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[center]Des scientifiques ont découvert une protéine qui agit comme un antidépresseur[/center]
LEMONDE.FR | 06.01.06 |
Une équipe internationale de chercheurs, dont les travaux sont publiés dans la revue américaine Science datée du vendredi 6 janvier, a découvert une protéine qui jouerait un rôle déterminant contre la dépression. Une percée potentielle pouvant ouvrir la voie à des traitements de maladies mentales affectant des dizaines de millions de personnes dans le monde.
Cette nouvelle protéine, baptisée p11, semble réguler la réaction des cellules cérébrales à la sérotonine, un neurotransmetteur qui intervient dans la régulation du sommeil, de l'appétit et de l'humeur, selon ces scientifiques de l'université Rockefeller aux Etats-Unis, de l'institut Karolinska en Suède, de l'université de Rouen en France et du laboratoire pharmaceutique américain Eli Lilly.
Bien que les scientifiques établissent depuis longtemps un lien entre déficit en sérotonine et dépressions, ils n'ont toujours pas déterminé le rôle exact joué par cette neurohormone transmettant les signaux entre les neurones.
"Nous avons montré que la protéine p11 intervient dans les changements complexes multiples sous-jacents aux dépressions", a indiqué Per Svenningsson, le principal auteur de cette étude. "Notre découverte montre que les personnes dépressives, ainsi que des souris de laboratoire chez lesquelles on a provoqué une dépression, avaient toutes une nette diminution du niveau de cette protéine p11", a-t-il poursuivi. De ce constat, "on peut tirer la conclusion que des médicaments accroissant les protéines p11 dans le cerveau auront des effets antidépresseurs", a ajouté ce chercheur.
EXPÉRIENCES EN LABORATOIRE
La sérotonine établit un lien avec 14 différents capteurs à la surface de la cellule cérébrale. Un de ces capteurs, appelé 1B, est déterminant dans la régulation de la transmission de la sérotonine dans le cerveau. Pour tester au mieux la relation entre la protéine p11 et le mécanisme d'absorption de la sérotonine par le capteur 1B des cellules cérébrales, le professeur Svenningsson et ses collègues ont génétiquement modifié deux groupes de souris.
Les animaux du premier groupe ont été programmés pour produire un niveau de protéine p11 plus élevé que la normale alors que les autres n'en produisaient pas. Les souris surproduisant de la p11 étaient hyperactives et se comportaient comme celles traitées avec des antidépresseurs. Dans le second groupe, toutes les souris étaient dépressives.
"Il y a trois différentes façons de traiter les dépressions de ces souris", a commenté Paul Greengard, un neurologue de l'université Rockefeller, lauréat du Nobel de médecine en 2000. "Ces trois approches, aux mécanismes très différents, provoquent le même changement biochimique, à savoir une augmentation du niveau de p11 dans le cerveau de ces souris, ce qui montre de façon convaincante que cette protéine est liée au principal effet thérapeutique des antidépresseurs", a-t-il dit.
Avec AFP