To psy or not to psy

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Gaby » 24 Jan 2012, 23:30

Je veux bien avancer une petite idée, parce que le biais pris par la conversation n'est pas idéal. Il me semble que la psychanalyse n'est pas la collection des [b]interprétations[/b] de Freud sur des cas précis, bien sûr largement critiquables, mais est avant toute chose une [b]méthode[/b] qu'il a fondé avec pour but l'exploration de l'histoire de l'individu afin de dénouer le fil des malaises mentaux, notamment par le parti-pris de l'"association libre" des idées du patient. L'analyste propose des pistes, même pas forcément des interprétations à chaque fois, et le patient en fait ce qu'il veut.

Les préjugés qui s'expriment dans les interprétations ne permettent pas de condamner la méthode.

Et je crains bien que cette méthode (chercher dans les traumatismes passés un éclairage du présent), on la pratique tous un peu plus ou moins avec plus ou moins de succès, avec ses amis ou seul, en période de difficultés, validant sa valeur. Au fond à quoi sert la peine mentale ? A nous prévenir d'un danger, et paraitrait-il d'après une lecture récente de psychiatrie sous un angle Darwinien, la dépression favoriserait même la réflexion en activant certaines zones du cerveau...

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Message par canardos » 25 Jan 2012, 00:03

Attention, Gaby, cette méthode de l'"association libre" des idées du patient peut être dangereuse...elle peut au contraire en conduisant le patient à ressasser ses rêves et en les réinterprétant, en essayant de se souvenir de données disparues, d'une part donner ce qu'on appelle des faux souvenirs, avec des conséquences désastreuses pour le patient et sa famille, ensuite au contraire, dans le cas des psychothérapies de longue durée, renforcer les névroses obsessionnelles...

Enfin la psychanalyse se fonde totalement sur ce que Freud appelle le "transfert", c'est à dire la création d'un lien affectif du patient vers le psy et petit à petit le patient cherche à tout réinterpréter dans le sens qu'il imagine être le point de vue du psy, il se met à jargonner psy, il bouquine les ouvrages sur le sujet.

Pour Freud la guérison passe par ce transfert. Le patient cherche à plaire à son psy, à se faire approuver, et dans ces conditions proposer des pistes c'est aussi imposer des solutions. c'est extrêmement dangereux et manipulateur. Il n'y a pas loin du psy au gourou et la défense du paiement à l'acte par Freud vise justement à exploiter ce transfert affectif.

Mais au bout du compte, est ce que cela donne des résultats? selon la doctrine freudienne, seul le psy qui a fait la thérapie peut juger de l'évaluation de cette thérapie, mais même quand un patient claque la porte furieux c'est un contre transfert et cela peut être considéré comme une guérison. Autrement dit les prétentions des psychanalystes à la guérison relèvent de l’autoévaluation invérifiable par définition. c'est pourquoi les psychanalystes ne parlent que de "cas" qui sont censé présenté des troubles, cas qui sont présentés par le psy qui a fait l'analyse sans évaluation tierce. Si on lit un livre sur le "cas Dominique" il n'y a pas de moyen de vérifier que Dominique était bien comme ça et que la thérapie a donné des résultats

Il n’empêche que la méta-enquete INSERM a quand meme pu exploiter quelques dizaines d’enquêtes plus globales qu'avaient accepté de faire des psychiatres psychanalystes sur des thérapies "dynamiques" (autre nom pour "analytiques"). résultats beaucoup plus faibles que les TCC pour les névroses et les TOC, résultats nuls pour les schizophrénies, contrairement aux TCC qui donnaient quelques résultats quoique partiels et provisoires.
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Message par Zelda » 25 Jan 2012, 08:37

a écrit :Au fond à quoi sert la peine mentale ? A nous prévenir d'un danger, et paraitrait-il d'après une lecture récente de psychiatrie sous un angle Darwinien, la dépression favoriserait même la réflexion en activant certaines zones du cerveau...

Une validation de l'expression "imbécile heureux"...
Ou un lot de consolation pour dépressif : "T'es malheureux, mais c'est parce que ton cerveau est plus performant que les copains."

:hinhin:

Ca me convainc pas trop tout ça, j'ai même croisé des forts en thèmes qui n'ont jamais l'air malheureux; Les salops. :-)
Zelda
 
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Message par canardos » 25 Jan 2012, 09:45

la dépression est peut être ça au début, Gaby, c'est peut-être pour ça qu'on utilise l'expression de travail de deuil, mais toutes les études de neurologie montrent qu'une dépression prolongée et sévère épuise le cerveau et peut provoquer même à terme une mort massive de neurones de l'hippocampe et donc une diminution durable de la mémoire de travail.

a écrit :

Les études d'imagerie cérébrale montrent en effet que les patients atteints de dépressions sévères voient le volume de leurs deux hippocampes diminuer. Cette atrophie pourrait être due à une perte neuronale et surtout à un taux de naissance de nouveaux neurones (la neurogenèse) faible. Cette neurogenèse dans le cerveau adulte est un phénomène de différenciation par lequel les cellules souches de l'hippocampe, se divisent en deux : l'une demeurant une cellule souche, et l'autre se transformant en neurone.

Aujourd'hui, rien n'est démontré chez les humains mais les faits en faveur de cette hypothèse s'accumulent. Il a été montré sur des animaux que le stress et la dépression diminuent la prolifération des cellules et la neurogenèse dans l'hippocampe. Par exemple, un rat exposé à l'odeur d'un prédateur naturel comme le renard voit sa prolifération neuronale réduite. Le même phénomène est observé lors d'un stress psycho-social, comme lorsque deux rats du même sexe sont mis en présence dans la même cage par exemple.

On a également observé à maintes reprises lors d'autopsies de personnes ayant été victimes de dépression que leur hippocampe était plus petit que la normale. Il semblerait même que le degré d'atrophie de l'hippocampe soit proportionnel à la somme des durées des épisodes de dépression, et que les dépressions qui sont traitées rapidement n'entraînent pas cette diminution du volume de l'hippocampe.

Antidépresseurs et neurogénèse

Enfin, les antidépresseurs permettent de renverser cette tendance. Lorsqu'on administre des antidépresseurs à des animaux, il s'écoule deux à trois semaines avant que le taux de neurogenèse n'augmente, puis deux semaines avant que ces nouveaux neurones ne deviennent fonctionnels. Exactement le même délai que celui nécessaire pour qu'un antidépresseurs commence à avoir un effet sur le moral d'une personne.

D'ailleurs justement, en mai 2006, des chercheurs viennent de mettre en évidence le mode d'action de l'un des antidépresseurs les plus prescrits, la fluoxétine, plus connue sous le nom de Prozac, sur la croissance des neurones dans le cerveau.

Trop de cellules nerveuses dans le thalamus ?

Autre symptôme "cellulaire" : en 2004, des chercheurs américains, montrent que les grands dépressifs présentent davantage de cellules nerveuses au niveau du thalamus, siège des émotions mais aussi "secrétaire" (la quasi-totalité des informations qui vont au cortex passent par le thalamus) de notre cerveau. Grâce à un système d'imagerie, les scientifiques ont pu compter méticuleusement le nombre de cellules nerveuses d'individus atteints de dépression grave.

Résultat : sur l'ensemble des cerveaux étudiés, seuls ceux des grands dépressifs portaient un surnombre de neurones thalamiques d'environ 31% par rapport à la moyenne… La découverte est plutôt inattendue. Elle suggère que des anomalies structurales dans le cerveau sont responsables de la dépression.

Pourquoi ces anomalies ? La réponse est peut-être hormonale et nerveuse.



même chose pour le stress, le stress est un mécanisme absolument indispensable au fonctionnement du cerveau humain, mais trop de stress peut entrainer des troubles graves, des dépressions et même parfois tuer à terme.

Il est de bon ton actuellement de dauber les traitements médicamenteux et de leur opposer les psychothérapies. mais ils restent indispensables malgré leurs nombreux effets secondaires et sans traitement médicamenteux, beaucoup de malades resteraient hors de portée de n'importe quelle psychothérapie, même celles qui donnent certains résultats comme les TCC.

d'ailleurs, les psychiatres psychanalystes qui dénoncent dans leur pamphlets une approche médicamenteuse du traitement des troubles psy ne sont pas les derniers à en prescrire loin de la. I
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Message par canardos » 25 Jan 2012, 09:52

toujours dans la meme source "l'internaute" que j'ai oublié de citer lors de mon post précédent une explication darwinienne de la depression:

a écrit :

Gènes, dépression et soumission

S'il n'existe pas un gène de la dépression, certains prédisposeraient pourtant à cette pathologie. Comment, d'un point de vue évolutif, comprendre que de telles caractéristiques aient été sélectionnées ?

  Des chercheurs du CNRS ont créé des souris dépressives. Pour cela, ils ont croisé entre elles des souris dites "résignées", aux comportements comparables à ceux de patients dépressifs.

Génétique ou pas ?

Elles consomment peu de solution sucrée, ce qui reflète une perte de sensibilité au plaisir, symptôme majeur des états dépressifs. Elles présentent également des taux sanguins de corticostérone (l'équivalent du cortisol chez l'Homme) élevés. Et enfin, les souris "résignées" manifestent des altérations du rythme veille-sommeil, comme les sujets déprimés.

Les chercheurs ont croisé ces souris pendant des générations. Vers la douzième, 100% des individus présentent un phénotype résignés : ce comportement semble donc être héréditaire, du moins chez les souris.

Chez l'homme, on ne connaît pas de gène de la dépression. Tout au plus des prédispositions génétiques existent. Par exemple, les personnes dont les parents proches ont souffert d'une dépression ont 15% de risque d'en développer une aussi, contre 2 à 3% chez les personnes n'ayant pas de parent dépressif.

De plus, des enfants adoptés nés de parents ayant des antécédents de dépression risquent malgré tout de faire une dépression dans 15% des cas. Enfin, chez les vrais jumeaux, la probabilité pour l'un de vivre une dépression si l'autre en a vécu une monte à 70%.

Prédispositions

Plusieurs territoires du génome sont identifiés comme étant susceptibles de transmettre une vulnérabilité à la dépression, localisés sur différents chromosomes (X, 7, 11…). Il est aussi reconnu que certains facteurs génétiques jouent un rôle dans la création du déséquilibre chimique dans le cerveau d'une personne lorsqu'elle vit une dépression.

Un des responsables ? Le gène impliqué dans le transport de la sérotonine. Il existe une forme longue et une forme courte du gène 5-HTTLPR. Les personnes possédant la forme courte et qui subissent deux à trois événements graves (stressants) ont 80% de chances de développer une dépression. Dans les mêmes conditions, les personnes au gène long n'ont que 20% de chance d'en déclarer une. Avoir le 5-HTTLPR dans sa version courte ne déclenche pas de dépression mais la facilite.

Stress précoce

Un virus a aussi été identifié, qui génèrerait la dépression chez certaines personnes prédisposées. D'autres dépressions sont dues à des expériences excessives de stress à un âge précoce ou adulte, qui modifient la biochimie du cerveau. En effet, si le taux de sérotonine d’une personne est contrôlé par ses gènes, il est aussi affecté par les soins parentaux reçus au début de la vie.

Des singes élevés par d’autres singes que leur mère (un événement stressant) ont des taux plus bas d’un sous-produit de dégradation de la sérotonine dans leur sang, un faible taux qui persiste durant toute leur vie. Une privation de soins maternels en bas âge pourrait donc calibrer le taux de sérotonine à un bas niveau et pourrait être une cause potentielle de la dépression.

Dépression et évolution

Puisque ce dysfonctionnement est nuisible, pourquoi l'évolution aurait-elle permis son émergence et le maintien de circuits pouvant amener la dépression ? Le monde animal fournit des pistes.

Par exemple, le comportement des animaux les plus subordonnés dans une hiérarchie s'apparente à la dépression. Leur "inhibition" pourrait avoir une valeur adaptative : elle empêche des combats qui pourraient être très coûteux, voire fatals. Cela expliquerait peut-être pourquoi de nos jours la dépression est souvent initiée par des événements qui minent la confiance en soi d'une personne : ce serait l'équivalent d'une défaite face à un animal dominant.

canardos
 
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Message par quijote » 25 Jan 2012, 14:49

La médecine moderne est à la croisée de plusieurs sciences , même si la médecine n 'est pas une science mais un art...
quijote
 
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Message par Ottokar » 25 Jan 2012, 15:26

(granit @ mercredi 25 janvier 2012 à 12:59 a écrit :
a écrit :si la médecine n'est pas une science, elle est à tout le moins fondée sur la science.


en es tu certain ?

si la médecine n'explique pas toujours tout, a un côté empirique, elle est basée sur une démarche scientifique depuis Claude Bernard au moins, dont on lit le texte comme une méthodologie des sciences.
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Message par Jacquemart » 25 Jan 2012, 15:58

Il me semblait évident que la médecine s'appuie sur la chimie, la biologie (au moins) - sans parler de ses propres méthodes d'investigations et de son propre corps de connaissances.

C'est ce qui permet de reconnaître une théorie médicale, ou une pratique thérapeutique, du charlatanisme ou du rite magique. Avec, si l'on en juge par l'augmentation inouie de l'espérance de vie ces dernières décennies, une certaine efficacité.

Donc non seulement je suis certain que la médecine est fondée sur la science, mais j'ai beaucoup de mal à concevoir qu'on puisse mettre en doute cette évidence que bien des enfants de huit ans comprennent.
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