a écrit :Lutte ouvrière, dernier parti révolutionnaire ?
il y a 4 heures 9 min
Reuters
La porte-parole du parti trotskyste, Nathalie Arthaud, renvoie dos à dos le Front de gauche, qui rêve selon elle de faire une "énième mouture de la gauche plurielle" et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot.
"Nous sommes le dernier parti révolutionnaire, le seul qui considère le communisme comme l'avenir de l'humanité", explique dans une interview à Reuters la responsable de la formation, qui a succédé à l'inusable Arlette Laguiller en 2008.
LO, qui revendique 8.400 adhérents et a obtenu 1,34% à la présidentielle de 2007, avait fait alliance dans le passé avec la Ligue communiste révolutionnaire.
Mais "en se transformant en NPA, ils ont abandonné la référence au trotskysme, ce n'est pas que symbolique, ça correspond à un changement d'orientation", dit Nathalie Arthaud.
Elle note également que le NPA a tenté de s'allier au Front de gauche et qu'il fera liste commune avec lui dans quelques régions au scrutin de mars.
Néanmoins, la porte-parole de LO ne croit pas à un effondrement de l'ex-formation rivale et de son porte-parole Olivier Besancenot, qui semblent avoir été éclipsés par les Verts après le succès des écologistes aux européennes de 2009.
"Il semblerait que le dévolu des médias se porte plutôt sur Cécile Duflot", secrétaire nationale des Verts, dit-elle.
"CONSTRUCTIONS MÉDIATIQUES"
"Pour moi, ce sont des constructions médiatiques, on l'a connu à Lutte ouvrière avec Arlette Laguiller en 1995. Je crois qu'il n'y a rien de changé par rapport à il y a un an".
Spécificité française, la gauche radicale, qui compte de nombreux courants et pèse de 12 à 14% des voix, avait échoué à s'unir pour la présidentielle de 2007.
En revanche, le Parti communiste et le Parti de gauche (PG) sont allés ensemble à la bataille des municipales de 2008 sous le sigle "Front de gauche" et présentent une majorité de listes communes aux régionales de mars prochain.
Mais pour Nathalie Arthaud, les sympathisants communistes et ceux de Jean-Luc Mélenchon se font des illusions s'ils pensent qu'une alliance électorale et l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle équipe en 2012 "changera quelque chose pour eux."
"Tout l'espoir que Mitterrand avait suscité quand il s'était fait élire en 1981, où est-il aujourd'hui ? Et pareil, Lionel Jospin, qu'est-ce qu'il a fait ?" de 1997 à 2002 à Matignon, demande-t-elle.
En conséquence, LO entend prendre le "contrepied" du PCF et du PG pour dire que la solution ne viendra pas du remplacement de Nicolas Sarkozy par un représentant de la gauche mais du rapport de forces sur le terrain social.
"Les travailleurs peuvent changer les choses eux-mêmes, non par le bulletin de vote mais grâce à leurs luttes", dit Nathalie Arthaud.
Selon elle, les formations de gauche doivent être unies mais pour "riposter" au gouvernement et au patronat et "imposer que les richesses, dont la société déborde, répondent aux besoins de la population".
"C'est ça que nous allons dire aux élections. S'il y a un changement que les travailleurs peuvent avoir, un espoir de changement, ça viendra d'en bas, ça viendra d'eux-mêmes", dit la porte-parole de LO.
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse