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[center]Le futur accélérateur de particules du CERN n'entrera en service qu'en 2008[/center]
LE MONDE | 04.06.07 |
C'est désormais certain, à défaut d'être tout à fait officiel : le grand collisionneur de hadrons (LHC), le plus puissant accélérateur de particules jamais conçu, ne commencera pas à fonctionner en 2007.
La complexité de la mise en service de cet anneau de 27 kilomètres de circonférence, enfoui sous la frontière franco-suisse, près de Genève, a conduit le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) à renoncer à cette date affichée depuis plusieurs années. Dans le nouveau calendrier, en cours de finalisation, que la direction de l'organisme doit soumettre le 22 juin à ses 20 Etats membres, la campagne de tests à basses énergies, prévue à partir de novembre 2007, sera supprimée. Le LHC ne devrait commencer à fonctionner qu'à partir d'avril 2008. Sans pause, la campagne scientifique devrait succéder à cette phase de réglage, à partir de juillet 2008.
Les physiciens pourront alors commencer à analyser les résultats des collisions des millions de protons qui, chaque seconde, doivent se percuter à la vitesse de la lumière, révélant les composants les plus secrets de la matière. Parmi ceux-ci, ils espèrent surtout détecter le boson de Higgs, guetté depuis des années comme l'explication de la masse de toute chose. C'est notamment pour s'assurer de cette découverte que le CERN ne tenait pas à laisser dériver le calendrier, même si la date de début des activités avait plusieurs fois reculé au sein de l'année 2007. En effet, il existe encore un collisionneur en activité qui pourrait profiter des retards du LHC pour dénicher le boson de Higgs, et arracher les prix Nobel qui iront avec. Cet engin en fin de carrière tourne actuellement près de Chicago, au Fermilab.
AIMANT DÉFECTUEUX
Or un malencontreux hasard a voulu que des défauts dans les parties cruciales fournies au CERN par le Fermilab soient aujourd'hui les causes principales du report du démarrage du LHC. Lors d'un essai en mars, un des aimants qui doit focaliser les faisceaux de protons à leur entrée dans les détecteurs placés sur l'anneau a cassé, à cause d'une erreur de conception du laboratoire américain (Le Monde du 10 avril). Depuis, les techniciens ont trouvé le moyen de réparer cette panne en ne remontant à la surface qu'un seul aimant, celui qui a cédé. Ces opérations in situ prendront du temps à cause de l'exiguïté du tunnel où a été installé le collisionneur. Elles ne s'achèveront pas avant octobre.
Les aimants du Fermilab ne sont pas les seuls responsables du délai. Ce contretemps n'a fait que compliquer un peu plus un planning de mise en service déjà très tendu. Pour fonctionner, le LHC doit, en effet, surmonter l'épreuve redoutable d'un refroidissement qui doit atteindre - 271 oC, une température proche du zéro absolu. Pour y parvenir, l'anneau a été divisé en huit secteurs d'environ 3,3 km de long. La mise en froid du premier de ces secteurs, achevée en avril, s'est aussi révélée plus longue et ardue que prévu. "Il n'y a eu aucun problème fondamental, ce qui est une bonne nouvelle, dit Philippe Lebrun, responsable de la technologie des accélérateurs au CERN. Mais cela a montré qu'il faut du temps pour régler les anomalies qui sont apparues, et surtout pour former les personnels à la maîtrise de cet instrument très complexe." La mise en froid et les tests de secteurs suivants devraient bénéficier de cette première expérience, mais ils semblaient difficilement compatibles avec l'échéance de la fin 2007.
Jérôme Fenoglio