a écrit :Un peu plus ancien :
"« Le marxisme est la seule science. Le darwinisme n’en est qu’une partie. La véritable théorie de la connaissance a été donnée par Marx, Engels et Lénine "
(Lyssenko, 1939) prosterne.gif
« le savant bourgeois qui ne reconnaît pas le matérialisme dialectique ou qui ne le reconnaît pas comme fondement théorique de sa discipline est tout bonnement empiriste, privé de théorie ; cet empirisme l’empêche tout d’abord de distinguer correctement son objet d’étude, la réalité sociale de cet objet, c'est-à-dire d’appréhender dans l’objet des sciences de la nature, la réalité sociale de la nature, produit de l’histoire de l’homme. Ainsi sous prétexte de respecter la neutralité de l’objet scientifique, on prétend étudier un arbre en soi, un arbre en général, c'est-à-dire n’importe quel arbre, alors que manifestement l’arbre de la forêt kolkhosienne n’est pas l’arbre de la forêt féodale et que les deux ne relèvent pas du même traitement expérimental.
(Jean Kanapa, propagandiste lyssenkiste du PCF, in "Notes sur "la réalité sociale de la nature" », La Nouvelle Critique n° 5, avril 1949) prosterne.gif prosterne.gif
Tout ça pour dire que Engels n'est certainement pas l'alpha et l'oméga de l'épistémologie des sciences
Etrange quand même de citer Lyssenko et un lyssenkiste pour en déduire des arguments contre Engels. A ce compte-là il suffirait de citer Staline et Thorez pour en déduire que Marx, Engels et Lénine, en politique c'est pas top.
Certe "Dialectique de la nature", ce sont des fragments édités de manière posthume. Mais, il y a l'anti-duhring, et une abondante correspondance entre Marx et Engels pour témoigner que tous les deux d'ailleurs, étaient attachés à montrer le caractère dialectique de la nature et des sciences.
Sur le Lyssenkisme, cela ne dit pas grand chose sur la pertinence de Engels. Cela montre par contre assez bien que la science peut difficilement se développer dans le cadre d'une dictature politique et d'une terreur généralisée.
Pas le temps là de revenir sur ce qu'on pourrait entendre aujourd'hui par le projet d'une dialectique de la nature, ni sur la question (différente mais liée) du déterminisme social en science (d'une dialectique historique des sciences en quelques sortes) qui ne se réduit vraiment pas à la psychologie des scientifiques. Mais pour des marxistes, il doit être possible de concevoir les sciences comme une activité sociale, donc déterminée par l'ensemble des rapports sociaux (dont les plus fondamentaux sont les rapports de classe), sans tomber dans le relativisme. On peut dire que la science moderne est le produit de rapports de classe, que son développement depuis la "révolution scientifique" (de Galilée à Newton) est le produit du développement, puis du pouvoir de la bourgeoise, sans nier qu'elle a réellement accru la capacité de l'humanité à connaître rationnellement le monde. Tout comme dire que la révolution industrielle est le produit du capitalisme, déterminé dans son développement par les rapports de classe, n'implique pas de relativiser le développement des forces productives qu'elle a produit...
Et bien sûr les rapports sociaux capitalistes pèsent par pleins d'aspects sur le développement des sciences. L'aspect idéologique n'est sans doute pas le plus important (comparé aux problèmes par exemple de financement de recherches qui n'auraient pas d'applications rentables immédiates), mais il existe. La science ne se fait pas de manière pure, et oui, l'idéologie (à l'échelle sociale et pas individuelle) pèse. La récupération idéologiques de résultats scientifiques (en leur faisant dire, au besoin, ce qu'ils ne disent pas) c'est encore autre chose, mais c'est quand même lié. Darwin en est un bon exemple: Darwin s'inspire largement des théories malthusiennes pour élaborer sa théorie de l'évolution. Cela n'enlève aucunement la validité en général du darwinisme ni l'avancée phénoménale qu'il a représenté, mais sa formulation initiale proche du malthusianisme rendait d'autant plus possible sa récupération sous la forme du darwinisme social.
Tout cela ne signifie pas que les résultats scientifiques produits dans la société capitalistes seraient faux, mais que ces rapports sociaux entravent le plein développement de la connaissance rationnelle, scientifique de l'humanité (comme ils entrave le développement des forces productives). Encore une bonne raison de faire faire la révolution...
Par contre je ne vois pas vraiment ce qu'on pourrait entendre par "bonne" ou "mauvaise" science...