie de la politique ni même de l’identité de Syriza.
Ce qui se passe en Grèce concerne les exploités d’ici. Le peuple étranglé par la finance, c’est aujourd’hui le peuple grec. Demain, à qui le tour ?
Depuis des années, la classe capitaliste investit de moins en moins dans les usines, les machines, dans des productions créatrices d’emplois. Oh, elle n’a jamais investi par souci de l’intérêt collectif, mais pour faire du profit en exploitant les travailleurs.
Mais avec la crise, investir dans la production sans avoir la certitude de vendre, c’est un risque que les groupes capitalistes les plus puissants refusent de plus en plus de courir. Ils ont trouvé mieux : prêter de l’argent aux particuliers, aux collectivités locales, aux institutions, aux États, moyennant intérêts. En somme, l’usure à la place de la production.
Depuis des décennies, la finance pénètre toute la société, la ligote, l’étouffe. Le crédit se substitue aux salaires insuffisants. Les hôpitaux destinés à soigner doivent de plus en plus assurer le paiement d’intérêts aux banques, quitte à rendre les conditions de travail du personnel hospitalier insupportables et la qualité des soins problématique. Les municipalités et les collectivités locales sont étranglées par leurs dettes.
Voilà pourquoi les dirigeants politiques, les médias aux ordres répètent comme des perroquets que payer les intérêts de la dette est une obligation absolue. Voilà pourquoi ils ne peuvent pas accepter qu’un pays, fût-il petit, conteste la légitimité de sa dette.
Dans la guerre que le grand capital financier mène pour imposer son parasitisme, les classes exploitées de Grèce sont des « fusillés pour l’exemple ». C’est un avertissement pour tous.
Alors, bien sûr, la solidarité des exploités doit aller aux classes populaires grecques.
La société crève de la dictature de la grande bourgeoisie, de la course au profit d’une minorité.
Par-delà tous les affrontements partiels, aujourd’hui en Grèce, demain ici, peut-être, l’avenir dépend de la capacité de la classe des exploités à s’attaquer aux racines du mal, à se donner pour objectif l’expropriation de la grande bourgeoisie, la mise de l’économie sous le contrôle de la population. Et à se donner les moyens d’y parvenir.