(charpital @ mardi 19 août 2008 à 19:16 a écrit : Déja, il est étonnant de séparer (comme a l'air de le faire Luc) science de la nature et science de la société. Que chacune des sciences particuliéres (la chimie, la biologie, la sociologie, l'histoire, la physique, la psychologie, pour n'en citer que quelques unes) a des terrains d'applications déterminés (quoique ça évolue en fonction de l'histoire des société et des découvertes) n'empéche qu'il y a quelque chose de commun a TOUTES les sciences, celle d'étre "matérialiste d'un point de vue épistémologique" et "dynamiques.
Ben, j'avais pas remarqué que je le faisais là, mais, effectivement, bien vu Charpital, c'est un truc que j'ai tendance à faire... Je crois bien que les "sciences humaines" et les "sciences de la nature" ne relèvent pas du même registre épistémologiques, et que les secondes sont plus "scientifiques" que les premières, parce que l'objet étudié des premières, les sociétés, c'est à dire des groupes d'être humains interagissant entre eux, est d'un tel degré de complexité et doit prendre en compte tellement de paramètres qu'il est probablement impossible de bâtir pour son explication d'authentiques "lois" ayant une réelle valeur prédictive. Et le "matérialisme" n'a pas ici le même sens : en histoire, par exemple, je vois vaguement ce que c'est une approche "matérialiste" (= qui s'intéresse avant tout à l'évolution des conditions "matérielles" de vie pour expliquer la dynamique des sociétés), mais ça ne résume pas toutes les approches possibles d'une société (notamment parce que les êtres humains sont en partie irrationels dans leur comportement, ce qui est une des raisons de la vanité des prétentions de scientificité de l'économie néo-libérale). Ou plutôt : il est plsu facile d'être "matérialiste" quand on étudie quelque chose pour lequel l'état de "matière" le résume quasi intégralement, ce qui n'est pas le cas des êtres humains, et encore moins des sociétés qu'ils ont bâties.
ll est beaucoup plus possible de dire le "vrai" dans les sciences de la nature que dans les sciences humaines, pour lesquelles la position politique et sociale du chercheur influe forcément beaucoup plus sur le résultat de ses travaux.
Mais je dis pas non plus que les sciences humaines c'est un discours sur le monde qui s'apparente à la littérature ou la poésie, ou que c'est juste de l'opinion (je précise au passage que dans la vie, je fais des sciences humaines, et que ça me ferait bien chier d'êre mis sur le même plan qu'un littérateur...). Il doit bien y avoir une visée (comme on dit au PC...) de scientificité dans les sciences humaines (qui ne passe pas seulement par l'érudition, mais aussi et surtout par des questions de méthode), mais faut pas non plus se la raconter, cela relève d'un autre ordre que la physique ou la bio.
- luc marchauciel
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a écrit :Ou plutôt : il est plsu facile d'être "matérialiste" quand on étudie quelque chose pour lequel l'état de "matière" le résume quasi intégralement, ce qui n'est pas le cas des êtres humains, et encore moins des sociétés qu'ils ont bâties.
a écrit :Darwin supposait que la croissance de la taille du cerveau et de l’intellect s’était produite avant la transition vers la marche debout et l’utilisation des mains pour façonner des outils. Engels pensait que la séquence des évènements s’était déroulée dans l’autre sens. C’est la libération des mains qui a rendu possible le travail coopératif à une échelle inimaginable chez les primates, et c’est à partir de là que le cerveau s’est développé. Comme le dit l’archéologue Bruce Trigger :
Darwin était... limité par sa réticence à remettre en cause la primauté que la pensée idéaliste, religieuse et philosophique de son temps accordait à la pensée rationnelle comme le moteur du changement culturel. Par conséquent, dans son raisonnement sur l’évolution humaine... c’était le développement du cerveau qui avait eu pour résultat l’usage des outils.5
A l’inverse :
Engels pensait qu’un mode de vie de plus en plus terrestre avait encouragé... l’utilisation croissante d’outils. Cela provoquait une sélection naturelle en faveur de la bipédie et de la dextérité manuelle aussi bien ... qu’une division du travail plus complexe : la fabrication d’outils et le développement d’une capacité de langage pour mieux coordonner les activités productives menèrent à la transformation graduelle du cerveau d’un singe en celui d’un être humain moderne...
La vision darwinienne de la séquence des étapes a dominé la recherche sur les origines humaines pendant près d’une centaine d’années, menant à la croyance en un ‘chaînon manquant’ entre les singes et les humains, qui aurait eu un cerveau volumineux mais une posture simiesque, remettant en cause toute l’étude de notre évolution. Cela a encouragé l’accueil réservé pendant une cinquantaine d’années à l’une des plus grandes fraudes scientifiques de tous les temps : l’affaire Piltdown, dans laquelle le crâne d’un homme et la mâchoire d’un singe furent présentés comme les restes d’un de nos ancêtres les plus reculés. Cela mena au refus, pendant trente ans, de prendre en considération une authentique découverte, celle faite par Raymond Dart en Afrique du Sud, des restes d’une créature simiesque qui avait adopté la marche sur deux jambes. Ce ne fut pas avant la découverte en 1974 par Donald Johanson d’un squelette complet vieux de 3,5 millions d’années, pourvu d’un crâne de singe et ayant adopté la marche debout, que la séquence de Darwin fut finalement abandonnée.6 C’est seulement alors que les archéologues purent commencer à expliquer l’évolution d’une série de squelettes vers une autre.7
(canardos @ mercredi 20 août 2008 à 07:55 a écrit :Jedi, ce que tu dis, c'est que des processus matériels qui se déroulent de façon dialectique il y en a partout dans toutes les disciplines scientifiques.
Ces processus, Marx et Engels en ont décrit certains , mais il n'y a que dans le domaine des société humaines qu'avec le matérialisme historique ils ont décrit de façon scientifique des règles générales d'évolution suffisamment précises pour pouvoir servir d'instrument prédictif et de guide pour l'action, bref qu'ils ont créé un instrument scientifique d'analyse.
(canardos @ mercredi 20 août 2008 à 07:55 a écrit :les écrits de marx d'engels et de lénine sur le matérialisme dialectique n'ont pas cette prétention. Ils visent seulement à expliquer que des processus dialectiques sont en oeuvre dans tous l'univers et pas seulement dans les sociétés humaines en s'appuyant sur les connaissances scientifiques de leur époque dont certaines datent un peu. Mais jamais Marx ou Engels n'ont prétendu définir pour chaque discipline scientifique quelles étaient précisément les forces mises en oeuvre et comment elles interagissaient de façon dialectique, ils se sont contenté de donner des exemples car leur but n'était pas de faire oeuvre scientifique mais de donner une vision matérialiste dialectique globale aux révolutionnaires socialistes et au mouvement ouvrier, de ressituer le matérialisme historique dans une vision matérialiste et dialectique plus globale.
(canardos @ mercredi 20 août 2008 à 07:55 a écrit :Prétendre que le matérialisme dialectique va plus loin et que l'analyse de Marx et d'Engels donne en elle même un instrument qui permet aux scientifiques eux même de mieux comprendre et analyser les phénomènes qu'ils observent, et donc de fonder de nouvelles théories, c'est aller plus loin que Marx et Engels et discréditer le marxisme en le présentant comme une boite à outils universelle car les processus dialectiques en oeuvre sont bien évidemment différents et seuls les scientifiques concernés peuvent en déterminer la nature et les règles.
(canardos @ mercredi 20 août 2008 à 07:55 a écrit :Encore une fois, c'est aux scientifiques de chaque discipline de définir les processus mis en oeuvre dans leur domaine. Après c'est aux marxistes de se servir de l'avancement des connaissances scientifiques pour montrer que ces processus sont dialectiques comme ceux qui régissent les sociétés humaines et pour défendre le matérialisme.
(jedi69 @ jeudi 21 août 2008 à 19:08 a écrit :(canardos @ mercredi 20 août 2008 à 07:55 a écrit :Prétendre que le matérialisme dialectique va plus loin et que l'analyse de Marx et d'Engels donne en elle même un instrument qui permet aux scientifiques eux même de mieux comprendre et analyser les phénomènes qu'ils observent, et donc de fonder de nouvelles théories, c'est aller plus loin que Marx et Engels et discréditer le marxisme en le présentant comme une boite à outils universelle car les processus dialectiques en oeuvre sont bien évidemment différents et seuls les scientifiques concernés peuvent en déterminer la nature et les règles.
Bon, là tu interprètes ce que je dis(c'est vraie que c'est énervant comment on caricature facilement sur le forum).
euh, là, je répondais surtout à ce que je pense avoir compris de la position de Barnabé et de Syvestre...
mais comme tu le disa écrit :Marx a innové en économie. Dans le capital Marx a corriger les économistes antérieurs et de son époque, a mis les mathématiques à l'endroit en les trempant dans ce fameux matérialisme dialectique. Bon, j'ai pas lu tout le capital, mais de ce qu'en dit Engels, il y a plein d'innovation dans cette oeuvre. Bon, je connais moins les calcules, les mathématiques abordés par Lénine, mais je sais qu'il a "défoncé" pas mal de statistiques, toujours armé de matérialisme dialectique, voire même que de dialectique d'Hegel, qu'il a fusionné au matérialisme, aux sciences, aux calcules de son époque.
oui, Marx et Engels ont forgé un outil operationnel pour la comprehension des sociétés humaines, le materialisme historique
pour le reste, ils se sont contentés de montrer en s'appuyant sur les travaux des scientifiques de leur époque que les processus du monde physique étaient également dialectiques...et ils se sont servis de ces travaux pour defendre une vision materialiste du monde. Ce n'est pas du tout la meme chose
- canardos
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