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Le lundi 04 fév 2008
[center]Génome: lien entre la sélection naturelle et la sensibilité aux maladies[/center]
Agence France-Presse
Paris
La sélection naturelle a participé significativement à la diversité des populations humaines modernes et de leur sensibilité aux maladies, selon une étude de génétique menée à l'échelle du génome par des chercheurs de l'Institut Pasteur à Paris.
Les différences de couleur des cheveux, de taille, ou de sensibilité à certaines maladies observées entre différentes populations humaines aujourd'hui résulteraient bien d'un processus d'adaptation à l'environnement, selon cette vaste analyse du génome, publiée en ligne dimanche dans la revue spécialisée Nature Genetics.
«C'est la première fois qu'à l'échelle du génome, on montre que la sélection a participé à la différenciation des populations et à leur adaptation à leur environnement», commente auprès de l'AFP Lluis Quintana-Murci (unité de génétique évolutive humaine-Cnrs, Institut Pasteur).
L'étude a permis l'identification de 582 gènes variant selon les populations. «Ces gènes se seraient différenciés entre il y a 60 000 ans et 10 000 ans», selon les chercheurs.
Certains de ces gènes sont impliqués dans des différences physiques (pigmentation de peau, épaisseur des cheveux), d'autres dans les relations avec des agents pathogènes : ainsi, une mutation (changement) d'un gène CR1 retrouvé à 85% chez les Africains, mais absente chez les Européens et Asiatiques (Chinois, Japonais), a dû apporter un certain degré de protection contre les formes sévères de paludisme.
«Ces gènes ont participé à l'adaptation à l'environnement, leurs mutations ont apporté des avantages sélectifs : ils jouent donc probablement un rôle important à l'échelle de chaque individu», souligne Lluis Quintana-Murci.
Ainsi, une bonne adaptation à un environnement nutritionnel relativement frugal pourrait - en partie - être la cause d'une plus grande vulnérabilité à l'obésité et à l'hypertension artérielle d'un Africain dans la société d'abondance américaine, avance-t-il.
«On connait la fonction de beaucoup de ces gènes. Mais, on en a découvert certains, dont on ignore la fonction», ajoute le chercheur.
Ce travail s'est fait à l'aide des données du consortium public international «HapMap».
L'analyse a porté sur 210 individus représentatifs des différentes populations humaines. Le niveau des différences entre populations a pu être mesuré grâce à plus de 2,8 millions de marqueurs.
«Cependant, avertit le chercheur, ces gènes (ou plutôt leurs modifications) ne représentent qu'une infime partie de notre génome, ce qui abolit à nouveau le concept de "race" d'un point de vue génétique».
Ces «travaux, qui ont notamment identifié des gènes candidats de prédisposition à des maladies dont la fréquence varie selon les populations, ouvrent la voie à des recherches génétiques d'intérêt médical», ajoute-t-il.