par volodia » 10 Sep 2005, 21:27
Science et Vie subit, comme de façon à peine moins visible "la Recherche" et je crois l'ensemble de la presse mais là je connais moins bien, une pression toujours plus forte en provenance du marketing.
Rappelons que bien que les articles soient écrits par des journalistes scientifiques, généralement matérialistes et censés (même s'ils n'échappent pas aux travers sociaux dominants), toute la titraille leur échappe totalement -autrement dit les titres, les "unes", les chapeaux, les intertitres, bref tout ce qui "habille" un article. Celle-ci est décidée par la rédaction en chef, en collaboration avec le marketing et la pub. Il y a d'ailleurs des "panels" de lecteurs à qui l'on soumet les différentes "unes" pour voir laquelle les incite le plus à acheter, et un système "d'audimat" grâce auquel les différentes rubriques sont évaluées en fonction de leurs accueil.
Les journalistes travaillent donc constamment sous cette pression "vendeuse", et lorsqu'ils proposent un sujet qui semble être un bon "coup" le redac chef est très content, alors qu'il fait la tronche si c'est un sujet qu'il estime "mou", même si son intérêt scientifique est élevé. Le redac chef réfléchit aussitôt à comment composer sa "une", et va en discuter avec le reste de la direction, sans s'intéresser le moins du monde au contenu précis du papier. Tout ceci est justifié par la nécessité de ne pas être "chiant". L'argumentaire est qu'il faut savoir utiliser des petites ficelles et être un peu putassier si ça permet au bout du compte de faire la promotion de la science. Je ne parle pas ici du passage incriminé par la LO mais des travers des différentes "unes" qu'évoquait Matrok.
Il est en principe possible pour les journalistes de batailler contre la titraille qui leur est infligée. Ils peuvent même refuser que leur article passe s'il est accompagné de titres qu'ils estiment inacceptables. Mais en pratique c'est très difficile. D'abord parce qu'un titre comme Science et Vie fonctionne avec 7 ou 8 journalistes embauchés... et 50 pigistes payés à l'article, dont la collaboration peut être interrompue n'importe quand et sans préavis. Ca ne favorise pas la rebellion ! Pour ne rien arranger, le groupe Science et Vie (avec les hors-série, les cahiers etc.) représente environ la moitié du travail possible en France pour un journaliste scientifique - il y a très peu de revues en dehors d'eux. C'est d'autant plus difficile de faire un esclandre. Enfin, bien que la titraille ait une visibilité bien plus grande que l'article lui-même, le journaliste peut toujours se dire "ce qui compte, c'est que le texte soit correct, le reste ne dépend pas de moi".
Bon sinon sur les âneries relevées je suis assez d'accord avec ce qui a été dit, sauf sur l'espérance de vie, car je pense qu'il y a là quelque chose de plausible (mais je n'ai jamais vu d'études sur la question). Ca m'a rappellé le témoignage de David Rousset qui rapportait que dans les camps, ceux qui tenaient le plus longtemps étaient les croyants... et les communistes.
Ce qui, finalement, est plutôt bon pour nous, inch'Allah.