cognitivisme et comportementalisme

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Wapi » 12 Fév 2005, 21:33

a écrit :mais, personnellement je me fous des conceptions philosophiques de ce Sperber...


Lui ou un autre, qu'importe, tu peux choisir n'importe quel autre texte de caractérisation de leur méthode de travail. Tu trouveras à peu près la même chose, avec aussi parfois le terme "matérialiste" en cadeau Bonux. De toutes façons, tu n'ignores pas que beaucoup de savants ne sont pas génés d'être matérialistes et croyants, ou même matérialistes, athées et réactionnaires quand même.

Cependant, honnêtement, tu aurais bien tort de te foutre entièrement de ce qu'écrivent tous leurs théoriciens tout en prétendant soutenir leurs travaux ou simplement essayer de comprendre leur théorie.

Car il s'agit d'une "science de l'homme" avant que d'être une science du comportement ou même du cerveau, puisqu'aujourd'hui tout le comcog est "neuronal".

La seule science du cerveau que je connaisse, que je respecte et que j'encourage, c'est la neurologie. Je crois que ce n'est pas exactement la même chose.

a écrit :ce qui m'interesse, des lors que les TCC donnent des résultats, c'est pourquoi....


Enormément de choses donnent des "résultats". Mais lesquels ?

On pourra reprendre un par un la publicité, le marketing et le cognitivisme, la formation des employés Mc Donald's et le comportementalisme, la formation des jeunes enseignants et le comportementalocognitivisme, les théories de l'organisation des entreprises et le comportementalocognitivisme, et parmi tout cela, détail parmi les détails, le traitement de certains états compulsifs chez certains patients.

On verra plus tard, surtout que j'ai ouvert ce fil sur le comcog en général, et non pas seulement sur ses applications psychothérapeutiques qui ont déjà assez de fils.

L'histoire apporte toujours un éclairage sur la science.

Et pour tout ce qui est "bon à prendre", surtout pour le patient, je suis 100% d'accord, mais ce débat est mineur par rapport au sujet du fil. C'est un autre problème, évoqué sur le fil TOCs et TCC.

On peut peut parfaitement donner une toute petite fessée à un gamin pour le "corriger" un peu, sans confondre pour autant l'éducation et le dressage...ni en faire son mode principal de relation avec son enfant, ou même celui d'un autre. Quant à tenter de le théoriser...
Wapi
 
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Message par Wapi » 13 Fév 2005, 01:47

Je viens de retrouver ceci dans le rapport de l'INSERM et qui n'est pas sans lien avec le texte de Sperber ou d'autres théoriciens (au choix) qu'il est important de lire de près si l'on veut bien comprendre le comcog :

a écrit :L'approche cognitivo-comportementale

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) se sont appuyées tout d'abord sur les théories de l'apprentissage. Elles ont ensuite pris pour référence les théories cognitives du fonctionnement psychologique, et en particulier le modèle du traitement de l'information.
L'étape préalable est l'analyse des relations entre les " comportements-problèmes ", les pensées, les émotions et l'environnement social et physique. Le thérapeute adapte ensuite au patient les différentes techniques relatives aux théories de cette approche.
La relation thérapeutique se fonde sur " l'ici et maintenant ", la sélection avec le patient de problèmes concrets à résoudre et une démarche thérapeutique établie en commun.


Dans les sciences de l'homme, certains mots ne s'emploient pas par hasard.

Et ceux-là sont quand même trop beaux, parce que le "hic et nunc" (ici et maintenant), c'est quand même pas tout neuf dans l'histoire des idées ni sur le fronton de certaines églises.

Sans blaguer, cela veut très exactement dire qu'on est là dans la négation totale de toute reconnaissance de la notion d'histoire du sujet (et de prise en compte de l'histoire de la psychothérapie elle-même (cf Tosquelles) -et c'est pourquoi elles ne peuvent jamais être longues).

Si on les pousse un peu à répondre sur leur vision de la société (retour à la théorie générale), et bien c'est exactement pareil... leur sociopsychologie -ou psychosociologie comme on veut- a évacué totalement l'histoire comme élément explicatif, et leur sociologie aussi.

Leurs théories de l'apprentissage ou "psychopédagogie cognitiviste" ne veulent même pas entendre parler de l'histoire de l'enfant ou du jeune ou du moins jeune, ne serait-ce que dans ses rapports à la connaissance et au savoir. Et se désinteresse absolument des "mauvais élèves" décrétés vite-fait "irrécupérables" quand ils ont échoué aux dernières méthodes de reprogrammation.

Et par pudeur je ne développerai pas sur l'histoire de l'ouvrier encadré par un chef du personnel ou un "organisateur" rompu au comcog et à la culture de l'évaluation dans l'entreprise, car nous savons ce qu'il devient à 50 ans quand on lui trouve de "mauvais résultats".

Et ce sont leurs pairs ou leurs "frères d'armes" si l'on préfère qui disent qu'ils en ont "terminé avec l'histoire", simple transposition dans le social de ce qu'ils ont dit à propos du sujet. Si on pousse un peu plus loin les investigations, en cherchant un peu, on trouve facilement des passerelles. Et je n'ai même pas besoin de me taper Fukuyama ("la fin de l'histoire et le dernier homme") pour en être sûr.

Donc ce sont de toute façon en fin de parcours les mêmes idéologues, qui, travestissant honteusement le noble mot de "science", défendent derrière leur idéologie, encore et toujours les mêmes pratiques sociales et les mêmes... tout court.

Au bout du compte, en développant un peu, on en arrive nécessairement là, et je ne crois pas que ceci soit un quelconque "amalgame".

Canardos, il n'y a pas d'attaque personnelle la dedans, car je ne crois absolument pas que tu défendes tout ceci, vu que tu te dis comme moi 100% communiste. Je songe juste que tu n'étais peut-être pas bien au courant de tous ces paramètres dans la psychiatrie comme dans le comcog.

L'histoire des sciences est vraiment une discipline passionnante, et très instructive.

A bientôt.

PS : Canardos, peux-tu mettre des articles courts sur le fil, et les longs en téléchargement. merci beaucoup.
Wapi
 
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Message par Wapi » 13 Fév 2005, 11:54

a écrit :n'empeche que l'instauration de tels reflexes conditionnés peut eviter à quelqu'un de declencher ses TOC, de maitriser ses pulsions addictives pour un alcoolique par exemple, et donc peuvent etre extremement utiles


Parfaitement ! Mais nous n'avons jamais dit le contraire, voir le fil TOC et TCC.

a écrit :
et eviter souvent des traitements médicamenteux


Je ne fais personnellement aucune différence entre devoir prendre une certaine dose d'antidépresseur bien choisi et adapté à son cas pendant très longtemps, et le fait de devoir prendre pendant aussi longtemps voire plus un stabilisateur de tension artérielle, par exemple.

Et en plus, ça peut même permettre parfois d'éviter d'avoir à se jeter tous les quatre matins sur n'importe quel autre psychotrope, médicamenteux ou non, liquide, solide ou gazeux...

a écrit :donc les TCC ne méritent ni cet exces d'honneur ni cet indignité, c'est une technique, qui dans un nombre de cas non negligeables permet à pas mal de gens de reprendre une vie supportable


Je ne tourne pas mon hostilité envers une pratique marginale qui peut être parfois "utile" et "efficace" dans certains cas qu'il faudrait définr très précisément, mais contre les principes explicatifs généraux de l'homme aux nom desquels le "comcog" prétend en rendre raison.

Et au nom desquels ils voudraient tout foutre en l'air, et ce qu'ils font d'ailleurs.

Mais on tiendra bon contre les barbares, même s'il faut pour cela "nager contre le courant."

Wapi
 
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Message par Wapi » 13 Fév 2005, 12:03

Etes-vous d'accord pour qu'on parle à présent à des prétentions de la pédagogie cognitiviste ou psychocognitivisme ou comment qu'on l'appelle, car c'est celle ci qui va devenir, au fil des années, de plus en plus l'horizon quotidien des enseignants dans la façon dont on va leur demander de travailler ?

Toutes les contributions sur les pratiques d'enseignement, sur la pédagogie en général et son histoire et ses "nouvelles" orientations sont les bienvenues !
Wapi
 
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Message par Wapi » 13 Fév 2005, 12:26

OK Zelda, bonne remarque !

On peut même dire qu'on renvoie la question des applications psychothérapeutiques sur le fil TOCs et TCC, et qu'on s'en tient ici à la théorie générale.
Wapi
 
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Message par Wapi » 14 Fév 2005, 18:53

En provenance du fil sur la pédagogie cognitiviste :

a écrit :mais ce que tu critiques la ce n'est pas le cognitivisme ni le livre de Tardiff, mais un texte non signé qui lui-meme critique le cognitivisme au nom de Popper, qui l'accuse de scientisme, etc....


Non, j'ai seulement voulu formuler les conclusions de cette "théorie" de Tradif (et du cognitivocomportementalisme en général) à partir de la présentation que les auteurs de l'article en faisaient. Mais on peut se passer d'eux sans problème, j' ai proposé d'autres textes sur ce fil.

a écrit :bref plus personne ne comprend qui critique qui, et toi non plus il me semble.....


merci d'éviter ce genre de reflexions pour la bonne tenue du débat.

A propos de Popper, j'avais déjà lu intégralement le fil en question. Cela ne change rien.

a écrit :mais ce que tu critiques la ce n'est pas le cognitivisme ni le livre de Tardiff, mais un texte non signé qui lui-meme critique le cognitivisme au nom de Popper, qui l'accuse de scientisme, etc....


1) Ce texte est parfaitement signé (3 noms en haut). Et même s'il ne l'était pas...

2) Tu peux choisir de ne pas en tenir compte, comme de l'avis de Sperber non plus, ni d'aucun de leurs théoriciens d'ailleurs, mais je trouverais cela surprenant quand on cherche à étudier une théorie.

Les auteurs de l'article ne "critiquent" pas mais caractérisent le cognitivisme de Tardif selon des termes qu'il ne renierait très probablement pas puisque l'ensemble de la galaxie (très étendue) cogitivocomportementaliste s'accommode parfaitement de ces caractérisations quand elle ne les produit pas elles-mêmes.

Avec toutefois quelques nuances selon les différentes chapelles des "sciences cognitives et du comportement". Ils font ensuite allusion à Popper pour expliquer en quoi Tardiff s'en éloigne (ils ne prennent pas parti sur Popper, ils auraient pu y aller !)

Fondamentalement celles-ci sont un "naturalisme" (ils sont tous d'accord pour le revendiquer) et donc elles n'ont pas besoin de "l'histoire" comme élément explicatif à toutes leurs théories du sujet (je crois qu'ils n'acceptent pas ce terme) ni de la société, auquel ils ont substitué au mieux celui "d'évolution". Elles veulent nous faire croire que nous n'avons pas d'histoire !

Et moi je sais très bien qui je critique : ce sont ces nouveaux barbares qui veulent répéter ce qu'on déjà fait leurs ancêtres aux temps de l'anthropométrie et de la psychométrie florissante et, qu'ils font déjà dans les entreprises (en version plus douce... et encore), les HP, bientôt les écoles, la publicité et le marketing.... qui sont totalement comportementalocognitivistes.

Qu'y puis-je si cette formation idéologique correspond parfaitement aux besoins du capitalisme et apparaît en même temps que toutes les autres formations idéologiques "progressistes" dans le domaine de l'homme sont en retrait pour les raisons que nous savons tous ici ?

C'est l'époque qui veut ça, pas la science.
Wapi
 
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Message par Wapi » 17 Fév 2005, 15:56

Pour Shadoko qui ne dira plus que je ne donne aucune information précise :

Voici une présentation d'un trouble bien connu "le stress", faite par un comportementalo-cognitiviste.

a écrit :

          La prévention du stress dans la vie professionnelle courante

Le stress est un concept à la mode. Il est de bon ton de dire que l’on est stressé. Depuis plusieurs dizaines d’années, les consultations médicales se sont multipliées tandis qu’ont fleuri ouvrages et études sur le sujet  et qu’individus et entreprises se sont vu largement proposer séminaires et sessions intensives de « gestion du stress » par des moyens nombreux et de plus en plus sophistiqués.

Le succès de cette notion dans le corps médical et le public, notion devenue souvent « fourre-tout », a malheureusement compliqué un problème simple à la portée de  « tout le monde » et l’a volontiers conduit à l’hermétisme. Qu’on en juge plutôt par ces propos d’un « spécialiste » du stress proposant une « médecine holistique » dont « les méthodes font appel, selon les cas, au retraitement des émotions, à l’approche systémique, à la pensée complexe, à la thérapie familiale issue de l’école de Palo Alto, au concept d’incertitude, à l’équithérapie, au cognitivo-comportementalisme, à la vidéothérapie, à la psycho-biologie » (sic) !



Sommaire :


Qu’est-ce donc que le stress ?

Les facteurs et éléments stressants en milieu professionnel

Les conséquences du stress en milieu professionnel

A propos de l’anxiété : cause et conséquence du stress

Prévention et Traitement du stress




Qu’est-ce donc que le stress ?


Dans la perspective pragmatique que nous suivrons ici on peut dire que, pour un individu, le stress va toujours de pair avec son incapacité (ou sa difficulté...) à affronter avec succès un événement quelconque de la vie.

C’est dire que le stress peut survenir dans de multiples situations et revêtir des aspects infinis comme le sont événements et  personnalités.

Ici nous n’envisageons que le stress en milieu professionnel

Parler de stress amène obligatoirement à concevoir deux éléments intimement liés :

1 -  des facteurs causals,

2 -  les conséquences  sur l’organisme de ces facteurs

mais ces éléments simples vont, dans un processus en cercle vicieux, réagir les uns sur les autres sans qu’il soit possible ensuite de les dissocier.  



De cette donnée découle d’emblée une première difficulté de langage qu’il faut bien connaître : le terme de “stress” est employé volontiers soit pour désigner un facteur causal, soit pour désigner ses conséquences, soit pour désigner les deux éléments conjoints. D’où des malentendus  courants.

C’est dire qu’il convient, autant que possible :

- de désigner la “cause” du stress par les termes de « facteur stressant », d’ « agent du stress » ou de « stresseur »,

- et de réserver le terme de « stress » aux « réactions », aux « réponses », aux conséquences sur l’organisme.

Quant au sujet on le qualifiera de « stressé » .



Il faut savoir qu’il y a deux conceptions du stress :

- celle des scientifiques ;

- celle dont témoigne le langage courant.


La conception du stress selon les scientifiques


Ici, tous les événements de la vie sont des agents de stress :

            - banals ou exceptionnels ;

            - heureux (tel un gros gain à la loterie, un « coup de foudre » pour telle personne...) ou malheureux (un deuil...) ;

            - d’intensité très faible (une simple « incitation ») ou très importante (telle une agression physique ou psychique caractérisée) ;

            - de quelque nature qu’ils soient : physique (bruit, chaleur, froid, douleur, blessure, odeur agréable ou nauséabonde, musique.. ), chimique, microbienne, psychologique ;

            - venant de autres ou de soi-même.


Ici, le stress désigne toutes les réactions possibles aux « événements » de la vie

Dans cette perspective, tout individu est en état permanent de stress : « l’action, c’est le stress », « la vie c’est le stress », « le stress, c’est la vie ». « Le pire stress, c'est l'absence de stress » (compte tenu du vide qui en résulte)...

Le stress est considéré comme un phénomène permanent face aux stimulations multiples qu’apporte simplement le fait de vivre.

Schématiquement, il comporte :

            - soit une adaptation du sujet, un épanouissement, un « progrès » ;

            - soit une non-adaptation du sujet (une incapacité à faire front) qui est source de souffrance, voire d’épuisement et de maladie.

En somme, dans cette conception, il y stress à chaque fois qu’il y a interaction entre un individu et son environnement. Le stress c’est le courant qui nous emporte, c’est le dynamisme qui nous fait lever le matin, travailler, vivre, où le « bon » et le « mauvais » sont indissociables, ce sont les multiples péripéties de la vie où vont intervenir données programmées génétiquement et celles qui sont acquises au cours de la vie.


La conception du stress dans le langage courant


Cette conception est différente de la précédente. Ici, en parlant de stress on désigne seulement des conséquences « malheureuses », « désagréables », « fâcheuses »... en réponse à des facteurs considérés comme de purs facteurs d’agression d’origine extérieure ou intérieure à l’individu. On dit être tendu, surmené, fatigué, soumis à des contraintes et des épreuves.


Ici, le stress est donc considéré comme un élément purement « négatif » allant de pair avec un mal-être (par opposition au bien-être).  Il n’y a qu’un « mauvais » stress.


C’est cette conception restrictive mais très pragmatique que nous suivrons ici.


Il ne faut pas perdre de vue néanmoins que parler de « bon » et de « mauvais » stress est très schématique et arbitraire car il ne saurait y avoir de limites précises entre les deux. On sait bien que des événements « malheureux » par leurs conséquences immédiates (telle une perte d ‘emploi, tel un handicap...) peuvent se révéler « heureux » pour l’individu par leurs conséquences à distance. Comme toujours, il n’y a pas de frontières précises entre le normal et la pathologique mais une continuité.


De plus les qualificatifs de « bon » et de « mauvais » ne sont appliqués ici que dans une perspective fort limitée : celle de la santé physique ou mentale. Or, les individus ont, pour vivre, d’autres critères que ceux de la santé. Vaut-il mieux mourir à soixante ans d’un infarctus du myocarde dû à une vie stressante et intéressante, ou à quatre-vingt ans d’une vie tranquille et sans histoires? Chaque individu a, en la matière, sa réponse propre et sa sagesse.


C’est dire aussi que ces propos de médecine pratique excluent toute notion morale ou philosophique.

Les facteurs et éléments stressants en milieu professionnel


Il convient de distinguer ceux :

            - qui viennent de l’environnement ;

            - ceux qui viennent de l’individu



Ceux qui proviennent de l’environnement

On peut citer :

- la précarité de l’emploi ;

- l’autorité ;

- la demande “exagérée” de rendement et f’efficacité ;

- la stimulation affective pour être compétent, ponctuel, fiable, créatif ;

- l’ambiance défavorable ;

- la rivalité entre personnes de même niveau ;

- l’environnement agressif : les décisions rapides et à enjeux importants, le rythme de travail exagéré, l’inconfort, le bruit, la climatisation défectueuse, les produits toxiques...

Ceux qui viennent  de l’individu

Les handicaps concernent avant tout certaines dispositions psychologiques constitutionnelles ou acquises

- comme handicaps constitutionnels on peut citer :

            - l’anxiété qui génère un sentiment d’insécurité, une crainte diffuse, une “tension” permanente, voire une dépression ;

            - le pessimisme ;

            - la mauvaise appréciation de soi ;

            - le scrupule exagéré...

qui  fragilisent les personnalités.



- comme handicaps acquis on peut citer :

            - l’insuffisance des compétences professionnelles réelles ou supposées (par l’individu) face aux exigences de l’entreprise ;

            - les perturbations neuro-psychiques entraînées par les grands toxiques sociaux (boissons alcooliques, tabac, café) ou les  médicaments psychotropes ;

            - et puis il y a les maladies ou les handicaps d’ordre divers (la surcharge pondérale étant l’un de ces handicaps).



Les conséquences du stress en milieu professionnel


Ils sont de deux ordres : neuro-psychique et somatique (concernant le corps par opposition au psychisme).


Les troubles neuro-psychiques

Comme nous l’avons remarqué d’emblée le stress est un processus en cercle vicieux où l’on trouve des dispositions (ou perturbations) mentales à la fois comme causes et comme conséquences. En ce qui concerne les conséquences on peut citer :

             - l’anxiété voire la dépression ;

             - la fatigue ;

            - l’irritabilité, l’énervement, l’agressivité d’où les difficultés relationnelles ;

            - les migraines, les douleurs cervicales ;

            - les troubles du sommeil ;

            - l’indécision, la perte d’attention, la déconcentration, la négligence des règles de la sécurité... d’où

- la démotivation et l’absentéisme qui s’en suit ;

- et le recours tentant aux psychotropes (alcool, tabac, café, médicaments...) pour atténuer la pénibilité des troubles en question, tous produits qui vont encore aggraver l’état du sujet.



Les troubles somatiques

Ils sont le plus souvent la résultante d’une perturbation 

            . soit du système nerveux central (dont le toxique le plus courant est l’alcool)           

            . soit du système neuro-végétatif (dont le grand toxique est la nicotine)

(les médicaments psychotropes étant, quant à eux, toxiques pour l’un et l’autre système).

C’est le système cardio-artériel qui est le plus fréquemment concerné. Peuvent survenir : une hypertension artérielle transitoire ou durable, des palpitations, des douleurs thoraciques pouvant témoigner d’une angine de poitrine, voire d’un infarctus du myocarde

Mais les troubles peuvent porter sur bien d’autres appareils, notamment,

            . sur l’appareil endocrinien (les hormones interviennent puissamment à la fois dans le stress et dans la capacité du sujet à y faire face) ;

            . sur l’appareil digestif (troubles divers, ulcère de l’estomac...).          

Il n’est pas impossible aussi que le stress prolongé, en influençant défavorablement les défenses immunitaires, puisse favoriser un processus de cancérisation.


À propos de l’anxiété : cause et conséquence du stress


Comme on l’a sans doute remarqué l’anxiété, cette émotion faite d’une inquiétude passagère ou permanente, est à la fois une des principales causes et une des principales conséquences du stress. Comme lui, il peut désigner le meilleur et le pire. 


L’anxiété peur représenter bien entendu un élément pathologique très défavorable, voire une maladie caractérisée.

On sait que le taux de mortalité est supérieur chez les grands anxieux...

Une étude (celle de Fawzy en 1993) a montré que les cancéreux qui, dans les mois qui suivent leur intervention chirurgicale, ont un faible niveau d’anxiété présentent un taux de survie supérieur aux autres.



Mais l’anxiété c’est aussi et d’abord un élément favorable en tant que source d’énergie.

Une constante euphorie, une absence quasi totale d’anxiété, comme on en rencontre souvent chez certains consommateurs de vin, constitue un grave handicap notamment quant au dépistage des maladies qui, fréquemment, a lieu avec retard.



L’expérimentation animale vient témoigner de ce phénomène... En rendant des rats anxieux, soit par frustration d’une récompense à laquelle ils étaient habitués, soit par « punition » (sous forme, par exemple, d’un petit choc électrique non « mérité »), on se rend compte que ces rats deviennent plus « intelligents ». Plus vigilants dans leur environnement, ils s’adaptent mieux à une situation nouvelle, ils apprennent plus vite...



Chez l’homme il en est de même : les performances physiques et psychiques sont améliorées par une certaine anxiété qui pousse en avant et permet d’ « en faire un peu plus ». Serge Trigano dit de son père Gilbert : « Mon père est un visionnaire optimiste sur le long terme, un gestionnaire angoissé au quotidien : l’angoisse est son moteur ».



L’étude de Fawzy, citée plus haut, vient aussi appuyer cette donnée : à l’annonce du diagnostic de cancer un degré assez élevé de détresse affective fait prévoir une plus grande probabilité de survie. La raison semble être que les patients qui minimisent trop la gravité de leur maladie ne mobilisent pas toutes leurs ressources dont ils disposent pour lutter contre elle avec succès. 



C’est dire que l’anxiété est un phénomène normal, une énergie nécessaire à la vie. Elle joue un rôle important dans l’apprentissage, elle démultiplie les capacités de l’étudiant, de l’athlète, du décideur... Obligeant le psychisme à s’adapter aux situations nouvelles, elle est indispensable à un bon fonctionnement de la personne.



Mais chacun a sa personnalité

Entre les extrêmes il y a bien des intermédiaires. C’est dire que toute mesure de l’anxiété est assez arbitraire. Certes, il existe :

- des échelles, des questionnaires à la disposition des médecins... Ils sont utiles essentiellement pour l’établissement de statistiques mais fort peu dans tel cas particulier ;

- des mesures biologiques. Certains tests comme celui à la caféine (le café est une des substances les plus actives pour créer l’anxiété) peuvent révéler une sensibilité accrue chez les anxieux chez lesquels surviennent facilement des crise de panique.



Néanmoins, l’essentiel n’est pas de se référer à des normes tout à fait illusoires mais de se poser les questions utiles :

- Suis-je plus ou moins anxieux par rapport à mon passé récent ?

- Mon anxiété est-elle une entrave à mes objectifs ?

- Mon anxiété est-elle source de souffrance pour moi ou pour mon entourage ?

ceci en vue d’y apporter un éventuel correctif.


Prévention et Traitement du stress


Une prévention efficace, reposant sur des principes simples, est à la portée de la très grande majorité des individus



Les principaux principes concernant la personne à suivre dans cette perspective sont  :



- la compétence professionnelle évolutive ;



- la qualité (ou la non-perturbation) du système nerveux. Ce qui, en pratique courante, signifie avant tout de ne pas user :

            . d’alcool (sauf à doses minimes, de façon non habituelle et dans la seule perspective d’un plaisir d’ordre gustatif) ;

            . de tabac ;

            . de café (sauf à petite dose et, là aussi, dans la seule perspective esthétique) ;                

. des médicaments psychotropes (somnifères en particulier).



- un traitement quotidien de la fatigue par la relaxation, par un sommeil adéquat  (éventuellement une sieste), par une hydrothérapie simple (douche ou bain tiède quotidien ou bi-quotidien)


En ce qui concerne le sommeil, domaine souvent négligé, disons schématiquement qu'un bon sommeil suppose quelques règles minima qui sont les suivantes :

. celles qui sont relatives à l'ambiance : une bonne aération, une température basse, un degré hygrométrique satisfaisant. En pratique, ces données essentielles supposent généralement que le chauffage soit exclu de la chambre à coucher ;

- celles qui sont relatives au comportement personnel :

. ne pas utiliser de somnifères (sauf raison impérieuse relevant d'un état pathologique grave), de tabac (la nicotine perturbe toujours le système neuro-végétatif directement en cause dans le sommeil), peu ou pas de boissons alcooliques (l'alcool est avant tout un anesthésique),

. faire précéder le coucher d’une douche ou d’un bain, d’une activité psychique (lecture...) ou/et d’une activité physique modérée,

.ne pas rester en position allongée et dans l'obscurité en cas d'insomnie prolongée dans un contexte dépressif ou anxieux (cette position est toujours défavorable quand il s'agit d'affronter une situation pénible).


Quant à l’hydrothérapie, elle a une double fonction  : réaliser une balnéothérapie et assurer une hygiène corporelle rigoureuse.

Outre l'utilisation large de l'eau alimentaire, la pratique quotidienne de la douche et/ou du bain et l'obtention d'une excellente hygiène corporelle constituent pour un individu, d'une part la base d'une prise en charge pour un meilleur équilibre, d'autre part un moyen extrêmement efficace pour réduire la fatigue musculaire et nerveuse, pour promouvoir la détente et la relaxation, pour apporter une sensation de bien-être, pour soutenir ou récupérer une énergie défaillante, pour lutter contre le laisser-aller et l'état dépressif.

Cette donnée est donc très importante dans bien des circonstances mais elle l'est particulièrement chez les personnes fatiguées, stressées, fragilisées physiquement et psychiquement.


- une organisation du temps de travail et de détente ;



- une alimentation où la consommation de céréales, de légumes, de fruits et d’eau est largement privilégiée ;


- une activité physique adaptée (notamment sportive) et intellectuelle autant que possible quotidienne ;


- un bon réseau relationnel familial et amical ;


- un moment de plaisir quotidien.


Quant à l’action sur l’environnement ,

elle peut être discutée notamment avec le médecin de travail ou les responsables de l’entreprise.


Le traitement qui s’avère nécessaire dans certains cas, où le sujet est submergé par ses difficultés,  relève :

            - dans un premier temps d’une aide psychologique simple ;

            - en cas d’échec d’une aide psychologique spécialisée qui sera le plus souvent  associée à une médication psychotrope.


L’aide psychologique simple, qui repose d’abord sur une bonne relation médecin-malade, comporte:

- une évaluation rationnelle de la situation stressante ;

- un inventaire des ressources disponibles (compétence professionnelle, relations sociales, communication avec les autres...) ;

- l’élaboration d’un plan d’action dans la perspective d’apporter des remèdes visant à  :

            . contrôler les réactions émotionnelles ;

            . organiser le temps de travail, de détente, de sommeil... ;

            . vivre dans le présent ;

            . s’exprimer et communiquer avec des personnes de confiance ;

            . être réaliste dans ses objectifs ;

            . apprécier ce que l’on a, relativiser les difficultés ;

            . avoir quelques valeurs de référence ;

            . trouver des activités de rechange, des moments de plaisir ;

            . accepter que la vie comporte obligatoirement des échecs qui peuvent être source de progrès ;

            .  juger de ses limites et les accepter ;

            . s’engager avec détermination ;

- en y associant les éléments  cités plus haut concernant :

            . la compétence professionnelle ;

            . l’hygiène de vie portant  principalement sur le non-usage de tous les produits perturbant le système nerveux, sur l’alimentation, le sommeil, l’activité sportive et intellectuelle, la balnéothérapie, la relaxation (pouvant utiliser des techniques de  groupe...).



en sachant que ces modifications du comportement demandent obligatoirement un travail de longue haleine (alors qu’est attendu souvent un résultat rapide).



Cette aide peut éventuellement être associée à une prescription médicamenteuse non agressive telle que calcium, magnésium, vitamines (B et C).


Si le cas s’avère particulièrement grave 

La consultation d’un psychiatre s’impose. En fonction du cas particulier, celui-ci pourra mettre en œuvre :

            - une psychothérapie plus complexe adaptée,

            - une médication psychotrope,

            - un suivi constant,

méthodes visant avant tout à maintenir le sujet dans un état aussi tolérable que possible pour lui et son entourage.


La médication psychotrope

- elle ne doit être utilisée

            . qu’en cas d’échec des moyens psychologiques,

            . pour une très courte période,

            . quand les troubles de l’humeur sont au premier plan,

            . en complément d’une aide psychologique,

- elle fait appel à un médicament anxiolytique ou à un antidépresseur.



- en sachant,

            . que tous les produits sans exception, contrairement à ce qui est dit souvent, entraînent une accoutumance (accoutumance qui est seulement plus ou moins rapide ou contraignante suivant les cas) ;

            .  que cette médication ne fait que réduire certains effets désagréables du stress, ne supprime pas la cause et qu’elle fragilise automatiquement l’individu face aux problèmes rencontrés dans le présent ou dans le futur ;

            . que plus le recours à ces produits est prolongé, plus l’état psychologique devient précaire et plus rare est la guérison.



En résumé, la prévention du stress en milieu professionnel, avec le déséquilibre qu’il comporte, est à la portée de la grande majorité des individus instruits de quelques données simples et leur consacrant quelque attention.  


Dr A. Gaillard – Médecin honoraire du CHU de Nantes - février 2005



NB : le gras final n'est pas de moi.

Que penses-tu Shadoko de toute cette "science" et de ce discours "scientifique" pur ?

Ma vieille mémé, qui n'avait pas beaucoup de "science", me disait dans mon enfance : "mon petit, si on veut être en forme, il faut manger correctement et se coucher tôt, remuer ses fesses et se laver tous les jours, ne pas abuser des bonnes choses, ni se refuser un petit plaisir..."

Et c'est avec elle que je suis d'accord dans les conclusions de toute cette science !
Wapi
 
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Inscription : 08 Jan 2005, 16:30

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