Nous avons vu dans des posts antérieurs trois très grosses familles de passereaux, les Muscicapidés (gobemouches...), les Turdidés (merles, grives...) et, dans les plus anciens posts, les Sturnidés (étourneaux), qui méritaient chacune qu'on y consacre un post entier. Il se trouve que ces trois familles sont regroupées dans la super-famille des
Muscicapoïdes (nom francisé des "Muscicapoideae") en compagnie d'autres familles beaucoup plus petites, mais qu'il serait dommage de rater car elles comptent certaines espèces tout à fait remarquables par leur comportement, leur anatomie ou parfois leur aspect. Ce sont donc ces dernières que nous allons voir maintenant.
Comme bien souvent, tous les spécialistes ne sont pas complètement d'accord sur le fait que ces oiseaux soient dans le même ensemble, certains en distinguent deux, les Muscicapoïdes proprement dits (avec les
moqueurs , les
cincles , les
rhabdornis et les
piqueboeufs en plus des gobemouches, étourneaux et merles) et les Bombycilloïdes (avec les
jaseurs, les
ptilogons, les
hypocolius, les
esclaves, les
mohos et les
siffleurs). Peu importe en fait, partons à la découverte de ces oiseaux originaux qui forment une dizaine de familles comptant chacune peu d'espèces.
BombycillidésLa famille des Bombycillidés regroupe 3 espèces d'oiseaux affectionnant les régions froides de l'hémisphère nord (Europe, Asie, Amérique), que l'on appelle
jaseurs en français et "
waxwings" (aile-de-cire) en anglais. Le nom anglais est évocateur d'une particularité anatomique tout à fait extraordinaire, la présence d'une
substance cireuse colorée en rouge vif formant quelques gouttes sur certaines plumes de leurs ailes. On ne comprend pas complètement la fonction de ces gouttes de cire que l'on rencontre dans les deux sexes, mais les femelles ont une préférence pour les mâles les plus âgés, qui arborent des parures de cire plus développées. La cire peut être absente chez les sujets plus jeunes.
Ces oiseaux sociables vivent en groupes abondants durant la mauvaise saison (ils peuvent former des nuées comparables à celles des étourneaux) et ne sont pas attachés à un territoire, se déplaçant et migrant plus ou moins loin en fonction de l'abondance des chutes de neige et de la disponibilité en ressources alimentaires. Ils n'ont pas le comportement typique des oiseaux territoriaux (agressivité mutuelle entre mâles voire entre femelles, défense d'un territoire contre les prédateurs, les rivaux ou les importuns) et se mélangent volontiers entre espèces dans les régions d'Asie ou d'Amérique où deux espèces de jaseurs se côtoient. Même pendant la nidification, l'agressivité reste limitée à un peu d'intimidation et pour peu que le secteur s'y prête plusieurs couples peuvent nicher à relative proximité les uns des autres. Au printemps et en été, durant la période de reproduction, ces oiseaux sont majoritairement insectivores, faisant une grosse consommation de moucherons capturés en vol, tandis que pendant l'automne et l'hiver, ils se nourrissent principalement de baies et de fruits. Les jaseurs sont peu farouches et s'approchent volontiers de l'homme, surtout lorsque celui-ci met de la nourriture à disposition.
Le plus largement répandu et seul représentant européen de cette famille est le
jaseur boréal (Bombycilla garrulus), autrefois appelé "jaseur des neiges" ou "jaseur de Bohème" (appellation encore utilisée chez certains) et que l'on rencontre dans le centre et le nord de l'Europe, mais aussi de l'Asie et dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord (Alaska, ouest du Canada, nord-ouest des Etats-Unis). En Europe, il niche en Scandinavie et descend l'hiver jusqu'en Pologne et en Europe centrale, mais certaines années, lorsque la neige est trop abondante et gêne la recherche de nourriture, il peut migrer beaucoup plus loin, jusqu'en Belgique, en France (Lorraine, Ardennes, Bourgogne, Jura...) et en Suisse. Il apparaît alors brutalement, en bandes nombreuses, ce qui a été à l'origine de superstitions par le passé (jusque pendant la Seconde Guerre mondiale) : sa présence était réputée annonciatrice de fléaux (coïncidence avec des guerres...), d'où des traditions de massacres d'oiseaux qui n'étaient pas bien difficiles à réaliser étant donné leur faible méfiance.
Les deux autres espèces sont le
jaseur des cèdres (Bombycilla cedrorum) ou jaseur d'Amérique, qui occupe une bonne partie du Canada et le nord des États-Unis et migre jusqu'au Mexique et en Amérique centrale ; et le
jaseur du Japon (Bombycilla japonica) qu'on rencontre en Sibérie orientale et qui migre en Corée et au Japon. Le jaseur des cèdres est un peu moins coloré que le jaseur boréal, il n'a pas de taches jaunes et blanches sur l'aile ; le jaseur du Japon se caractérise par des zones rougeâtre à rouge vif relativement étendues dans le plumage (en plus des gouttes de cire), notamment sur la queue, les ailes et la tête.
- Ici, dans les îles Shetland au nord de l'Ecosse, de magnifiques jaseurs boréaux, sauvages mais peu farouches, viennent se régaler d'une pomme dans la main de l'homme ; remarquez bien les "gouttes" de cire rouge sur leurs ailes :
https://www.youtube.com/watch?v=0mS4HS1v1wM- Ici, lors d'une "invasion" épisodique, à Nancy en 2013, un groupe de jaseurs boréaux dans différentes situations, buvant de l'eau à la lisière d'une mare gelée, mangeant des baies de gui, buvant la sève d'un arbre :
https://www.youtube.com/watch?v=BXjyK9JpfiU- Ici, le jaseur des cèdres, tout aussi peu farouche que son cousin boréal, accepte de nourrir ses oisillons tombés du nid recueillis par une femme :
https://www.youtube.com/watch?v=3id7dn5YF2o- Ici (après une vue générale sur l'environnement de l'oiseau et quelques autres habitants du lieu, tortues et canard souchet), un magnifique jaseur du Japon capturant un insecte en plein vol :
https://www.youtube.com/watch?v=tHlEYbN2cKk- Ici dans la région de Boston, dans un contexte de séduction mutuelle, un couple de jaseurs des cèdres s'échange une minuscule offrande (sans doute une baie) avant de picorer quelques fleurs :
https://www.youtube.com/watch?v=aTyOCZ1Dzm0Les jaseurs peuvent faire une grosse consommation de baies, parfois à leurs risques et périls : les baies fermentées peuvent les rendre ivres et les désorienter (au Canada, certaines associations ou le gouvernement de la province du Yukon se mobilisent pour leur venir en aide et leur permettre de "cuver" dans de petites cages en toute sérénité !) et les mêmes baies, ou d'autres plus toxiques, peuvent aussi les rendre malades ou même les tuer s'ils sont trop gourmands.
- Ici, le jaseur du Japon se nourrissant de baies (de sorbier ?) tombées au sol :
https://www.youtube.com/watch?v=yiYoUZcUydI- Ici, une bande de jaseurs des cèdres au vol mal assuré, rendus ivres par la consommation excessive de baies fermentées :
https://www.youtube.com/watch?v=pZKL3V7DZHA- Ici, un jaseur des cèdres cuvant :
https://www.youtube.com/watch?v=KIkmR_40vhw- Ici, des jaseurs des cèdres se nourrissant de baies de Nandina contenant une substance toxique : ils n'en souffriront (parfois mortellement) que s'ils l'ingèrent en trop grande quantité... Un festin à risque, donc, mais qui participe à la dissémination des graines de la plante via les déjections des oiseaux si ceux-ci restent raisonnables : une sorte d'équilibre à trouver pour que le bienfait mutuel puisse s'exercer. Cette plante d'Asie de l'Est (surnommée "bambou sacré" sans être un bambou) est cultivée dans le monde entier pour son aspect ornemental et c'est pourquoi des jaseurs américains la rencontrent ici :
https://www.youtube.com/watch?v=JFNRX0bezxE- Ici, une vidéo de 8 minutes (en anglais) qui récapitule une bonne partie de ce que nous avons vu à propos des jaseurs et présente les deux espèces pouvant se rencontrer en Amérique du Nord, le jaseur des cèdres et le jaseur boréal (avec leur aire de répartition géographique) ; il est aussi mentionné à 3:05 l'existence de jaseurs des cèdres au plumage davantage orangé que d'ordinaire, suite à la consommation d'une baie colorante bien particulière :
https://www.youtube.com/watch?v=Uug6Tuc24FE- Ici, un ornithologue amateur qui imite parfaitement le cri de l'oiseau et explique certaines caractéristiques du jaseur des cèdres ; vidéo en anglais sous-titrée en français mal traduit, mais on comprend quand même

et on peut aussi entendre le vrai cri de l'oiseau derrière
https://www.youtube.com/watch?v=G5vUHI8BsbsPtiliogonatidésLa famille des
Ptiliogonatidés regroupe 4 espèces d'oiseaux dont vous n'avez probablement jamais entendu parler, appelés
ptilogons ,
phénoptiles et
phénopèples. Deux espèces ne se rencontrent que dans la Cordillère de Talamanca, au Costa Rica. Les deux autres ont une aire de répartition un peu plus étendue en Amérique centrale et jusqu'au sud des Etats-Unis.
Le mieux connu est le
phénopèple luisant (Phainopepla nitens) qui se rencontre au Mexique et dans le sud-ouest des Etats-Unis, depuis les régions désertiques jusqu'aux forêts de chênes ou de platanes du sud de la Californie. Le mâle est d'un noir luisant, avec une tache blanche sur chaque aile qui n'est visible qu'en vol ; la femelle est grise avec une tache pâle visible sur l'aile. Comme les jaseurs, le phénopèple luisant est un gros consommateur de baies mais il affectionne particulièrement les baies de deux espèces de gui (toxiques pour l'homme et la plupart des animaux). Laissons parler Wikipédia pour présenter l'étonnante particularité anatomique de cette espèce :
Son gésier présente un mécanisme particulier qui lui permet de séparer la chair des baies de la peau, qui est traitée séparément dans les intestins. Ce mécanisme, dont il est le seul oiseau spécialisé dans la consommation de gui à bénéficier, lui permet une meilleure digestion des baies.
Comme les baies de gui sont peu nutritives, l'oiseau doit en manger une énorme quantité (jusqu'à 1.100 baies par jour) et chaque baie doit traverser les intestins en accéléré, en 12 minutes seulement, ce que cet étonnant mécanisme digestif permet. En matière de productivité, l'industrie pourrait en prendre... de la graine !

Ces baies fournissent à l'oiseau quasiment toute l'eau dont il a besoin, ce qui fait que le phénopèple luisant ne boit presque jamais. Dans le sud-ouest des Etats-Unis où les baies ne sont présentes que pendant une partie de l'année, le phénopèple luisant consomme aussi énormément d'insectes qu'il capture en plein vol.
Le phénopèple luisant a un comportement nettement territorial dans les zones désertiques, repoussant tous les rivaux et intrus, alors qu'il tolère bien davantage la présence de congénères nidifiant à proximité dans les régions forestières (il peut y avoir jusqu'à 4 nids dans le même arbre).
Il existe une relation complexe entre trois espèces, l'arbuste épineux dénommé "mesquite" (Prosopis glandulosa), son parasite le gui du mesquite (Phoradendron californicum) et l'oiseau phénopèple luisant qui en est le principal agent de dissémination.
- Ici, une série de photos sur le phénopèple luisant, le milieu dans lequel il vit, le mesquite et le gui du mesquite :
https://www.birdandhike.com/Wildlife/Bi ... /_Phai.htm- Ici, en Californie, un phénopèple luisant mâle chantant. En toute fin de vidéo, on aperçoit bien les taches blanches de l'aile visibles uniquement lorsque l'oiseau prend son envol :
https://www.youtube.com/watch?v=cqbXmpHS6C0- Ici, également en Californie, une femelle cherchant des baies dans un arbre :
https://www.youtube.com/watch?v=1ToDpsk3DrcLes trois autres espèces de la famille sont moins bien connues mais contribuent elles aussi à la dispersion des graines de différentes baies.
- Ici, le
phénoptile noir et jaune (Phainoptila melanoxantha) qui ne vit que dans la Cordillère de Talamanca (Costa Rica) :
https://www.youtube.com/watch?v=j6tp_JDCDeo- Ici, le
ptilogon à longue queue (Ptiliogonys caudatus) filmé lui aussi au Costa Rica :
https://www.youtube.com/watch?v=Q2YjKA1pT4U- Enfin, le
ptilogon cendré (Ptiliogonys cinereus) filmé dans l'Etat d'Oaxaca au Mexique :
https://www.youtube.com/watch?v=55JAVCTTs-wHypocoliidésCette famille ne compte qu'une seule espèce,
l'hypocolius gris (Hypocolius ampelinus) sur laquelle on sait assez peu de choses et dont la position dans la classification fait encore l'objet de controverses. Cet oiseau vit dans deux régions du Moyen-Orient (Irak, Afghanistan) et d'Asie centrale (Turkménistan) et migre en hiver vers la Péninsule arabique et les régions côtières de l'Iran et du Pakistan, atteignant parfois le nord-ouest de l'Inde (depuis le Gujarat jusqu'à Mumbai / Bombay et, pour la première fois observé en mars 2020, au Rajasthan). Il mange très majoritairement des fruits et baies, principalement des baies de l'arbuste meswak (Salvadora persica) - dont la racine, dénommée siwak ou bâton d'Araq, est utilisée par l'Homme pour le brossage des dents - ainsi que des dattes, des mûres, des jujubes... Il consomme aussi quelques insectes, surtout des coléoptères attrapés au vol ou à terre.
- Ici, en Arabie saoudite, une femelle, puis un mâle (masqué), dans un palmier dattier :
https://www.youtube.com/watch?v=KgTYYse5xkUDulidésLa famille des Dulidés ne compte qu'une seule espèce appelée
esclave palmiste (Dulus dominicus) ou oiseau palmiste, de l'île d'Hispaniola (regroupant Haïti et la République Dominicaine) et de quelques petites îles proches. Elle est l'emblème de la République Dominicaine. Il s'agit d'un oiseau parfois très bruyant, vivant en bandes, qui peut émettre des sons, cris et sifflements variés mais ne semble pas avoir de chant proprement dit ! Il affectionne les zones boisées clairsemées et les savanes, surtout celles où pousse le palmier royal (Roystonea hispaniolana) qui est son arbre favori, mais bien d'autres espèces de palmiers conviennent et on peut le rencontrer jusque dans les parcs et jardins. L'esclave palmiste occupe surtout le sommet des arbres et se nourrit de fruits, fleurs, nectar, feuilles, mais aussi d'arthropodes (insectes, araignées...) capturés principalement sur les branches. Certains insectes sont parfois attrapés en vol.
Les esclaves palmistes nichent dans de vastes nids collectifs abritant de 3 à 10 couples, voire davantage (jusqu'à 50 couples). Leur nom français "d'esclave" provient probablement de leur capacité, ensemble, à construire ces vastes nids avec de grosses brindilles voire de petites branches de 25 à 45 cm de longueur, d'une taille assez imposante par rapport à l'oiseau (qui fait 20 cm de longueur). La plupart des nids font 1 à 2 mètres de diamètre. Ils comportent des chambres de nidification pour chaque couple, accessibles chacune par un tunnel. En l'absence d'arbre, un poteau téléphonique peut faire l'affaire.
- Ici, un esclave palmiste se nourrissant de nectar :
https://www.youtube.com/watch?v=sAqgJSUbfDo- Ici, un petit reportage (en espagnol) reprenant les principaux faits sur l'esclave palmiste et montrant y compris des images de son nid :
https://www.youtube.com/watch?v=0NHPCFfXkfcMohoidésVoici une famille dont, hélas, tous les membres se sont éteints au cours des 19ème et 20ème siècles, le dernier n'ayant pas été vu depuis 1987. Elle regroupe des oiseaux endémiques des îles Hawaï (au cœur de l'océan Pacifique), appelés
mohos ou, en hawaïen,
ʻōʻō, dont la plupart des espèces ont un plumage noir marqué de touffes ou de zones jaunes et qui se nourrissaient principalement de nectar grâce à un bec long et recourbé.
De par leur morphologie et leur comportement, on a longtemps cru que les mohos étaient apparentés aux méliphages (une très grande famille d'oiseaux généralement mangeurs de nectar, au bec souvent fin et recourbé, répandus dans toute l'Océanie et une partie de l'Asie du Sud-Est), mais des études génétiques en 2008 ont suggéré qu'ils représentaient en fait une famille de Muscicapoïdes aberrants, proches des Ptiliogonatidés (cf. plus haut) ; d'autres études en 2019 ont fait encore plus précis et ont montré qu'ils s'étaient séparés des autres familles dès le Miocène précoce (il y a environ 20 millions d'années) en ayant évolué vers plusieurs formes bien distinctes, et que leurs parents les plus proches étaient en fait l'hypocolius gris qui vit au Moyen-Orient et le siffleur à flancs jaunes qu'on ne trouve qu'en Indonésie !
La disparition des mohos est due à plusieurs facteurs, tous humains. A la base, ces espèces ont été chassées pour leurs plumes décoratives utilisées pour des ornements hawaïens traditionnels. Puis, la destruction d'une grande partie de leur habitat par l'homme (ou la prédation par les animaux introduits par l'homme : chat, chien, cochon, rat) a considérablement réduit leur population. Enfin, l'arrivée du paludisme aviaire dans ces îles a contribué à achever ces espèces. Le paludisme aviaire a d'ailleurs décimé d'autres oiseaux hawaïens (appartenant à d'autres familles), qui sont devenus très rares ou ont disparu eux aussi jusqu'à une date très récente (2003) ; c'est une maladie omniprésente dans les régions tropicales et tempérées du globe, à laquelle beaucoup d'espèces d'oiseaux résistent car elles ont co-évolué avec le parasite responsable, mais qui est très meurtrière envers les espèces qui sont en contact avec lui pour la première fois (beaucoup de manchots de l'Antarctique vivant dans les zoos à travers le monde en ont également fait les frais). A Hawaï, les oiseaux domestiques (canaris...) porteurs du parasite et les moustiques qui en sont le vecteur ont été introduits simultanément et ont conduit à une hécatombe.
Voici la chronologie de la disparition des 5 espèces connues de la famille des Mohoidés :
-
Moho d'Oahu (Moho apicalis) : éteint depuis 1837.
-
Kioewa d'Hawaï (Chaetoptila angustipluma) : 4 spécimens connus, le dernier datant de 1859.
-
Moho de Bishop (Moho bishopi) : dernière observation certaine en 1904, possible observation d'un individu qui n'a pu être confirmée/validée en 1981.
-
Moho d'Hawaï (Moho nobilis) : éteint depuis 1934.
-
Moho de Kauai (Moho braccatus) : supposé éteint, dernier spécimen aperçu en 1987.
- Ici, dans cette émouvante et triste petite vidéo, les scientifiques gardent la seule trace auditive d'un dernier mâle de
moho de Kauai appelant une femelle qui ne viendra jamais... Un chant qui prend aux tripes. En toile de fond, quelques-unes des rares images filmées de cet oiseau (l'image ne correspond pas à l'enregistrement audio) :
https://www.youtube.com/watch?v=5THqAY3u5oY- Ici, une lithographie de John Gerrard Keulemans représentant le
moho d'Hawaï (qui vivait sur l'île principale d'Hawaï) et avait probablement les plus belles plumes jaunes ornementales :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_d%27 ... lemans.jpg- Ici, une autre lithographie de Keulemans représentant le
moho d'Oahu (qui vivait sur l'île d'Oahu, celle abritant la capitale Honolulu) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_d%27 ... lemans.jpg- Ici, dans la fiche Wikipédia du
moho de Bishop, qui vivait sur les îles de Molokai, Maui et Lanai (au centre de l'archipel des Hawaï), cliquer sur la photo du spécimen naturalisé puis sur la lithographie de Keulemans :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_de_Bishop- Et ici, le
moho de Kauai que nous avons pu entendre et entr'apercevoir plus haut :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moho_de_K ... ccatus.jpg- Ici, le
kioea d'Hawaï (un oiseau assez grand, de 33 cm de longueur, d'aspect un peu différent des mohos, qui vivait sur l'île principale d'Hawaï et dont des traces fossiles ont été retrouvées dans d'autres îles) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kio%C3%A9 ... ipluma.jpg- Ici,
les îles Hawaï sur Google Maps pour mieux se repérer (il est possible de zoomer / dézoomer et de passer en mode image satellite) :
https://www.google.com/maps/place/Hawa% ... 55.5827818HylocitréidésEncore une famille à espèce unique, génétiquement apparentée à l'hypocolius gris et aux mohos mais vivant dans une toute autre région du monde, les îles Célèbes (Sulawesi) en Indonésie. Il s'agit du
siffleur à flancs jaunes (Hylocitrea bonensis), également appelé hylocitrin à flancs jaunes, un petit oiseau qui ne paye pas de mine et sur lequel on ne sait pas grand-chose...
- Ici, quelques secondes d'une des très rares vidéos de siffleur à flancs jaunes :
https://www.youtube.com/watch?v=OK3qENQCpZw- Ici, une photo où l'on voit mieux l'oiseau et, plus bas, une carte avec son aire de répartition :
https://ebird.org/species/olfwhi1?siteLanguage=frY a-t-il des volontaires pour aller étudier le siffleur à flancs jaunes dans les forêts de montagne de l'île de Sulawesi ?
MimidésAvec la famille des Mimidés, nous sortons des "Bombycilloïdes" pour aborder les "Muscicapoïdes" proprement dits, mais c'est un détail.
Les Mimidés sont une famille d'oiseaux américains appelés
moqueurs en français (mockingbirds, soit oiseaux moqueurs, en anglais) ou, pour certaines espèces,
trembleurs, et qui comptent parmi elles quelques espèces d'oiseaux assez répandues, voire très répandues et parfois populaires, dans leurs régions d'origine dont les Etats-Unis. Ce sont des oiseaux de taille moyenne (entre 20 et 30 cm de longueur), pourvus d'une longue queue et, souvent, d'un bec assez long et recourbé. Ils vivent en grande partie au sol ou dans les buissons et arbustes assez près du sol, où ils trouvent leur nourriture (un peu comme les merles et grives) et possèdent un chant varié, composé de sons propres et empruntés à leur environnement (autres espèces d'oiseaux voire sources de bruit diverses). Ils sont aussi réputés pour leur propension à embêter les chiens et les chats...
Le
moqueur polyglotte (Mimus polyglottos) est l'une des deux espèces très populaires aux Etats-Unis (il a même servi d'emblème à 5 Etats du sud du pays, Arkansas, Floride, Mississippi, Tennessee et Texas). Il se rencontre dans toutes les régions depuis le centre des Etats-Unis jusqu'au Mexique pourvues d'une végétation assez dense, qu'il s'agisse de forêts, bois, parcs, jardins ou plantations. Comme la plupart des autres moqueurs c'est un oiseau vif, sans cesse en mouvement, au comportement territorial et qui ne craint pas la proximité des hommes. Son chant est mélodieux et complexe et sa capacité d'imitation est très élevée. Comme l'expliquait un de mes plus vieux bouquins de 1968-70 avec des détails de l'époque aujourd'hui introuvables :
"Son répertoire va de la note pure et plaintive de la Grive des bois jusqu'à l'âpre sifflement du Vautour, et il l'enrichit continuellement. Lorsque des Rossignols en cage furent importés d'Europe en Floride, les Moqueurs locaux ne furent pas longs à les imiter et à répéter à l'envi les notes liquides qui n'avaient encore jamais retenti dans ces parages. L'analyse des deux chants à l'oscillographe permit même de constater que les Moqueurs poussaient la perfection jusqu'à imiter des vibrations absolument imperceptibles pour l'oreille humaine. (...) Les chansons du Moqueur varient suivant les endroits, car si, dans les bois, il imite les autres Oiseaux qui s'y trouvent, dès qu'il s'établit à proximité des demeures humaines, il intercale dans son chant tous les sons qu'il entend, les gloussements des Poules, les cris des Oies ou des Canards, et jusqu'au grincement des girouettes, aux craquements des portes, au bruit d'une scie, d'un moulin, d'une carriole aux essieux mal graissés et de quantité d'autres choses."
Aujourd'hui un bon demi-siècle plus tard les "
carrioles aux essieux mal graissés" sont devenues plus rares mais le moqueur polyglotte a parfaitement su intégrer des sons plus modernes, alarmes de voitures ou autres.
- Ici, un petit aperçu de la diversité du chant du moqueur polyglotte :
https://www.youtube.com/watch?v=9L-VQYa3Ni8- Ici, filmés à travers une vitre, la parade nuptiale et l'accouplement du moqueur polyglotte :
https://www.youtube.com/watch?v=yICbg_cqa5c- Ici, un moqueur bien décidé à embêter un chat :
https://www.youtube.com/watch?v=81kmmQbGK3cA la belle saison, le moqueur polyglotte se nourrit de quantité d'insectes qu'il débusque au sol, sur les branches et feuilles ou qu'il attrape au vol. Sa technique de chasse est assez curieuse, il avance en déployant brusquement ses ailes et les scientifiques font l'hypothèse qu'il s'agit d'un moyen d'effrayer ses proies en les poussant à bouger et ainsi à se faire repérer... et gober. Mais cette espèce de moqueur ainsi que d'autres peuvent avoir le même comportement dans des contextes hors chasse, ce qui n'a pas vraiment d'explication. A l'automne l'oiseau se rabat sur les fruits et en hiver sur les baies.
- Ici, la technique de chasse des insectes au sol du moqueur polyglotte :
https://www.youtube.com/watch?v=bMsa0T8fZpY- Ici, la chasse aux criquets et sauterelles :
https://www.youtube.com/watch?v=68SaBzHtOvo- Et ici, la technique de chasse aux petits papillons réfugiés sur les murs et sous le toit d'une habitation :
https://www.youtube.com/watch?v=ZToYNoMZWDc- Ici, le moqueur polyglotte alimente ses poussins au nid :
https://www.youtube.com/watch?v=rYHTNbeaQ3k- Ici, dans une forêt tropicale du Mexique, un moqueur victime de l'un de ses plus redoutables prédateurs, le
serpent liane (Oxybelis fulgidus) qui sait se dissimuler à la perfection dans son environnement :
https://www.youtube.com/watch?v=d7JuHP1o80s- Ici, le chant d'une espèce très voisine vivant plus au sud, le
moqueur des savanes (Mimus gilvus), filmée au Venezuela :
https://www.youtube.com/watch?v=cAQBr4S5H_oLes îles Galapagos abritent quatre espèces de moqueurs assez proches du moqueur polyglotte, dont le
moqueur des Galapagos (Mimus parvulus), le
moqueur de San Cristobal (Mimus melanotis) et le
moqueur de Floreana (Mimus trifasciatus) qui est en grand danger de disparition (il a déjà disparu de l'île de Floreana où Darwin l'avait découvert en 1835 et ne subsiste que dans deux îlots voisins dont l'accès est désormais interdit). Cette dernière espèce qui n'imite pas les autres oiseaux a un régime alimentaire élargi : fruits, arthropodes (insectes, araignées etc.) y compris les tiques infestant le dos des iguanes marins, déchets laissés par les oiseaux de mer, charognes (d'oiseaux, de lézards, de tortues), oeufs, voire oisillons et lézards. C'est l'une des adaptations possibles à un environnement très particulier, sans eau douce et avec des possibilités alimentaires "classiques" limitées. Mais ce n'est pas la seule.
Le
moqueur d'Española (Mimus macdonaldi) qui est la seule espèce de moqueur des îles Galapagos que Darwin ait loupée, ne vit que sur l'île d'Española. C'est un oiseau très peu farouche (il s'approche facilement de l'homme) et son régime alimentaire englobe non seulement des arthropodes et des oeufs d'autres oiseaux, mais y compris... du sang prélevé sur des oiseaux vivants, sang qui lui fournit l'eau qui manque cruellement sur son île !
- Ici, un petit reportage sur l'étrange alimentation du moqueur d'Española, oiseau vampire :
https://www.youtube.com/watch?v=_U41VzippBE(A noter que l'une des espèces appelées autrefois "pinsons des Galapagos", les géospizes, a évolué exactement de la même manière en se nourrissant du sang des oiseaux de mer)
Le
moqueur-chat (Dumetella carolinensis) ou moqueur de la Caroline est la seconde espèce très populaire aux Etats-Unis (où il est répandu dans quasiment tout le pays à l'est des montagnes Rocheuses). Cet oiseau gris avec une calotte noire doit son nom à son cri caractéristique ressemblant à un miaulement. Mais c'est lui aussi un très bon chanteur et imitateur du chant d'autres espèces.
- Ici, le cri qui a donné son nom au moqueur-chat :
https://www.youtube.com/watch?v=hp8QLchWkMM- Et ici, le véritable chant du moqueur-chat :
https://www.youtube.com/watch?v=ZEVSMgiZeK8- Ici (après le bref passage d'une mésange), un moqueur-chat - qui ne sait pas partager - donne du fil à retordre à un geai bleu pour l'accès à une mangeoire :
https://www.youtube.com/watch?v=vptbsv53XgQLes moqueurs du genre Toxostoma parfois appelés toxostomes (mais l'on évite ce terme car il désigne également une espèce de poisson), rappellent souvent les grives par leur plumage foncé sur le dessus, clair sur le dessous et parfois tacheté sur la poitrine, mais leur queue est plus longue et leur bec est long et recourbé. Parmi eux, le
moqueur roux (Toxostoma rufum) est assez répandu dans le centre et l'est des Etats-Unis et du Canada et il est facilement reconnaissable à la couleur de son plumage.
- Ici, une vidéo entrecoupée de commentaires sur le moqueur roux (Toxostoma rufum), tournée au Canada :
https://www.youtube.com/watch?v=Zx_qrC3cniEAppartenant au même genre, le
moqueur de Californie (Toxostoma redivivum) se distingue des autres espèces par sa grande taille (avec 30 cm de longueur, c'est le plus grand de tous les moqueurs), sa couleur foncée et son oeil sombre. L'oiseau n'est pas rare mais il est moins visible que d'autres moqueurs, se déplaçant souvent au sol, dissimulé par les broussailles du maquis appelé chaparral. Il vit en Californie états-unienne et mexicaine.
- Ici, des moqueurs de Californie à l'abreuvoir :
https://www.youtube.com/watch?v=nfmuTyzdj-wAutre "toxostome", le
moqueur à bec courbe (Toxostoma curvirostre) qui vit dans les régions désertiques du Mexique, de l'Arizona et du Texas, riches en cactus, est visible dans une vidéo déjà présentée dans l'épisode sur les troglodytes (où trois espèces d'oiseaux du désert dont le troglodyte des cactus, le moqueur à bec courbe et une espèce de pic font un véritable festin d'abeilles). Cet oiseau consomme surtout des coléoptères, des limaces et escargots, des cloportes etc. mais aussi, surtout en période de reproduction, des fruits, des baies et du nectar.
- Ici, quelques secondes du chant du moqueur à bec courbe et une jolie vue sur son milieu naturel :
https://www.youtube.com/watch?v=irLdt9d8iMA- Ici, un moqueur à bec courbe se nourrissant de nectar dans une fleur de cactus saguaro :
https://www.youtube.com/watch?v=B22ddxV-d6Q- Ici, une courte vidéo, certes de mauvaise qualité mais intéressante, où l'on voit le moqueur à bec courbe protégeant son nid, difficile d'accès au milieu de cactus cholla, contre un
serpent-roi de Californie (Lampropeltis californiae) qui ne s'en tirera pas sans dommages :
https://www.youtube.com/watch?v=8L_DdN3jAU8Parmi la dizaine d'espèces du même genre, il y en a une
dont on ne sait pas dire si elle existe encore ou si elle a disparu ! Il s'agit du
moqueur de Cozumel (Toxostoma guttatum) qui ne vit que dans l'île mexicaine du même nom (mer des Caraïbes, au large de la péninsule du Yucatan). Comme l'explique Wikipédia :
L'espèce était encore abondante dans les années 1980, avec une population estimée à 10 000 individus, cependant chaque passage de cyclone ainsi que la présence de prédateurs importés comme le Boa constricteur menace la survie de l'espèce un peu plus chaque année. Ainsi, on a pensé qu'il pouvait avoir disparu en 1988 après le passage de l'ouragan Gilbert, mais un spécimen a été de nouveau aperçu en 1995, juste avant l'ouragan Roxanne, puis de même en 2004.
- Ici, la fiche Wikipédia avec la photo d'un spécimen naturalisé de moqueur de Cozumel (cliquer dans la photo pour l'agrandir) :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moqueur_de_CozumelLe
moqueur des armoises (Oreoscoptes montanus) est un excellent chanteur présent depuis le sud du Canada jusqu'à l'Arizona et au Nouveau-Mexique mais moins commun que le moqueur polyglotte, le moqueur-chat ou le moqueur roux. Cette espèce qui vit dans des régions broussailleuses parfois assez arides a su tirer parti des grandes cultures de luzerne créées pour le fourrage destiné au bétail : lorsqu'ils sont présents, les champs de luzerne sont devenus l'un de ses terrains favoris pour la chasse aux insectes. Il se nourrit également de fruits, baies, graines...
- Ici, le très beau chant du moqueur des armoises, sur un magnifique fond de ciel sombre :
https://www.youtube.com/watch?v=tVWUohhvYiA- Ici, un moqueur des armoises se nourrissant de baies, observé en 2011 dans la région de Chicago, bien plus à l'est que son domaine habituel (on en rencontre même parfois dans le nord-est des Etats-Unis) :
https://www.youtube.com/watch?v=X2DqUB64IlwLe
moqueur corossol (Margarops fuscatus) vit aux Bahamas et aux Antilles depuis l'est de la République Dominicaine et Porto Rico jusqu'aux Petites Antilles. C'est un oiseau agressif qui est en compétition fréquente avec une espèce de perroquet,
l'amazone de Porto Rico (Amazona vittata), pour l'accès aux meilleures cavités d'arbres pour nicher, alors que, contrairement au moqueur (en expansion), l'amazone est en danger critique d'extinction !
- Ici, quelques secondes de moqueur corossol s'alimentant et poussant son cri :
https://www.youtube.com/watch?v=CM1wrx9chagLe
trembleur brun (Cinclocerthia ruficauda) est un oiseau présent uniquement dans quelques îles des Petites Antilles. Il y a 50 ans, alors que l'oiseau était encore appelé
grive trembleuse, mon vieux bouquin écrivait :
La Grive trembleuse (Cinclocerthia ruficauda) est caractérisée par des tremblements violents dont on n'a jamais pu donner une explication satisfaisante. La chasse, la destruction des forêts et l'introduction de prédateurs comme les Rats ont tellement réduit sa population qu'il se pourrait qu'elle ait actuellement disparu.
Eh bien non, 50 ans après, l'espèce n'a pas disparu et sa population est même suffisamment abondante dans certaines îles (Saba, Dominique, Guadeloupe, Martinique) pour qu'elle soit classée en "préoccupation mineure". Par contre, la raison des tremblements n'est toujours pas élucidée. Comme l'écrit le site oiseaux.net :
Le tremblement si caractéristique qui a donné son nom à cet oiseau consiste à laisser pendre à la fois les deux ailes puis à les remettre rapidement en position, ce mouvement étant accompagné par des convulsions nerveuses de la queue (...) On ne connaît pas exactement la fonction de ce tremblement, mais on sait qu'il se déroule surtout lorsque les oiseaux sont en groupe.
Son cousin le
trembleur gris (Cinclocerthia gutturalis) est très similaire, avec une aire de répartition plus réduite (Sainte-Lucie, Martinique) mais il n'est pas menacé non plus. Toutefois, trembleur gris ou trembleur brun, les vidéos sont rares !
- Ici, la seule vidéo de "tremblement" que j'aie pu trouver, très courte, chez un trembleur gris :
https://www.youtube.com/watch?v=fg63IsK6mkU- Ici, un trembleur gris s'alimentant :
https://www.youtube.com/watch?v=hRq7DboYKgc- Ici, la fiche du trembleur brun sur le site ebird.org, avec des photos et, un peu plus bas, quelques vidéos :
https://ebird.org/species/brotre1?siteLanguage=frQuelques autres espèces de la famille des Mimidés :
- Ici, le
moqueur grivotte (Allenia fusca) des Petites Antilles, filmé dans l'île de la Dominique :
https://macaulaylibrary.org/asset/201531581- Ici, le
moqueur noir (Melanoptila glabrirostris), l'un des plus petits moqueurs (20 cm de longueur), qui vit dans la péninsule du Yucatan (sud-est du Mexique, Belize...)
https://www.youtube.com/watch?v=w2-CEdhg7fc- Ici, le
moqueur bleu et blanc (Melanotis hypoleucus) qui vit du sud-est du Mexique (Etat de Chiapas) au Nicaragua :
https://www.youtube.com/watch?v=Jg0cl8L-OBY- Ici, le
moqueur bleu (Melanotis caerulescens), un oiseau répandu à travers le Mexique : deux individus tenus en main par l'homme (une des rares vidéos à la fois pas trop mauvaises et pas trop longues que j'ai pu trouver de cet oiseau) :
https://www.youtube.com/watch?v=AYfnkJ-86RA- Ici, un article sur le
moqueur gorge blanche (Ramphocinclus brachyurus), dont il n'existe que deux populations, une en Martinique (200 à 400 individus dans une petite zone de 5 km² dans la presqu'île de la Caravelle, au nord-est, sur la commune de La Trinité) et une dans l'île voisine de Sainte-Lucie où l'espèce est un peu plus nombreuse :
https://www.especes-menacees.fr/dossier ... e-blanche/- Ici dans cette étrange vidéo, le passage en revue de presque tous les membres de la famille des Mimidés :
https://www.youtube.com/watch?v=rUHXsbPfCJMCinclidésLes Cinclidés regroupent 5 espèces d'oiseaux appelées
cincles, qui vivent en lien étroit avec les petits cours d'eau et torrents de montagne et dont la plupart des membres ont la faculté tout-à-fait extraordinaire de voler sous l'eau pour trouver leur nourriture. Ces oiseaux se rencontrent principalement en Europe, Asie et Amériques. Ils affectionnent particulièrement les cours d'eau vive peu profonds à fond caillouteux, où ils capturent toutes sortes de petits animaux, larves, petits crustacés d'eau douce, œufs de poisson voire petits poissons. Leur plumage est rendu imperméable car enduit d'une graisse sécrétée depuis une glande située près du croupion et consciencieusement étalée par l'oiseau. Leur sang a évolué d'une façon qui leur permet de stocker davantage d'oxygène et donc de rester sous l'eau jusqu'à 1 minute sans respirer (mais ils y restent rarement plus de 15 secondes). Cela permet aux cincles d'occuper une niche écologique très particulière, relativement à l'abri de la plupart des prédateurs.
L'unique espèce européenne est le
cincle plongeur (Cinclus cinclus), répandu dans une grande partie de l'Europe, du Nord (Scandinavie, îles Britanniques) au Sud (du Portugal à la Grèce) et de l'Est à l'Ouest (de la Roumanie à l'est de la France), sauf dans une bande centrale traversant le continent depuis le sud-ouest de la France jusqu'aux steppes russes en passant par le Benelux, le nord de l'Allemagne et la Pologne. On le trouve aussi en Turquie et dans quelques points du Maghreb (Atlas marocain, Algérie) ainsi que dans les grandes îles de Méditerranée occidentale (Baléares, Corse, Sardaigne, Sicile). En France, on le rencontre dans un grand arc sud-est partant des Pyrénées et allant jusqu'aux Vosges en passant par les Alpes et le Jura, ainsi qu'en Corse. Il existe aussi des populations isolées et plus réduites en certains points du Massif Central et même en Bretagne.
- Ici, une fantastique petite vidéo tournée en Finlande montrant le cincle plongeur volant sous l'eau et traversant des chutes d'eau :
https://www.youtube.com/watch?v=Ai8TpayswbA- Ici, une vidéo plus complète sur la vie et les mœurs du cincle plongeur, y compris pendant la période de reproduction, tournée en Suisse :
https://www.youtube.com/watch?v=Lvq2ZPtK-3YLes quatre autres espèces de cincles sont :
- Le
cincle d'Amérique (Cinclus mexicanus) qui vit dans les régions montagneuses de l'ouest de l'Amérique du Nord depuis l'Alaska jusqu'en Amérique centrale, et notamment dans les montagnes Rocheuses ; son plumage est entièrement sombre, brun-gris parfois un peu ardoisé.
- Le
cincle de Pallas (Cinclus pallasii) qui est l'espèce asiatique, présente dans tout l'Himalaya et jusqu'au nord de l'Indochine, au Japon et à la péninsule du Kamtchatka en Russie, y compris la totalité de la Chine et des deux Corée ; c'est également une espèce au plumage entièrement brun.
- Le
cincle à tête blanche (Cinclus leucocephalus), principale espèce sud-américaine, répandue dans la Cordillère des Andes et ses prolongements, depuis l'ouest du Venezuela et la Colombie jusqu'à la Bolivie.
- Le
cincle à gorge rousse (Cinclus schulzii), une espèce à l'aire de répartition très limitée, sur le versant est de la Cordillère des Andes dans le sud de la Bolivie et le nord de l'Argentine.
Ces autres espèces ont un comportement similaire à celui du cincle plongeur, mais les deux dernières espèces (sud-américaines) semblent avoir poussé moins loin l'adaptation au milieu et se contentent de picorer sous l'eau sans vraiment voler sous l'eau.
- Ici, le cincle d'Amérique (au plumage entièrement sombre) chantant puis plongeant pour cueillir des œufs de saumon :
https://www.youtube.com/watch?v=cfUs1ZlOVys- Ici, le cincle d'Amérique et ses plongées vues du dessus de l'eau, dans le parc national de Yellowstone :
https://www.youtube.com/watch?v=Z-KjBjjq-RU- Ici, le cincle de Pallas, filmé dans la partie indienne de l'Himalaya :
https://www.youtube.com/watch?v=1oHjwUtxOVw- Ici, le cincle à tête blanche, filmé en Colombie :
https://www.youtube.com/watch?v=lzTIPoxggA0- Ici, un cincle à gorge rousse filmé dans le nord de l'Argentine :
https://www.youtube.com/watch?v=MqFn0L7nXx4RhabdornithidésVoici une famille ne comptant que quatre espèces proches qui vivent toutes aux Philippines et sur lesquelles on ne sait pas grand-chose, les
rhabdornis. Leur classification a toujours été un casse-tête ; ils ont été placés dans les Certhiidés - les grimpereaux -, dans les Timaliidés - les timalies, un groupe fourre-tout qui a fini par éclater -, dans les Sylviidés - les fauvettes - en 1988 sur la base d'études ADN encore "primitives", et les études ADN les plus récentes ont montré leur proximité avec les Sturnidés - étourneaux. Aussi, suivant les auteurs, soit ils sont classés dans les Sturnidés, soit ils disposent de leur propre famille apparentée à ces derniers, les Rhabdornithidés donc. C'est l'option que je retiens ici.
Les quatre espèces sont le
rhabdornis à tête striée (Rhabdornis mystacalis) largement présent à travers les Philippines, le
rhabdornis à tête brune (Rhabdornis inornatus) présent dans le centre et le sud du pays, le
rhabdornis à long bec (Rhabdornis grandis) limité aux montagnes du nord de l'île de Luçon (la grande île où se trouve Manille), et enfin le
rhabdornis des Visayas (Rhabdornis rabori) qui vit dans deux grandes îles du centre du pays, Negros et Panay.
Presque tout reste à découvrir sur ces oiseaux. On sait seulement que le rhabdornis à tête striée a été observé nichant dans des cavités (on suppose qu'il en est de même pour les autres espèces) et que ces oiseaux consomment aussi bien des graines et des fruits que des insectes (parfois happés au vol à la façon des gobemouches) voire des grenouilles arboricoles.
- Ici, une courte vidéo d'un
rhabdornis à tête striée faisant sa toilette :
https://www.youtube.com/watch?v=9qwuFqJ6u7Q- Ici, une autre vidéo d'une paire de
rhabdornis à long bec :
https://macaulaylibrary.org/asset/201572501Y a-t-il des volontaires pour aller étudier les rhabdornis dans les jungles philippines ?
BuphagidésPour clore notre super-famille des Muscicapoïdes, voici à nouveau une famille étrange, ayant établi une curieuse relation avec de nombreuses espèces de grands mammifères herbivores, une relation généralement très utile à ces derniers mais aussi parfois fort nuisible à certains individus ! Il s'agit des Buphagidés, appelés
piquebœufs en français. Il n'en existe que deux espèces, vivant dans les savanes d'Afrique, le
piquebœuf à bec jaune (Buphagus africanus) et le
piquebœuf à bec rouge (Buphagus erythrorhynchus). L'espèce à bec rouge vit en Afrique de l'Est et du Sud-Est (de l'Ethiopie à l'Afrique du Sud), celle à bec jaune est plus largement répandue dans toute l'Afrique subsaharienne et c'est la seule que l'on rencontre en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale.
Les piquebœufs se nourrissent d'insectes, de larves et de divers parasites tels que les tiques qui infestent la peau des grands mammifères. Ils font donc œuvre utile pour les buffles, girafes, rhinocéros, hippopotames, phacochères, zèbres, gnous, gazelles et autres antilopes, en les débarrassant de ces hôtes indésirables et c'est pourquoi ces mammifères tolèrent la présence de l'oiseau (seuls les éléphants ne les acceptent pas). De plus, les piquebœufs sont souvent les premiers à donner l'alerte en cas de danger.
Mais c'est moins le parasite proprement dit qui intéresse les piquebœufs, que le sang qu'ils contiennent. Aussi, lorsque les oiseaux repèrent un animal blessé, ils n'hésitent pas à boire directement le sang dans la plaie, empêchant celle-ci de cicatriser et favorisant même son infection, ce qui peut être fatal au mammifère ! Ce faisant, l'oiseau se comporte lui-même comme un parasite.
Nous avons donc encore une fois affaire à un "oiseau-vampire" comme déjà vu avec une espèce de moqueur des Galapagos.
- Ici, une vidéo de Brut sur le rôle ambivalent du piquebœuf ; on peut y repérer les deux espèces, à bec rouge (bec entièrement rouge) et à bec jaune (bec jaune d'or à pointe rouge) :
https://www.youtube.com/watch?v=hpkhQgRXt6k- Une autre vidéo, en anglais, sur le même thème ; elle permet de mieux voir les piquebœufs en action sur les grands animaux :
https://www.youtube.com/watch?v=xudYUvcal58- Ici, le piqueboeuf à bec rouge sur divers animaux, mais à la fin voici ce qu'il peut faire à un vieil hippopotame en fin de vie :
https://www.youtube.com/watch?v=cSpJZ999yVM