Sur le mensuel Science et Vie

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par com_71 » 09 Sep 2005, 12:41

(G. PLEKHANOV 1907 a écrit :
Réponse à une enquête faite par le Mercure de France sur l’avenir de la religion

    Vous demandez : Assistons-nous à une dissolution ou à une évolution de l’idée religieuse et du sentiment religieux ?
    Vous me permettrez de me placer au point de vue de l’évolution sociale et de formuler la question de la manière suivante : la dissolution de l’idée religieuse n’est-elle pas le terme nécessaire de son évolution ?
    Pour y répondre, rendons-nous compte de ce qu’a été jusqu’ici l’évolution de cette idée.
    Mais d’abord qu’est-ce que la religion ? Si nous nous servons de ce que Edward B. Tylor appelle "définition minimum du terme religion", nous dirons que la religion est la croyance en des êtres spirituels existant à côté des choses et des processus naturels *.
    Cette croyance, qui est l’élément nécessaire de toute religion, sert en même temps à expliquer tous les phénomènes de la nature. Mais à une phase supérieure de l’évolution sociale, nous voyons s’ajouter à cet élément primitif un nouvel élément : l’élément moral.
    L’alliance entre ces deux éléments devient de plus en plus étroite. C’est alors qu’on arrive à ce que je pourrais appeler : "définition maximum du terme religion", soit la croyance en des êtres spirituels associée à la morale et lui servant de sanction. C’est à ce point que, pour beaucoup de gens, l’essence de la religion consiste dans la morale.
    Mais nous ne sommes point encore au terme de cette évolution.
    L’alliance qui semblait indissoluble entre la religion et la morale est condamnée à disparaître de par le progrès de l’esprit humain.
    L’explication scientifique des phénomènes est forcément matérialiste. L’intervention des êtres spirituels, qui, aux yeux du sauvage, explique tous les phénomènes, n’explique rien aux yeux d’un Berthelot ; sa valeur diminue de plus en plus pour l’homme civilisé qui peut s’assimiler les résultats du travail scientifique.
    Si nombre de gens croient à l’existence d’êtres spirituels et surnaturels, c’est que — pour diverses raisons — ils n’ont pu surmonter les obstacles qui les empêchent de se placer au point de vue scientifique.
    Une fois ces obstacles écartés — et il faut croire que ce sera l’oeuvre de l’évolution sociale — toute conception surnaturelle s’évanouira, et alors la morale sera forcée de reprendre son existence indépendante. La religion, dans le sens de sa définition maximum, aura vécu. — Quant au sentiment religieux, il disparaîtra évidemment avec la dissolution de l’idée religieuse. Mais il y a plus de conservatisme dans les sentiments que dans les idées. Il peut y avoir et il y aura certainement des survivances qui engendreront des conceptions plus ou moins bâtardes, mi-spiritualistes, mi-matérialistes, du monde.
    Mais à leur tour ces survivances sont condamnées à disparaître, surtout quand disparaîtront certaines institutions sociales que la religion paraît sanctionner.
    Le progrès de l’humanité apporte avec lui l’arrêt de mort de l’idée et du sentiment religieux. Les gens timides ou intéressés ont peur pour la morale. Mais, je le répète, la morale peut mener une existence indépendante.
    La croyance en des êtres spirituels, même à l’heure qu’il est, est loin de renforcer la morale. Bien au contraire, les religions des peuples civilisés actuels sont, pour la plupart, en arrière du développement moral de ces peuples.
    W. K. Clifford l’ a dit avec raison : "Si les hommes n’étaient pas meilleurs que leurs religions, le monde serait un enfer !"
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par volodia » 10 Sep 2005, 21:27

Science et Vie subit, comme de façon à peine moins visible "la Recherche" et je crois l'ensemble de la presse mais là je connais moins bien, une pression toujours plus forte en provenance du marketing.
Rappelons que bien que les articles soient écrits par des journalistes scientifiques, généralement matérialistes et censés (même s'ils n'échappent pas aux travers sociaux dominants), toute la titraille leur échappe totalement -autrement dit les titres, les "unes", les chapeaux, les intertitres, bref tout ce qui "habille" un article. Celle-ci est décidée par la rédaction en chef, en collaboration avec le marketing et la pub. Il y a d'ailleurs des "panels" de lecteurs à qui l'on soumet les différentes "unes" pour voir laquelle les incite le plus à acheter, et un système "d'audimat" grâce auquel les différentes rubriques sont évaluées en fonction de leurs accueil.

Les journalistes travaillent donc constamment sous cette pression "vendeuse", et lorsqu'ils proposent un sujet qui semble être un bon "coup" le redac chef est très content, alors qu'il fait la tronche si c'est un sujet qu'il estime "mou", même si son intérêt scientifique est élevé. Le redac chef réfléchit aussitôt à comment composer sa "une", et va en discuter avec le reste de la direction, sans s'intéresser le moins du monde au contenu précis du papier. Tout ceci est justifié par la nécessité de ne pas être "chiant". L'argumentaire est qu'il faut savoir utiliser des petites ficelles et être un peu putassier si ça permet au bout du compte de faire la promotion de la science. Je ne parle pas ici du passage incriminé par la LO mais des travers des différentes "unes" qu'évoquait Matrok.

Il est en principe possible pour les journalistes de batailler contre la titraille qui leur est infligée. Ils peuvent même refuser que leur article passe s'il est accompagné de titres qu'ils estiment inacceptables. Mais en pratique c'est très difficile. D'abord parce qu'un titre comme Science et Vie fonctionne avec 7 ou 8 journalistes embauchés... et 50 pigistes payés à l'article, dont la collaboration peut être interrompue n'importe quand et sans préavis. Ca ne favorise pas la rebellion ! Pour ne rien arranger, le groupe Science et Vie (avec les hors-série, les cahiers etc.) représente environ la moitié du travail possible en France pour un journaliste scientifique - il y a très peu de revues en dehors d'eux. C'est d'autant plus difficile de faire un esclandre. Enfin, bien que la titraille ait une visibilité bien plus grande que l'article lui-même, le journaliste peut toujours se dire "ce qui compte, c'est que le texte soit correct, le reste ne dépend pas de moi".

Bon sinon sur les âneries relevées je suis assez d'accord avec ce qui a été dit, sauf sur l'espérance de vie, car je pense qu'il y a là quelque chose de plausible (mais je n'ai jamais vu d'études sur la question). Ca m'a rappellé le témoignage de David Rousset qui rapportait que dans les camps, ceux qui tenaient le plus longtemps étaient les croyants... et les communistes.

Ce qui, finalement, est plutôt bon pour nous, inch'Allah.
volodia
 
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Message par Jacquemart » 10 Sep 2005, 21:41

a écrit :Bon sinon sur les âneries relevées je suis assez d'accord avec ce qui a été dit, sauf sur l'espérance de vie, car je pense qu'il y a là quelque chose de plausible (mais je n'ai jamais vu d'études sur la question). Ca m'a rappellé le témoignage de David Rousset qui rapportait que dans les camps, ceux qui tenaient le plus longtemps étaient les croyants... et les communistes.

C'est qu'aujourd'hui, en France, une fois que tu as enlevé les croyants et les communistes, il ne reste plus grand monde... :hinhin:
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Message par bennie » 13 Sep 2005, 09:33

Ouai,
Perso, ça fait un bon moment que ce magazine m'énerve, il n'est jamais clair avec la religion.
Ils ne veulent pas se mettre à dos les croyants alors il laisse toujours la possibilité de croire en ces aneries.


Même lorsqu'il parle de l'origine de l'Univers, du Big bang... il aime préciser que tout cela n'empeche pas de croire en Dieu, que ça c'est spirituel,... c'est autre chose.

C'est tres penible.

Cett article ne m'étonne pas.
bennie
 
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Message par Puig Antich » 15 Sep 2005, 15:40

a écrit :C'est qu'aujourd'hui, en France, une fois que tu as enlevé les croyants et les communistes, il ne reste plus grand monde... 


Tu pense vraiment ?
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Message par Jacquemart » 15 Sep 2005, 20:24

Va savoir... :hypocrite:
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Message par pelon » 18 Sep 2005, 15:16

(Puig Antich @ jeudi 15 septembre 2005 à 16:40 a écrit :
a écrit :C'est qu'aujourd'hui, en France, une fois que tu as enlevé les croyants et les communistes, il ne reste plus grand monde... 


Tu pense vraiment ?

Dieu seul le sait.
pelon
 
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Message par Gaby » 18 Sep 2005, 18:27

(Caupo @ dimanche 18 septembre 2005 à 15:10 a écrit : Cette prose...idiote, me rappele une autre...mais laquelle? Je perds la mémoire mais il me semble que dans ce forum-ci. Et très defendue par des "defenseurs de la Science" (avec une majuscule aussi grande que leur foi dans des semblables balivernes.)

Il y a bien un point commun qui puisse te rappeller les arguments des anti-psychanalystes lors du précédent débat, c'est que l'un et l'autre camp parlent de neurochirurgie. De fait, si l'on est honnête, on voit que tu rejettes l'entière discipline, sans te focaliser sur l'usage qui en a été fait. Le problème c'est pas le domaine, c'est les médecins du 3ème Reich ou les sensationalistes de Science et Vie. Tu pourrais faire la même critique avec la "recherche scientifique" dans son ensemble qui serait invoquée, et la rejeter aussi violemment. Parceque là je vois pas en quoi tu prouves que les anti-psychanalistes ont eu tort en s'appuyant sur des travaux de la neurochirurgie. Faut le prouver autrement qu'avec ton analogie de travers.
Je ne peux croire en une quelconque malveillance de ta part Caupo, alors ne mettons pas ça soit sur le compte de la mauvaise foi, mais de la plus grossière erreur logique possible.

Pour ta critique de Plekhanov tu crées des contradictions là où il n'y en a pas. Certes dans cet extrait il ne dit pas que l'existence d'une société de classes est la base matérielle permettant l'existence du sentiment religieux, sa nécessité (normal c'est un extrait alors il mettra pas toutes tes tournures favorites). Mais en fait Plekhanov ne fait que traduire en conséquences pratiques intelligibles en quoi la religion est "l'esprit d'une époque sans esprit", et souligne quelles sont les raisons de sa survivance... La religion embrasse l'ordre établi (elle "sanctionne"), la bourgeoisie n'entreprend que peu pour défendre la science face à l'obscurantisme parceque ce dernier est un facteur de paix sociale, etc.
Gaby
 
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