OGM

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par titi » 26 Juil 2004, 10:00

L'affsa a rédigé un rapport sur les OGM
Le Monde et Le Figaro ont font tous les 2 une longue analyse
c'est marrant, avec le meme rapport, ils en tirent 2 conclusions quasiment opposées !

Le Monde
a écrit :L'Afssa étudie d'éventuels bénéfices pour la santé
LE MONDE | 24.07.04 | 12h54

Le travail de l'Afssa montre qu'en l'état actuel des connaissances, les avantages des OGM pour le consommateur sont, au mieux, extrêmement limités. Elle plaide pour la poursuite de la recherche, mais pas pour une culture à grande échelle.
Les ogm présentent-ils des avantages pour le consommateur ? Compenseraient-ils les risques que ces organismes leur feraient courir et qui font l'objet d'intenses débats ? L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) tente de répondre à ces questions dans un rapport intitulé "OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer les bénéfices pour la santé ?", publié vendredi 23 juillet.  La réponse est un "oui, peut-être", mais elle est assortie de tant de nuances qu'elle s'apparente à un "presque non, mais il faut continuer les recherches".

Les experts de l'agence ont étudié quatre cas : le maïs résistant aux insectes, couramment cultivé en Amérique ; la betterave résistant aux herbicides, très peu cultivée ; un riz enrichi en vitamine A et des micro-organismes - les deux derniers étant à l'état de recherche de laboratoire. Les auteurs n'ont pas fait d'étude directe, mais ils ont analysé les articles scientifiques publiés sur les différents OGM.

Le cas le plus intéressant est celui du maïs, parce qu'il est déjà très répandu aux Etats-Unis. Le maïs transgénique produisant une molécule insecticide, il a, en principe, moins besoin de produits chimiques que le maïs conventionnel. Dès lors, il devrait y avoir moins de résidus de pesticides dans le maïs OGM, ce qui serait un bien pour la santé. Mais si la moindre consommation de pesticides est très nette pour le coton transgénique - ce qui entraîne une moindre exposition des agriculteurs aux produits chimiques -, cela est loin d'être évident pour le maïs, constate l'Afssa. En effet, la lutte chimique contre les insectes parasites du maïs conventionnel ne s'opère que sur une faible surface, si bien que "l'introduction de variétés de maïs Bt -transgénique- ne se traduit pas par une réduction importante des tonnages utilisés".

RÉSISTANCES À LA MOLÉCULE

D'autre part, même si la culture du maïs transgénique se généralisait, expliquent les auteurs, il faudrait toujours continuer à utiliser des insecticides : en effet, afin d'éviter que des résistances à la molécule produite par l'OGM apparaissent, il est nécessaire de conserver des "refuges", zones de maïs non transgénique où l'on continue à utiliser des insecticides. Au total, le gain éventuel en produits chimiques permis par le maïs Bt, tel qu'il se traduit dans l'assiette du consommateur, "ne peut être démontré aujourd'hui".

Dans tout ce raisonnement, les experts de l'Afssa omettent d'analyser précisément le cas de l'agriculture biologique. Celle-ci se fonde sur le refus de l'emploi de produits chimiques. L'oubli de l'agence est d'autant plus regrettable que ce type d'agriculture se présente de plus en plus comme une alternative aux OGM. Il conviendrait donc de l'étudier avec le même soin que les autres méthodes agronomiques.

En revanche, le rapport met en évidence un avantage inattendu du maïs OGM : il serait moins sujet que le maïs conventionnel aux mycotoxines, moisissures liées à des petits champignons et qui sont toxiques. Cependant, il n'existe qu'un nombre "limité d'études traitant spécifiquement du sujet" et "la meilleure qualité nutritionnelle liée à une moindre contamination probable en mycotoxines (...) reste à démontrer", analysent les experts de l'agence.

Sur les autres cas examinés, l'Afssa est encore moins affirmative. Pour ce qui est de la betterave sucrière, "les procédés d'épuration et de cristallisation conduisent à une absence de résidus détectables d'herbicides dans le sucre blanc". L'emploi d'une betterave transgénique ne changerait donc rien pour le consommateur. Le riz enrichi en vitamine A semble, en revanche, plus prometteur. Très intéressant sur le plan scientifique, il ne s'agit cependant que d'un projet de recherche : "L'étape franchie n'a pas permis d'aller au-delà de la preuve du concept", regrettent les experts de l'Afssa. Quant aux micro-organismes transgéniques, il est trop tôt pour se forger un avis, note le rapport, pour qui l'inventaire de leurs bénéfices comme de leurs risques reste à faire.

Au total, le travail de l'Afssa montre qu'en l'état actuel des connaissances, les avantages des OGM pour le consommateur sont, au mieux, extrêmement limités. Elle plaide pour la poursuite de la recherche, mais pas pour une culture à grande échelle.

Hervé Kempf


Le Figaro
a écrit :OGM : le rapport de l'Afssa qui brise les tabous
Alors qu'hier la Confédération paysanne et les Verts estimaient «légitime» d'arracher des plants d'OGM expérimentaux, un rapport de l'Afssa, rédigé par une vingtaine d'experts français souligne – avec quelques précautions – que certains OGM pourraient au contraire être bénéfiques pour la santé, en réduisant l'utilisation de pesticides et en permettant la production d'aliments ayant des qualités nutritionnelles améliorées.

Martine Perez
[26 juillet 2004]


La coïncidence de la publication, en fin de semaine dernière, d'un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) mettant en avant les bénéfices des OGM, avec la fronde des anti-OGM ce week-end n'est sans doute pas fortuite. Elle contribue en tout cas à relancer le débat. Les conclusions de ce rapport vont à l'encontre de l'opinion publique européenne qui, selon les sondages, se déclare majoritairement opposée aux OGM par crainte des «risques». En revanche, il va dans le même sens que celui des Académies des sciences et de médecine qui, en 2002, estimaient que les bénéfices des OGM dépassaient leurs éventuels risques – rapport conspué à l'époque par les associations écologiques.


Il y a plus de trente ans, a été inventée la transgenèse qui permet d'insérer un nouveau gène dans une plante pour lui faire acquérir des propriétés nouvelles. Les OGM étaient nés. Les effets des OGM dépendent donc du gène ajouté et de la protéine qui en découle. Il est par conséquent impropre de parler de manière générale des OGM, mais on peut s'intéresser à chaque OGM particulier. C'est ce que propose le rapport de l'Afssa – «OGM et alimentation, peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ?» – qui se penche sur le maïs et le coton modifiés pour résister aux insectes, la betterave OGM tolérante à un herbicide, le riz transgénique enrichi en vitamine A...


Dans les années 80, plusieurs plantes, notamment le maïs et le coton, ont été génétiquement modifiées par l'introduction d'un gène dit Bt (Bacillus Thuringiensis) leur conférant une résistance aux insectes ravageurs, dans le but de réduire le recours aux insecticides considérés comme toxiques pour l'environnement et l'homme. Les champs de maïs Bt et de coton Bt ont connu un développement considérable depuis près de quinze ans dans le monde (Etats-Unis, Canada, Brésil, Chine...).


Avec quel impact sur la réduction des quantités de pesticides ? «L'introduction de nouvelles variétés résistantes aux attaques d'insectes permet de diminuer considérablement la quantité de traitement insecticide, en particulier sur la culture du coton, répondent les experts de l'Afssa. Aux Etats-Unis, des estimations pour l'année 2001 avancent une réduction de 2 000 tonnes liées à l'utilisation de variétés Bt pour le maïs et le coton.» Selon le rapport, dans les pays en voie de développement, l'introduction du coton Bt coïncidant avec une moindre utilisation de pesticides aurait des répercussions sur la «santé» de l'environnement, «et sur la santé de ceux qui manipulent ces produits, souvent sans les précautions requises».


Par ailleurs, souligne le rapport, de façon totalement imprévue et confirmée seulement a posteriori, «l'introduction de variétés de maïs Bt permet de diminuer dans de nombreuses situations la contamination en mycotoxines (NDRL, toxines produites par des champignons) consécutives aux attaques d'insectes sur la plante et le grain de maïs... Cela devrait avoir une incidence, difficile à mesurer pour l'instant, sur la santé des animaux d'élevage auxquels est destinée en priorité la production de maïs grain et donc sur la qualité des produits animaux consommés par l'homme». Et les experts de considérer que l'introduction de nouvelles variétés de plantes résistant aux attaques d'insectes aurait «un double effet bénéfique» sur la santé en diminuant l'exposition du consommateur tant aux insecticides qu'aux mycotoxines.


Le rapport analyse ensuite le cas plus ambigu de la betterave sucrière tolérante au glyphosate (un herbicide). Actuellement, les cultivateurs font appel pour les betteraves traditionnelles à sept produits herbicides différents qui, aux concentrations utilisées, sont considérés comme sans risque pour la santé. La betterave OGM permet, elle, l'usage du glyphosate, un herbicide ayant des caractéristiques différentes. «Dans le cas particulier de la betterave (traditionnelle), les procédés d'épuration et de cristallisation conduisent à une absence de résidus détectables d'herbicides dans le sucre blanc. On ne peut donc pas attendre que la réduction de leur utilisation ait un effet bénéfique sur la santé des consommateurs, reconnaissent les experts. Par contre, la question reste posée pour l'agriculteur et l'environnement. Le glyphosate présente un risque plus limité pour l'agriculteur, en revanche il serait susceptible de présenter des inconvénients plus grands pour l'environnement...»


Certains OGM, comme le riz enrichi en vitamine A, pourraient réduire dans les pays en voie de développement certaines carences. C'est du moins ce qu'affirment les promoteurs des OGM, tandis que leurs détracteurs estiment que ces arguments sont fallacieux et que l'on peut lutter contre la malnutrition, avec des méthodes classiques. Le rapport, sans clore le débat, estime que «les travaux sur le riz doré montrent que la conception et l'élaboration de plantes transgéniques à des fins nutritionnelles, notamment au bénéfice des pays en voie de développement, ne sont pas une utopie».


L'évaluation des risques liés aux OGM destinés à la consommation est paradoxalement difficile car, souligne le rapport, «aucun problème de santé, qu'il s'agisse de toxicité ou d'allergénicité, n'a pu être spécifiquement attribué à un OGM sur le marché». Cela suffit-il pour dire qu'il n'y a pas de danger ? «Cela n'exclut pas qu'il puisse exister un risque. Mais aujourd'hui, celui-ci ne peut être ni précisément identifié, ni a fortiori quantifié», répondent les experts.

Le groupe d'experts a choisi de s'intéresser aux bénéfices, parce que, actuellement, «seuls les risques sont mis en avant» et qu'il est impossible de faire avancer le débat, sans un bilan du rapport entre les bénéfices et les risques.
titi
 
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Message par titi » 26 Juil 2004, 14:57

au fait, le lien du rapport de l'afssa
titi
 
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Message par Barikad » 27 Juil 2004, 08:57

a écrit : 
Maxime Schwartz a présidé le groupe de chercheurs qui a exploré l'impact sanitaire des plantes transgéniques.
«Il faut aussi évaluer les bénéfices des OGM»


Par Corinne BENSIMON
mardi 27 juillet 2004 (Liberation - 06:00)




«OGM et alimentation : peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé ?» Alors que José Bové et un millier d'opposants aux plantes transgéniques ont passé leur week-end dans le Larzac à arracher des plants de maïs transgénique et à dénoncer les menaces nourries par ces épis (lire ci-dessous), la question d'éventuels bénéfices des OGM sonne comme une boutade. Elle est pourtant tout à fait sérieuse puisqu'elle est le titre ­ et l'objet ­ d'une expertise scientifique publiée ce même week-end par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Réalisée par 19 chercheurs, membres du comité d'experts «Biotechnologie» de l'agence, cette étude menée durant deux ans questionne les éventuels bienfaits pour la santé humaine apportés par quatre types d'organismes transgéniques : plantes résistantes aux attaques d'insectes, plantes (betterave) tolérant l'herbicide glyphosate (molécule de base du Round-Up de Monsanto), plantes enrichies en précurseur de vitamine A (le fameux «riz doré»), micro-organismes de divers usages (dépollution, production de protéines pharmaceutiques...). Rien, dans ces conclusions, ne permet de faire radicalement pencher la balance en faveur des pro-OGM ou de leurs adversaires. En effet, si les risques sanitaires de ces OGM restent pure spéculation, leurs bénéfices ­ théoriquement plus probables ­ semblent quantitativement ténus, voire difficiles à mesurer en l'état des connaissances. Entretien avec le biologiste Maxime Schwartz, ancien directeur de l'Institut Pasteur, président du comité d'experts «Biotechnologie» de l'Afssa.

Vous avez choisi d'évaluer les bénéfices pour la santé de quatre types d'OGM et non leurs risques ? Pourquoi ce renversement ?

C'est en effet une approche nouvelle que lance ainsi l'Afssa. Elle s'inspire du domaine du médicament où l'on établit toujours un bilan des bénéfices et des risques d'un nouveau produit, avant sa commercialisation. Ce type d'évaluation est totalement absent des procédures préludant à la commercialisation d'un aliment transgénique. Il serait pourtant intéressant de leur appliquer cette approche. Les plantes transgéniques actuellement commercialisées ont été conçues pour apporter un bénéfice économique au cultivateur et à l'industriel qui vend les semences et les phytosanitaires. Mais le consommateur exige aussi qu'on lui démontre le bénéfice de ces aliments qui lui semblent a priori «à risque» car ils sont issus d'une innovation technologique. Des questions, dès lors, s'imposent à l'expertise : ce bénéfice existe-t-il ? Peut-on ensuite établir un bilan du rapport bénéfice-risque pour chaque OGM ? Actuellement, l'expertise est focalisée sur l'évaluation des risques. En 2002, les Académies des sciences et de médecine avaient rendu des rapports qui concluaient à leur absence. Cependant, cela ne dit rien des bénéfices pour la santé du consommateur. Nous avons donc cherché à savoir s'il était possible de les évaluer. Nous avons compilé la littérature scientifique sur le sujet ­ qui n'est pas nombreuse, d'ailleurs ­ et étudié notamment le cas des OGM les plus courants.

A quelles conclusions parvenez-vous ?

Globalement, ces OGM présentent des bénéfices potentiels, théoriques, mais ceux-ci ne sont pas entièrement démontrés, voire pas démontrés du tout. Il est donc important de faire plus de recherches. Prenons le cas des plantes résistantes aux insectes. Leur culture a induit une baisse d'utilisation des pesticides. Or on sait que les pesticides sont des molécules qui ont potentiellement des effets néfastes sur la santé. On peut donc supposer que leur réduction est bénéfique à la santé de l'agriculteur et du consommateur. Mais quelle est l'ampleur de ce bénéfice en réalité ? Ce n'est pas si simple à évaluer. Notamment parce qu'il y a peu d'études qui détaillent l'impact de l'utilisation des pesticides sur la santé de la population. Il est donc difficile de mesurer le bénéfice de leur réduction. On en est donc au stade de la présomption de bénéfice.

Et qu'en est-il des plantes tolérantes à un herbicide universel ?

Le bilan est encore plus ambigu. Ces plantes permettent d'utiliser un herbicide plutôt que plusieurs autres. Il s'agit donc de lancer des recherches permettant d'évaluer le bénéfice du remplacement de plusieurs molécules par une seule autre.

Vous avez également étudié le cas d'un OGM qui en est au stade de la recherche, le «riz doré»...

Ce riz a été génétiquement modifié afin de pallier les carences en vitamine A, courantes dans certains pays en développement. Il y a eu une grande polémique autour de la quantité de «riz doré» qu'il fallait manger pour résoudre cette carence : la «fourchette» allait de quelques dizaines de grammes à plus de trois kilos. Nous avons exploré les données sur ce riz, trouvé l'origine scientifique de la controverse, qui ne peut être tranchée aujourd'hui car ce riz n'est pas au point. Mais l'important est ailleurs : ce riz est le prototype de ces OGM de «deuxième génération», ces plantes transgéniques conçues précisément pour répondre à un problème de santé du consommateur. Or ces futurs OGM devraient être soumis, estimons-nous, à une évaluation de leur bilan bénéfice-risque.

Vous regrettez que les OGM actuellement autorisés n'aient pas été soumis à ce type d'évaluation. Faudrait-il remettre en cause ces autorisations ?

Absolument pas, car ces plantes ne présentent pas de risques sanitaires. Mais il serait souhaitable à l'avenir de procéder à une évaluation des bénéfices pour le consommateur. Et pas seulement en termes de santé. Il faudrait aussi évaluer les bénéfices économiques, pour la filière, pour le cultivateur. On pourra alors voir si le bilan bénéfice-risque est globalement positif, et pour qui.
Barikad
 
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