(JDD.fr a écrit :Mercredi 18 Février 2009
Arthaud: "Contre la dictature capitaliste"
Propos recueillis par Benjamin BONNEAU
Inconnue il y a peu, Nathalie Arthaud commence à faire parler d'elle. Le 8 décembre, Arlette Laguiller, figure historique de Lutte ouvrière (LO), l'adoubait officiellement en tant que nouvelle porte-parole du parti. Lundi, cette enseignante de 38 ans a présenté ses têtes de listes pour les élections européennes. Pour leJDD.fr, elle revient sur la stratégie de LO dans ce scrutin.
Vous avez donc décidé de présenter des listes aux européennes sans vous allier à aucune formation. Pour quelles raisons?
Ce que nous comptons dire en cette période de crise et de faillite du capitalisme, nous sommes les seuls à le dire. Rechercher des alliances, c'est accepter par avance l'abandon de tout ou partie de ce que nous avons à dire. Avoir quelques élus de plus ne va rien changer au fond du problème. Cinq ou six élus dans une assemblée qui en compte 736 ne vont pas peser du tout. Le plus important, c'est de défendre nos idées et de crier haut et fort que les travailleurs n'ont pas à payer pour cette crise dont ils ne sont pas responsables.
Un discours qui ressemble fort à celui d'Olivier Besancenot... Un rapprochement avec le Nouveau parti anticapitaliste n'était pas envisageable?
Lorsque nous nous sommes alliés à eux lors de précédentes élections, cela avait donné lieu à des heures et des heures de discussion. Au final, nous avions, certes, trouvé un compromis mais qui ne nous avait pas satisfaits vraiment.
Ce refus de s'allier au NPA est définitif ou ponctuel?
Il ne concerne que ces élections. Il nous est arrivé bien souvent dans le passé de nous présenter ensemble. C'est une question de contexte politique et cela peut se reproduire.
Le front de gauche de Mélenchon ne vous intéressait pas non plus?
Mais il sert à quoi, ce front ? Expliquez-moi. Le Parti de Gauche et nous-même, Lutte Ouvrière, nous représentons des politiques différentes. Alors, pourquoi favoriser la confusion? De toute façon, du fait de la modification de la loi électorale*, même tous ensemble on n'aurait pas beaucoup d'élus.
Pourquoi ne pas être présent dans les DOM-TOM?
C'est vrai que, pour l'instant, c'est la seule circonscription pour laquelle nous n'avons pas investi de têtes de liste. Nos camarades sur place ont autre chose à faire en ce moment. Et nous avons tout notre temps pour en discuter puisque la date limite de dépôt des listes est le 25 mai 2009. Et le mouvement social qui se déroule là-bas risque de peser bien plus que n'importe quelle décision du Parlement européen.
Sur sept têtes de liste**, vous avez investi cinq femmes. Est-ce une volonté politique ou le fruit du hasard?
C'est tout à fait volontaire de notre part. Lorsque nous avons renouvelé nos porte-parole, à engagement égal, nous avons choisi des femmes. C'est une politique volontariste que nous assumons complètement, y compris nos camarades hommes. Ils en sont même fiers. Je vous rappelle qu'Arlette Laguiller a été la première femme à se présenter à l'élection présidentielle, signe que Lutte Ouvrière a toujours été en pointe sur cette question.
Quelles sont vos ambitions pour ce scrutin?
Le Parlement européen n'est finalement qu'une chambre d'enregistrement de textes décidés ailleurs. Donc, ne pas y être présent n'aurait rien de dramatique, même si nous nous présentons, bien sûr, pour avoir des élus. Il faut dire que le charcutage électoral de Sarkozy, qui a coupé en huit, une circonscription électorale qui était unique dans le temps, a abouti à ce qu'une organisation comme la nôtre ne puisse pas être représentée au Parlement européen. Reste la campagne électorale où nous comptons bien dénoncer et encore dénoncer ces grands groupes capitalistes qui imposent une dictature à la population.
Quel rôle aura Arlette Laguiller durant cette campagne?
Elle sera toujours là, bien sûr, car elle reste une dirigeante importante de Lutte Ouvrière. Elle participera d'ailleurs à 17 meetings avec moi et sera certainement amenée à parler dans les médias.
Puisque vous l'avez remplacée, serez-vous la candidate de LO à la prochaine présidentielle?
Nous n'en avons pas encore discuté. Nous sommes bien plus préoccupés par la situation des travailleurs en cette période de crise et, en particulier, par la suite à donner aux manifestations du 29 janvier. Je sais que d'autres camarades sont parfaitement capables de prendre le relais d'Arlette Laguiller à la présidentielle, mais s'ils me demandent d'y aller, j'irais bien volontiers.
*En 2004, un nouveau mode de scrutin a été mis en oeuvre: pour la première fois, l'élection s'est déroulée dans le cadre de huit circonscriptions régionales (Nord-Ouest, Sud-Est, Est, Massif-Central-Centre, Sud-Ouest, Île-de-France, Ouest, Outre-Mer) et non plus avec une liste nationale unique.
*Jean-Pierre Mercier en Ile-de-France, Eric Pecqueur dans le Nord Ouest, Valérie Hamon dans l'Ouest, Claire Rocher dans l'Est, Sandra Torremocha dans le Sud-Ouest, Nathalie Artaud dans le Sud-Est et Marie Savre dans la région Massif central-Centre.