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[center]Le niveau très bas des ressources en eau menace la France d'une nouvelle sécheresse[/center]
LE MONDE | 06.01.06 |
La gestion de la rareté de l'eau commence à entrer dans les moeurs. La mise en garde lancée par la ministre de l'écologie, Nelly Olin, jeudi 5 janvier, en témoigne. Cette année, "la sécheresse sera plus dure (que celle de 2005), elle doit être traitée plus en amont", a affirmé la ministre.
Pendant l'été 2005, la France et tout le sud de l'Europe ont souffert de la sécheresse, qui a causé incendies, pertes de récoltes, et dommages aux milieux naturels. "2006 pourrait aussi être une année très difficile, voire historique en matière de sécheresse", prévient Mme Olin. Le déficit pluviométrique constaté en France, jugé "très préoccupant", est également présent en Espagne et au Portugal, tandis que l'Italie et la Grèce ont été plus arrosées cet automne, indique la société Geosys qui mesure l'état des couverts végétaux à partir de données satellitaires.
Pour préserver la ressource, le ministère de l'écologie envisage déjà des mesures de restrictions "beaucoup plus draconiennes que l'an dernier", y compris de possibles "coupures d'eau potable". Même des pluies abondantes dans les prochaines semaines ne pourraient combler le déficit. Les agriculteurs sont donc appelés à "une mobilisation collective" et à réfléchir au choix de leurs cultures et notamment du maïs, céréale très gourmande en eau au coeur de l'été.
La moitié de l'eau consommée en France va aujourd'hui à l'agriculture, un quart à l'eau potable, le quart restant à l'industrie et l'énergie. Pour prévenir les risques accrus de pénurie, comment le pays agricole qu'est la France doit-il s'adapter ? En créant de nouvelles réserves d'eau artificielles ? Ou en économisant l'eau ? "Les deux", répond le ministère de l'écologie, qui défend la possibilité de construire de nouvelles retenues, "si les conditions économiques et écologiques sont réunies". Cette solution, défendue par les agriculteurs au nom du maintien de l'économie locale, est combattue par les défenseurs de l'environnement. Ils y voient une source de dégradation des milieux naturels et surtout une fuite en avant des agriculteurs, par le biais d'aménagements financés par les agences de l'eau, donc en grande partie par les particuliers via leurs factures. Les Verts réclament donc "l'interdiction du maïs irrigué dans les régions les plus touchées".
UNE ADOPTION "AVANT L'ÉTÉ"
Les agriculteurs commencent à tenir compte des variations climatiques observées depuis 2003. La surface de maïs a ainsi diminué de 12 % en 2005 par rapport à 2004. "Ils s'adaptent de différentes façons, constate Jean-Pierre Amigues, directeur de recherche à l'unité de gestion économique de la ressource en eau de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Des variétés précoces de végétaux commencent à être utilisées et la quantité d'eau amenée par hectare est en baisse." De plus, le maïs peut laisser la place à d'autres cultures, comme le sorgho (mais il n'est guère rentable), le tournesol, et le blé vers lequel se tournent de plus en plus d'exploitants agricoles.
Les producteurs de maïs irrigué ne sont pas les seuls concernés par la sécheresse annoncée. "L'inquiétude existe aussi pour les éleveurs qui cultivent le maïs sec (non irrigué), et ceux qui utilisent l'herbe pour nourrir leurs animaux et pourraient manquer de fourrage", prévient Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA.
Point paradoxal, la ministre a annoncé le report au mois d'avril de l'examen à l'Assemblée nationale de la loi sur l'eau, qui doit notamment aborder la gestion des sécheresses. Le gouvernement annonce une adoption "avant l'été" de ce texte en préparation pourtant depuis plus de huit ans.
Gaëlle Dupont