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TOXICITÉ ET ALLERGIES LIÉES À LA PRÉSENCE DU GÈNE INSÉRÉ[/center]
On dit qu’il y a risque d’intoxication quand un aliment – lait, œufs, viande, etc. – contient des toxines, c’est-à-dire des substances capables d’endommager les fonctions vitales ou des parties de l’organisme humain. Ces substances doivent être présentes en quantité suffisante pour provoquer des effets nocifs. En matière de toxicité alimentaire, tout est en effet question de quantité ingérée.
On parle de réaction allergique lorsque le système immunitaire réagit de façon inappropriée ou exagérée à l’absorption de substances dites « allergènes ». Certains allergènes peuvent être nocifs pour les humains. Les allergies alimentaires peuvent se manifester sous forme d’asthme ou par une chute importante de la pression artérielle dans les cas sévères.
Les toxines et les allergènes sont des substances naturellement produites par les végétaux et certains animaux. Les toxines, pour leur part, jouent un rôle dans les mécanismes naturels de défense de tous les organismes vivants. Or, un aliment avec OGM pourrait contenir une plus grande quantité de toxines ou d’allergènes par suite des réactions possibles de la plante à l’insertion d’un ou des gènes introduits dans son génome, incluant la production de la ou des protéine(s).
Ainsi la plante pourrait réagir à la transgénèse en produisant :
des protéines non désirées ;
un supplément de toxines ou d’allergènes naturellement présents dans l’organisme.
Par ailleurs, la protéine produite par le gène inséré pourrait :
se révéler toxique ou allergène selon la capacité de notre organisme à la digérer ou non ;
libérer des composés toxiques ou allergènes pour notre organisme.
Pour chaque OGM commercialisé au Canada, Santé Canada a la responsabilité d'assurer l'évaluation de ces risques d'intoxication et de réaction allergique.
À propos des allergies alimentaires
L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes nous permet de connaître la prévalence d’allergies alimentaires tant au Québec qu’au Canada. On retrouve ainsi, parmi la population âgée de 12 ans et plus, 7 % de Canadiens et près de 6 % de Québécois qui déclarent souffrir d’allergies alimentaires confirmées par un diagnostic d’un professionnel de la santé.
Aux États-Unis, 4% des Américains souffrent d’allergies alimentaires, un pourcentage à la hausse depuis quelques années (réf. 46).
… et des gènes liés à des allergènes connus
Les chercheurs ont démontré que, lors du développement d’OGM, l’utilisation de gènes liés à des allergènes connus leur conférait les mêmes caractéristiques que ces derniers. Le cas d’un Soja-GM en est un exemple.
… OGM et allergies alimentaires
Aucune donnée ne permet d’affirmer que les OGM sont la cause d’une augmentation des allergies alimentaires (réf. 46).
Des tests cutanés avec des extraits de protéines de maïs transgénique Bt et de soja Roundup Ready ont été réalisés sur des enfants avec des allergies alimentaires (réf. 64). Aucune réaction allergique n’a été détectée en comparaison avec les tests contrôle de protéines de maïs et de soja non transgénique. Aucun anticorps IgE contre les protéines nouvelles ajoutées dans ces cultures GM n’a été détecté.
Aucun OGM approuvés ou commercialisés présentement ne contient un gène lié à des allergènes connus.
Soja GM … et son gène allergène La noix de Brésil est un aliment reconnu pour provoquer des allergies chez certains individus. Par conséquent, on a dû soumettre le soja OGM qui a été créé à partir d’un des gènes de la noix à une multitude de tests pour vérifier si la protéine produite par ce gène avait conservé son pouvoir allergène. Pour le savoir, les chercheurs ont mis en contact la dite protéine avec du sérum de patients connus pour être allergiques. Il y a eu réaction immunitaire immédiate. Pour cette raison, ce nouveau soja n’a pas été commercialisé, même s’il avait été développé pour l’alimentation animale (réf. 4, 7,
.
Un soja GM ? Pour quoi faire ? Pour augmenter la teneur en méthionine du soja, un acide aminé peu abondant dans le soja habituel. Cet acide aminé essentiel – que les animaux ne peuvent synthétiser eux-mêmes – est nécessaire au bon fonctionnement de leur organisme. Des chercheurs avaient développé cette lignée de soja transgénique pour combler les besoins en acide aminé méthionine des animaux domestiques. Cela aurait évité aux producteurs de recourir aux suppléments. Des protéines riches en méthionine et non allergène ont été identifiées depuis sans avoir utilisé la transgénèse.
… et du maïs StarlinkTMEn 2002, le maïs transgénique StarlinkTM, approuvé à ce moment uniquement pour consommation animale, est entré par erreur dans la chaîne alimentaire humaine. Des personnes avaient signalé à la US Food and Drug Administration (FDA) avoir eu des réactions allergiques après avoir mangé « des produits contaminés au maïs Starlink ». La FDA a effectué des tests chez un échantillon d’individus qui s’étaient plaints et a mandaté le Center for Disease Control and Prevention (CDC) d’enquêter. Résultats de l’enquête : les réactions allergiques n’auraient pas été liées au maïs que les plaignants avaient consommé. Résultats des tests : aucune réaction allergique à la consommation du maïs StarlinkTM n’a été observée chez l’échantillon (réf. 63).
et l’affaire Pustzai
Un gène du perce-neige inséré dans la pomme de terreEn avril 1998, Arpad Pustzai, chercheur à l’Institut Rowett à Aberdeen au Royaume-Uni, provoque la controverse en annonçant à la télévision britannique qu’il vient de découvrir qu’une variété de pomme de terre OGM pas encore commercialisée a causé des inflammations dans les intestins de rats (réf. 17). Cette nouvelle génère la publication d’une série d’éditoriaux dans la revue médicale anglaise The Lancet (réf. 20). La Royal Society of London tient une rencontre à huis clos pour analyser les données encore non publiées de Pustzai. Les membres en concluent que les conclusions auxquelles en arrive M. Pustzai sont irrecevables à cause des failles majeures qu’ils ont relevées dans son expérience, autant dans la conception, l’exécution que dans l’analyse des résultats (réf. 18). Les données de cette expérience ont tout de même été publiées dans la revue The Lancet (réf. 20, 21).
Il paraît néanmoins plausible que ces pommes de terre GM aient pu être toxiques. On leur avait inséré un gène issu du perce-neige supposé produire une lectine. Cette lectine avait été sélectionnée pour son potentiel « insecticide » élevé et son potentiel de toxicité faible pour les rats. Mais la science a démontré depuis longtemps que plusieurs lectines sont toxiques, antinutritives et même allergènes. Les lectines sont aussi reconnues pour causer des dommages aux intestins, comme Pustzai venait de l’expérimenter.
Il est probable que l’inflammation de l’intestin des rats qu’a observée Pustzai dans son expérience ait été causée par la lectine exprimée plutôt que par le fait que les pommes de terres aient été modifiées génétiquement. Les résultats de son expérience demeurent discutables à ce jour.
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