Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 25 Nov 2011, 11:26

un article de LO du 25/11:

a écrit :

Centrales nucléaires : défendre l'emploi d'abord



La direction des Verts et celle du Parti socialiste ont joué une comédie pitoyable, se jetant au visage le nombre des centrales nucléaires que les uns et les autres fermeraient s'ils dirigeaient le gouvernement alors que, de toute évidence, la seule chose qui les préoccupait était d'arriver à un accord... sur le partage des sièges de futurs députés.

Dans cette foire d'empoigne où la droite n'a pas tardé à s'inviter, chacun a pu constater comment PS, Verts et UMP se contrefichaient de ceux qui n'ont que leur travail pour vivre.

On les entend ces politiciens se disputer pour savoir s'ils vont promettre (ce qu'ils feront est une autre affaire) de fermer 20 %, 30 % ou 50 % des centrales d'ici 2025, ou encore de toutes les fermer au plus vite, ou « seulement » de fermer certaines, telle celle de Fessenheim. Mais qui les a jamais entendus dire que, derrière ces chiffres, il y a des milliers d'hommes et de femmes qui travaillent là ? Et plus encore, aucun n'a dit comment il ferait, si on fermait telle ou telle centrale nucléaire, pour que pas un seul de ceux qui y travaillent, ou dont l'emploi en dépend, ne se retrouve au chômage.

Même si ces politiciens promettaient de telles choses, on n'aurait aucune raison de leur faire confiance. Mais ils ne font même pas semblant de promettre quoi que ce soit. Au mieux, si l'on ose dire, ils laissent entendre que les emplois perdus dans le nucléaire seraient remplacés par ceux que créeraient les « énergies renouvelables ». Quand, à quel rythme, dans quelles régions, avec quelles garanties, à quel niveau de salaires ? Au Moyen Âge, on aurait répondu : Dieu y pourvoira... Aujourd'hui, de la part des politiciens se piquant d'écologie, c'est en substance : compte là-dessus et bois de l'eau (de source).

Sur France Inter, mardi 22 novembre, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a apporté son soutien au projet PS-Verts de réduction du nombre des centrales, tout en devant reconnaître que, à Fessenheim, la section CFDT s'opposait à la fermeture du site.

Et en effet, de nombreux travailleurs ne donnent pas carte blanche à des politiciens, même soutenus par des pontes syndicaux, pour mener au gouvernement une politique dont ils paieraient les conséquences.

Plus tôt les travailleurs pourront placer sous leur contrôle la société pour la réorganiser de façon socialement plus juste, et plus respectueuse de l'environnement, mieux ce sera. Mais d'ici là, les travailleurs n'ont qu'une chose à eux : leur emploi. Et partout, nucléaire compris, ils ont le droit moral et l'obligation vitale de le défendre contre tous ceux qui, patronat et politiciens à son service, le menacent.

Pierre LAFFITTE

canardos
 
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Message par Sterd » 27 Nov 2011, 10:28

A la suite de l'article de Huet, il y a eu une réponse du type du PS et une réponse à la réponse de S. Huet :

a écrit :Ajout le 25 novembre :

Mr Brottes m'a très courtoisement fait parvenir une réaction à cette note. La voici :

Cher Monsieur,
Comme convenu, je souhaiterais réagir rapidement à votre publication, à toutes fins utiles.

Dans ma tribune (« Nucléaire : le bouquet énergétique n'a pas qu'une fleur »), je parle bien de facture et non de consommation pétrolière.
Mais quand on parle d'énergie, il faut bien faire la différence entre consommation et facture : ce qui pèse sur l'économie, les ménages et les entreprises, c'est la facture.
Or, si la consommation de pétrole a effectivement baissé depuis 1973, la facture de pétrole ne s'est pas réduite : celle 1973 est équivalente à celle de 2009, en euros courants (de l'ordre de 30 milliards d'€).
Au-delà des chiffres, ce que je voulais souligner, c'est que notre dépendance au pétrole restait importante, malgré l'importance du nucléaire. On a remplacé du chauffage fioul par du chauffage électrique dans des logements mal isolés, ce qui n'est pas non plus une solution durable.
Avec mes salutations les meilleures,

François Brottes
député de l'Isère, 1er vice-président SRC en charge de l'économie et de la communication"


a écrit :Ma réponse :

Le problème posé par votre phrase, et auquel j'ai répondu et uniquement à cela car pour le reste votre texte me semble tout à fait raisonnable, c'est le mot "jamais". Vous avez écrit: ""le nucléaire n'a jamais permis de réduire notre facture pétrolière". Il suffisait d'écrire "le nucléaire ne permet pas aujourd'hui et pour les années à venir de réduire notre facture pétrolière" pour éviter toute remarque de ma part.

Le point que j'ai soulevé ne porte pas sur le présent, ni même sur les 25 dernières années, mais sur ce qui s'est passé entre 1973 et 1990, et plus exactement le milieu des années 1980. A l'époque, la mise en service de centrales nucléaires a contribué de manière majoritaire à la réduction massive - entre le quart et le tiers - nos importations de pétrole qui passent alors de 122 millions de tonnes à 88 millions (1990). Or, cette réduction massive s'observe alors que la consommation des carburants augmente, à la seule exception de 1974. D'un point de vue concrêt, elle resulte de la substitution massive du nucléaire au pétrole dans la production d'électricité et de chaleur domestique et industrielle. Cette action fut un "oneshoot" et ne pouvait pas se renouveler. Il est donc hors de propos de faire appel à la facture ou même à la consommation actuelle depuis 1990 pour discuter de ce point.

Bien entendu, à l'époque comme aujourd'hui, l'effet sur la "facture" doit être mesuré hors effet "prix du pétrole importé" sur lequel nous n'avons aucun moyen d'action. Le nucléaire joue sur les quantités utilisées, et pas directement sur la facture, mais c'est bien l'effet consommation qu'il faut regarder si l'on veut raisonner sur une relation entre les deux énergies.

Vous reconnaissez que le nucléaire a permis de diminuer la consommation de fioul domestique pour le chauffage... mais vous passez à côté de l'essentiel puisque la majorité de la diminution de la consommation de pétrole entre 1973 et1990 vient de l'écroulement de celle de fioul dans les centrales électriques.

Enfin, sur le chauffage, il est évident que chauffer un logement mal isolé est un coût et un gaspillage supplémentaires qu'il faut combattre, mais c'est valable quelle que soit l'énergie utilisée. A cet égard, il faut noter que le moyen de chauffage le plus répandu en France, c'est le gaz (importé) et non l'électricité dont l'usage pour se chauffer ne représente que 17% de la consommation.



A propos du chauffage électrique, il est un argument des écolos qui est que ce mode de chauffage est une aberration, parce que les déperditions sont telles que seule un petit pourcentage de l'énergie utilisée pour produire l'électricité est restituée dans le chauffage.
Il est parfaitement exact que a chaque étape de la chaîne de la production au radiateur les pertes sont énormes et que tant qu'à faire autant brûler directement du mazout ou du charbon dans une chaudière ... sauf que bien évidemment cela ne s'applique pas à l'énergie nucléaire, parce qu'il n'est tout simplement pas possible au particulier de mettre une barre de combustible nucléaire dans sa chaudière.
L'utilisation du chauffage électrique serait une aberration économique et écologique seulement dans le cas ou on produisait l'électricité avec du gaz, du charbon ou du fioul, dans le cas du nucléaire elle est au contraire très rationnelle et permet de réduire la consommation de combustible fossile et l'émission de GES.

On peut noter que l'utilisation de l'électricité dans le transport (la voiture électrique, pleibiscitée par les écolos entre autres à Paris) pose le même problème et de façon plus aiguë, les déperditions dues aux batteries sont encore bien plus élevées qu'avec le chauffage.
Sterd
 
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Message par canardos » 27 Nov 2011, 12:35

en fait l'avenir de la voiture, ce n'est pas la batterie, mais l'utilisation comme carburant de l’hydrogène produit par thermolyse de l'eau en complément de l'électricité par un réacteur à haute température de 4ieme génération.

et en plus c'est totalement non polluant...
canardos
 
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Message par canardos » 27 Nov 2011, 16:44

Les réacteurs à très haute température font partie des 6 types de réacteurs retenus par le Forum Génération 4 qui regroupe les principaux pays producteurs d’énergie nucléaire.

l'interet de ce type de réacteur est que contrairement aux procédés actuels très polluants il permettrait de produire de l’hydrogène sans effet de serre en même temps que de l’énergie électrique

a écrit :

CONCEPT DE REACTEUR A GAZ A HAUTE TEMPERATURE :

VHTR – (Very High Temperature Reactor System)

La motivation principale pour le VHTR est la production d'hydrogène par un moyen non polluant, donc à partir de l'eau, car produire de l'hydrogène, à partir de gaz naturel par reformage, est polluant :

Q + CH4 + 2H2O -----> 4H2 + CO2

Aux USA, ce procédé (95%) consomme 5% du gaz naturel et produit 74 millions de tonnes de CO2.
La solution idéale consiste à séparer la molécule d'eau en H2 et O2 par un procédé thermochimique qui requiert 900°C (procédé S-I, soufre–iode) :
H2SO4 -----> H2O + SO3 (400-600°C)
SO3 -----> SO2 +1/2 O2 (800-900°C)
2 HI -----> H2 + I2 (200-400°C)
SO2 + 2 H2O + I2 ---- > H2SO4 + 2 HI aqueux (25-120°C)

Le réacteur VHTR doit produire la chaleur à 1000°C : un VHTR de 600 MWth produirait environ 60 000 t/an de H2 sans émission de gaz à effet de serre.

Au niveau des matériaux pour l'échangeur intermédiaire et pour une longévité raisonnable, les matériaux classiques, y compris les superalliages à base de nickel (Hastelloy X) semblent insuffisants. Les candidats de remplacement seraient des céramiques, ODS (oxyde dispersion strengthened alloys). Concernant les éléments du réacteur, les points à examiner sont les gaines des barres de contrôle, le supportage du cœur, l'enveloppe du cœur, la cuve du réacteur, etc.
• Pour le combustible, il faut essayer de garder une température de fonctionnement inférieure à 1250°C pour du SiC, évoluer vers un enrobage de ZrC permettant des températures plus élevées de 200°C,et viser probablement une combinaison de ces approches.



Ce réacteur devrait répondre en plus aux critères suivants fixés par les pays participant aux forum génération IV:

sûreté nucléaire : le réacteur est sûr par conception[réf. nécessaire] de par sa faible puissance volumique (6,5 W/cm3) et par la grande quantité de modérateur autour du combustible - celle-ci constituant un réservoir de chaleur permettant de temporiser en cas de perte de réfrigérant[réf. nécessaire] ;

compétitivité économique grâce à une conception modulaire et à la simplicité du design;

économie de combustible et réduction du volume des déchets radioactifs ;

résistance à la prolifération nucléaire : comme tout uranium utilisé dans les applications civiles, son enrichissement ne devrait pas dépasser pas 5 % ce qui rendrait son utilisation à des fins militaires impossible en l'état (une bombe nécessite un enrichissement largement supérieur). D'autre part, il serait conditionné dans la particule TRISO ; une bille d'un millimètre de diamètre dont le cœur en uranium est enrobé de plusieurs couches de carbone et de carbure de Silicium. L'uranium devrait par conséquent être séparé de ces autres composants avant de pouvoir être utilisé.

bien sur, les écolos de tout poil qui n'ont d'écologistes que de nom sont contre tout réacteur de recherche dans ce domaine...ils tiennent bien plus à leur peur qu'à la lutte contre l'effet de serre et à la recherche de source de remplacement pour le pétrole et le gaz en voie d'épuisement. Sans doute sont-ils pour l'obtention de carburants synthétiques à partir du charbon, la pire des solutions en matière de gaz à effet de serre et de pollution...

Décidément la lutte pour l'écologie est quelque chose de trop sérieux pour être laissée aux écologistes, simples idiots utiles (dans le meilleur des cas) ou serviteurs dociles au service d'un capitalisme à courte vue qui trouve plus rentable et moins couteux de miser sur le tout charbon et qui est en train d'entrainer la planète dans une crise écologique et énergétique catastrophique.

canardos
 
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Message par Matrok » 28 Nov 2011, 11:23

(canardos @ dimanche 27 novembre 2011 à 11:35 a écrit : en fait l'avenir de la voiture, ce n'est pas la batterie, mais l'utilisation comme carburant de l’hydrogène produit par thermolyse de l'eau en complément de l'électricité par un réacteur à haute température de 4ieme génération.

et en plus c'est totalement non polluant...

Idée reçue, hélas. La voiture à hydrogène, ça n'est non-polluant que dans la mesure où l'on peut obtenir de l'électricité de façon non polluante. Par exemple, la voiture électrique ou à hydrogène en Chine ou aux Etats-Unis aujourd'hui, ce serait bien plus polluant que la voiture à essence ou à biocarburant. Quant aux réacteurs de 4ème génération, encore faut-il les construire... et stocker/retraiter leur déchets (car non, même avec ça ce n'est pas "non polluant).
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Message par canardos » 28 Nov 2011, 11:32

heu, matrox, quand je disais non polluant c'était seulement dans le cas ou l'hydrogene serait produit par un réacteur VHTR

a écrit :

en fait l'avenir de la voiture, ce n'est pas la batterie, mais l'utilisation comme carburant de l’hydrogène produit par thermolyse de l'eau en complément de l'électricité par un réacteur à haute température de 4ieme génération.



évidemment il y a la pollution liée à la construction du réacteur mais c'est quand même pas grand chose.

quand aux déchets, plusieurs des types de réacteurs de 4ieme génération devraient permettre de les "bruler" en transformant les éléments radioactifs à longue durée de vie en éléments radioactifs à très courte durée de vie. c'est même pour ça que le stockage en profondeur des déchets radioactifs à longue durée de vie n'est pas la meilleure solution.
canardos
 
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Message par redspirit » 30 Nov 2011, 01:12

Je reviens une dernière fois sur le bilan de Tchernobyl.
J’ai trouvé sur ce site quelques pages du livre de Tchertkoff dans lesquelles Nesterenko donne plus d’explications par rapport à cette question de la masse critique :
http://bellver.wordpress.com/2011/03/16/ce...illeur-des-cas/

Il ne s’agit pas ici de discuter de la qualité de la source, mais bien du contenu des explications de Nesterenko. J’ai lu des critiques bien plus nuancées que la position de canardos et Sterd à leurs sujets, notamment sur le forum de Futura Science. Chacun pourra s’y référer.

Pour le reste, je n’ai rien à ajouter. Aurengo est un proche de Pellerin, il faut quand même le garder à l’esprit.

Nous divergeons dans l’évaluation du risque potentiel associé à l’énergie nucléaire à travers cette question du bilan de Tchernobyl. Ces divergences portent aussi bien sur les conséquences passées, présentes et futures de la catastrophe.
Je combats en conséquence deux types d’affirmations :
1. "Tchernobyl est le pire scénario qui pouvait se produire". Sous-entendu : le risque qu’une telle catastrophe se reproduise est négligeable. C’est simplement irresponsable.
2. "Tchernobyl n’a fait que 4 000 morts (l’OMS dit 16 000 mais bon) ce qui n’est rien relativement au charbon". Pour moi, les conséquences de Tchernobyl sont aussi présentes et futures. Je cite un biologiste, Miserey :

a écrit :Dans les territoires contaminés par Tchernobyl (Biélorussie, Russie, Ukraine), plus de deux millions de personnes ingèrent chaque jour des faibles doses de radioactivité. Dix-neuf ans après l'accident, on ne sait toujours pas quelles conséquences peut avoir cette contamination sur la santé humaine, et tout particulièrement celle des enfants. Les autorités locales ne souhaitent pas le savoir, craignant des difficultés supplémentaires. La communauté scientifique met en doute les diagnostics catastrophistes rapportés par certains médecins ou chercheurs car ils ne correspondent pas aux modèles établis par Hiroshima-Nagasaki.


Or établir des prévisions sur la base de ces modèles est critiquable. A Hiroshima et Nagasaki, il y a eu des explosions de bombes atomiques suivies uniquement de radiations extérieures homogènes. La réaction thermonucléaire y étant allée jusqu'au bout et il n'y a pas eu au Japon de contamination de sol. La situation autour de la centrale de Tchernobyl est différente : l'incendie de la centrale a provoqué la libération dans l'atmosphère de centaines de tonnes de matière radioactive dont les radionucléides se désintègrent à des vitesses différentes. Le sol de la Biélorussie a absorbé 70% des radionucléides de Tchernobyl par exemple.

Par ailleurs, quand on voit que les autorités japonaises ont doublé le seuil légal dans une perspective purement économique, sans se préoccuper des conséquences sanitaires auprès de sa population des retombées radioactives, on peut quand même rester très sceptique sur l'impact futur de Fukushima.

A l’attention de Luc, voici quelques précisions sur les malformations provoquées par Tchernobyl :

a écrit :IV - Malformations à la naissance

1 - Rappels sommaires

L'irradiation crée des mutations dans les cellules somatiques pouvant conduire à des cancers. Les cellules de reproduction peuvent elles aussi subir des mutations qui seront transmises aux descendants en accroissant le fardeau génétique. Les effets génétiques sur les êtres humains sont mal connus car ils impliquent des temps d'observation de longue durée et les données génétiques sont surtout animales.
Du point de vue de la radioprotection, on admet que les rayonnements ionisants agissant sur les cellules de reproduction (gamètes) peuvent créer des mutations géniques et des aberrations chromosomiques qui se traduiront par des affections héréditaires dans les générations suivantes. Une des plus simples catégories de dommages mutationnels concerne les maladies et malformations causées par une seule mutation dominante, c'est le cas par exemple de la polydactylie dont il sera question plus loin.

Ces effets sont stochastiques (non déterministes), ce qui veut dire qu'à dose reçue égale certains auront une descendance affectée, d'autres pas. Le risque génétique du rayonnement définit le nombre de descendants affectés à la première génération et dans les générations suivantes à l'équilibre.

On admet que la relation entre les effets et la dose est linéaire, sans seuil. D'après l'UNSCEAR (Comité scientifique des Nations-Unies sur les effets des radiations atomiques) pour 1 million d'enfants nés vivants issus de parents exposés à 0,01 sievert on compterait environ 18 affections héréditaires sévères supplémentaires : le facteur de risque est 0,18 10-2 par sievert pour la première génération. Il est 1,2 10-2/Sv à l'équilibre des générations, valeur voisine de celle admise par la Commission Internationale de Protection Radiologique 10-2/Sv en 1990 (publication CIPR 60). Ces estimations correspondent à une dose de doublement du risque naturel de 1 sievert.

Certains généticiens, comme V.A. Chevtchenko (Institut Vavilov de génétique générale, Moscou) pensent que ces valeurs sous-estiment notablement le risque génétique.

2 - En Belarus, augmentation des malformations congénitales depuis Tchernobyl, principalement dans les régions les plus contaminées.

L'augmentation des malformations congénitales observée en Belarus est très supérieure à ce qui peut être prédit d'après les estimations de l'UNSCEAR.

Les données sont centralisées à l'Institut des maladies héréditaires de Minsk.
Sources : G. I. Lazjuk et al dans Radiation Protection Dosimetry, n1/2, 1995, p. 71-74, " Changements dans l'incidence des anomalies héréditaires en République de Belarus après l'accident de Tchernobyl " et dans les Actes du symposium Belarus-Japon " Conséquences immédiates et différées des catastrophes nucléaires : Hiroshima-Nagasaki et Tchernobyl ", 3-5 oct. 1994, Minsk.
Avortements légaux : augmentation des malformations dans les zones contaminées.
En Belarus existaient, bien avant Tchernobyl, des registres des malformations observées sur les foetus provenant des avortements légaux.

Entre 1980 et 1991 l'analyse de plus de 21000 foetus ne montre pas de changement depuis Tchernobyl dans la fréquence des malformations enregistrées pour les villes de Minsk et Gomel qui est de 4,93%. Par contre dans les zones rurales contaminées des régions administratives de Gomel et Moghilev cette fréquence atteint 7,97% et cette augmentation est statistiquement significative par rapport à la ville de Minsk qui sert de témoin (p<0,05).
Une augmentation significative (p<0,05) de la fréquence concerne la polydactylie, les reins doubles, reins en forme de sabot ("horseshoe kidney"), urètre double, bec de lièvre et fente palatine. On note aussi une augmentation des défauts du tube neural.
Il n'a pas été constaté d'augmentation statistiquement significative de monosomie ou de trisomie ni d'effets tératogènes qui résulteraient d'effets du rayonnement sur les organes en formation de l'embryon.
(D'après les informations rapportées par le Pr M. Fernex, le nombre d'avortements thérapeutiques pour indications génétiques augmente régulièrement depuis Tchernobyl alors que le nombre de grossesses a diminué de 30%).

Malformations congénitales chez les nouveaux-nés : l'incidence augmente avec le niveau de contamination radioactive du sol.

Le registre national des malformations congénitales date de 1979 et les méthodes d'enregistrement sont comparables à celles du système européen EUROCAT pour les malformations à enregistrement obligatoire qui représentent 44 à 50% de toutes les malformations congénitales enregistrées en Belarus.
Les auteurs comparent l'incidence des malformations enregistrées au cours de deux périodes, antérieure à l'accident (1982-1987) et postérieure à l'accident (1987-1993) pour 1000 nouveaux-nés, dans les différents districts classés selon leur niveau de contamination en césium 137.
L'étude considère trois régions à niveaux de contamination différents :
- région "témoin", comportant 30 districts [considérés comme "légalement" non contaminés] où le niveau de contamination en Cs137 est inférieur à 1Ci/km2
- région où la contamination est comprise entre 1 et 15 Ci/km2, 54 districts.
- région où la contamination est supérieure à 15 Ci/km2, 17 districts.
L'incidence des malformations à déclaration obligatoire a augmenté en Belarus depuis 1987 :
L'augmentation est de 39% dans les districts "témoins" et elle croît avec le niveau de contamination du sol, 44% pour les districts contaminés entre 1 et 15 Ci/km2 et 79% pour ceux contaminés à plus de 15 Ci/km2.
Ainsi tout le territoire est concerné, y compris celui qui est considéré comme "légalement" non-contaminé. Il est donc clair que la catastrophe de Tchernobyl a induit dans toute la république de Belarus des malformations, visibles tant chez les nouveaux-nés que dans les foetus issus des avortements légaux.
Parmi les malformations à déclaration obligatoire dont la fréquence a augmenté depuis Tchernobyl d'une façon statistiquement significative dans les régions contaminées à plus de 1 Ci/km2 on trouve essentiellement la polydactylie et les malformations multiples, l'atrophie ou l'absence de membres ainsi que l'anencéphalie, spina bifida, bec de lièvre et malformation du palais.
Pour tester l'hypothèse de mutations dans les gamètes qui seraient responsables des malformations observées, Laziuk et al ont tenté de relier malformations congénitales et doses d'irradiation pré-conceptuelles qu'auraient reçues les parents, déduites de mesures cyto-géniques par dénombrement des aberrations chromosomiques dans le sang. Ils n'ont pas trouvé de corrélation statistiquement significative.

Malformations à composante mutationnelle nouvelle : polydactylie et malformations multiples

Les auteurs s'intéressent particulièrement aux malformations pour lesquelles est reconnu le rôle d'une composante mutationnelle nouvelle (de novo). En Belarus trois anomalies à déclaration obligatoire comportent la contribution d'une mutation nouvelle à caractère dominant. Il s'agit de la polydactylie et des malformations multiples dont la fréquence a augmenté considérablement dans les régions contaminées et aussi de l'atrophie des membres pour laquelle l'augmentation est moins prononcée.
Il n'a pas été observé d'augmentation, dans les districts les plus contaminés. de trisomie 21(syndrome de Down), maladie chromosomique la plus commune due à une mutation nouvelle. [Remarquons qu'on manque de renseignements sur les avortements spontanés alors que d'après B. Dutrillaux 50% des fausses-couches spontanées sont dues à une anomalie chromosomique du foetus].
Laziuk et al indiquent : " Cependant on ne peut exclure la possibilité d'un effet mutationnel additionnel sur les gamètes parentaux car on observe une augmentation statistiquement significative de la polydactylie, facile à diagnostiquer, tant dans les foetus issus d'avortements que chez les nouveaux-nés, ainsi qu'une nette augmentation des malformations multiples ".
Il est indéniable que la fréquence des malformations congénitales a augmenté en Belarus suite à Tchernobyl et que l'augmentation observée est notablement supérieure à ce qui est prévu d'après les estimations internationales sur les effets génétiques du rayonnement. Outre le rayonnement, d'autres facteurs défavorables de conditions de vie découlant de la catastrophe peuvent intervenir dans cette poussée de la fréquence des malformations mais les auteurs précisent dans leur conclusion :
" (...) l'augmentation dans les zones contaminées des fréquences de maladies congénitales particulières [polydactylie, malformations multiples et atrophie des membres] avec mutation héritée à caractère dominant est une preuve indirecte de leur relation avec les rayonnements ionisants " (Actes du Symposium Belarus-Hiroshima-Nagasaki, oct. 1994).
Insistons sur le fait que cette étude montre sans ambiguïté qu'il est impossible de trouver en Belarus une population "témoin" non affectée par les retombées de Tchernobyl. Les études tant sur les effets génétiques que sur les effets somatiques sont vouées à des études internes de tendance en fonction des doses reçues et plus sommairement en fonction des niveaux de contamination des lieux de résidence vu la difficulté de "reconstruire" les doses reçues par les habitants.

3 - En Ukraine, l'exemple des malformations du système nerveux central chez les nouveaux-nés

Le Dr Boulgakov (du ministère de la santé ukrainien) nous avait indiqué que le nombre de fausses-couches ayant pour cause des anomalies du système nerveux central du foetus était passé de 2% en 1987 à 18% en 1991.
Dans le rapport ukrainien de l'institut de neuro-chirurgie de Kiev cité précédemment, Yu. A. Orlov analyse l'évolution de la fréquence des anomalies de développement et des tumeurs cérébrales chez les enfants avant et après Tchernobyl, de 1981 à 1991.
L'incidence des cancers cérébraux des enfants a augmenté de 51,2% en Ukraine de 1986 à 1991.
L'assistance médicale pour causes d'anomalies de développement cérébral a augmenté de 63,7% pendant les 5 ans qui ont suivi Tchernobyl : on note une augmentation des cas de spina bifida. les cas d'hydrocéphalie ont doublé (augmentation de 110,4 %).


Les travaux auxquels je me référais à ce sujet sont ceux de Youri Bandazhevsky. Il a nourri des hamsters avec de l’herbe de la région de Gomel (une zone contaminée de Biélorussie) et a constaté une augmentation sensible du nombre de malformations observées à la naissance.

J’en resterai là sur cette question, je pense qu’il ne serait pas constructif de poursuivre plus loin. D’autant que le choix du nucléaire ne se limite pas au risque potentiel inhérent à cette technologie.
redspirit
 
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Message par luc marchauciel » 30 Nov 2011, 07:27

Redspirit, ta méthodologie est fluctuante.

D'abord, à prpos de quelques pages d'un livre qui détaille les positions de Nesternko, tu dis :

a écrit :
Il ne s’agit pas ici de discuter de la qualité de la source, mais bien du contenu des explications de Nesterenko


puis, plus loin, tu te sens quand même obligé de rappeler :

a écrit :
Pour le reste, je n’ai rien à ajouter. Aurengo est un proche de Pellerin, il faut quand même le garder à l’esprit.


Faut savoir, tu veux que soient jugées les explications [par qui en a les compétences] ou les sources ?
Sur ce dernier point : qu'un spécialiste français de la radioprotection soit "un proche" d'un autre spécilaiste français de la radioprotection ne bouleversera pas mon regard sociologique sur le monde.

T'as pas indiqué ta source pour ton document sur les malformations des enfants. [je dis pas ça pour la discréditer, je le demande pour la connaître]

Dans ce rapport :
http://www.industrie.gouv.fr/debat_energie...pdf/aurengo.pdf

Aurengo [un proche de Pellerin, donc...] dit ça :

a écrit :
Les malformation congénitales
Le nombre des naissances a fortement diminué en Ukraine et en Biélorussie, pratiquement divisé par deux en quinze ans.
L'estimation de l'augmentation éventuelle de l'incidence des malformations congénitales ne peut être faite ni par simple
dénombrement car elles sont spontanément fréquentes (2 à 5 % des naissances) ni en comparant leur incidence avant et après
1986 car la qualité du recueil des données peut avoir changé. Le Registre des malformations de la Biélorussie montre une
augmentation de l'incidence globale commencée avant 1986, mais pas de différence entre les zones contaminées et non
contaminées. Une étude de 1997 montre à l'inverse une augmentation de l'incidence des malformations congénitales sur les
foe tus après IVG. Trois études conduites sur plus de 20 000 grossesses dans trois régions de Russie ont cherché une variation
du taux d'anomalies (malformations, prématurité, mortalité néonatale) selon la contamination locale. Elles donnent des résultats
contradictoires et seule la diminution du nombre des naissances est systématiquement retrouvée.
Les malformations congénitales radio-induites sont bien connues et la conduite à tenir en cas d'irradiation accidentelle d'une
femme enceinte est bien codifiée : les irradiations pendant la première semaine conduisent à un avortement spontané ; ensuite,
la plupart des auteurs s'accordent pour dire qu'aucune mesure particulière n'est nécessaire pour des doses à l'embryon ou au
foetus inférieures a 50 mSv, et qu'une interruption thérapeutique de grossesse est recommandée si la dose dépasse 200 mSv.
Entre ces deux seuils, les attitudes pratiques dépendent du contexte. Dans les zones les plus contaminées du nord de l'Ukraine
99,9 % des femmes ont reçu moins de 100 mSv cumulés pendant la période 1986-1997, ce qui représente moins de 7 mSv
pendant la durée d'une grossesse. Ces chiffres montrent l'impossibilité de l'épidémie massive de malformations que certains
médias alarmistes ont voulu accréditer.


luc marchauciel
 
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Message par redspirit » 30 Nov 2011, 12:33

(luc marchauciel @ mercredi 30 novembre 2011 à 07:27 a écrit : Redspirit, ta méthodologie est fluctuante.


J'ai fait cette remarque sur le livre de Tchertkoff, car pour l'avoir parcouru je pense qu'il est discutable sur certains points. Soyons clair : je ne pense pas que ce livre fasse preuve d'une grande rigueur scientifique. Néanmoins, ce n'était pas l'objet ici. Je voulais simplement éviter une réponse de type : "le livre de Tchertkoff est un tissu d'âneries" pour pouvoir discuter de ce que racontait Nesterenko dans le livre.

Je n'ai pas précisé la source sur laquelle j'avais trouvé le texte sur les malformations puisqu'il s'agit d'un forum et que par ailleurs, il est indiqué dans le texte d'où proviennent les résultats (les sources sont dans le texte).
Après vérification, l'auteur du texte est membre du GSIEN (groupe scientifique pour l'information sur l'énergie nucléaire).
redspirit
 
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Message par Oel » 04 Déc 2011, 20:34

Je n'ai pas assez de connaissances pour savoir s'il est judicieux ou possible de sortir du nucléaire sous le socialisme, en tout cas sous le capitalisme je préfère déjà défendre les emplois mais l'écologie est aussi important alors ce n'est pas évident.
Apparemment CE SITE est aussi enthousiaste dans la fission du thorium plutot que celle de l'Uranium. Mais bon si areva voulait passer au thorium il y aurait moins de profit, les actionnaires ne seraient pas rassurés et vu qu'ils tiennent tout :altharion:

aujourd'hui on ne sait qu'utiliser la fission, et il y a trois noyaux fissile je crois sans etre sur (uranium/plutonium/thorium). L'uranium a été choisi un peu au pif donc pour moi le thorium aussi est tout à fait envisageable vu qu'on a manquer d'uranium et que le thorium présente des avantages !

Que pensez-vous du thorium ?
Oel
 
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