numériser les traces de dinosaures

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dans le Figaro:

[center]Un scanner pour numériser les traces de pas de dinosaures[/center]


ISABELLE BRISSON. Publié le 26 mai 2007




Inclinée à 72 degrés, la paroi rocheuse du site de Cal Orck'o, en Bolivie, compte plus de 5000 empreintes de 15 espèces de dinosaures.
DR.

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Des chercheurs suisses proposent une nouvelle technique d'analyse des pistes fossiles.


DES MÉTHODES de plus en plus modernes permettent de décrire les fossiles. L'une d'entre elles a permis l'analyse de la plus grande piste au monde de pas de dino­saures, en Bolivie. Cette méthode très pratique en terrain difficile consiste à scanner le site grâce à un appareil à balayage laser posé au sol, pour réaliser un modèle en trois dimensions. Un autre appareil employé en architecture pour photographier les monuments (orthophotos) relève la texture du terrain. En superposant les deux modèles, il devient possible de réaliser une maquette virtuelle du site.


L'étude demandée par le gouvernement bolivien a été réalisée par Basil Thüring, géographe au Musée d'histoire naturelle de Bâle en Suisse. Le site de Cal Orck'o est une carrière située sur les contreforts de la cordillère des Andes près de la ville de Sucre à 2 800 mètres d'altitude. La Bolivie a demandé cette expertise pour faire classer l'endroit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.


La paroi rocheuse portant les nombreuses traces de pas de dinosaures est inclinée à 72 degrés, mesure 1,5 km de long et fait 120 mètres de haut. L'inclinaison du site a été provoquée par les forces géologiques qui ont soulevé la ­cordillère des Andes à son altitude actuelle. Avant les paléontologues devaient faire des relevés comme des alpinistes, avec des piolets et des cordes. Le mur porte plus de 5 000 empreintes de pas de dinosaures correspondant à 15 espèces différentes dont des titanosaures, des tyrannosaures, des iguanodontes et des abelisaures. Les pas datent de 68 millions d'années (Crétacé). Les animaux évoluaient au niveau de la mer dans un climat tempéré et humide parmi les conifères et des magnolias dans des marécages argileux où ils ont laissé leurs empreintes.


« Paléojura »


C'est Christian Meyer, vice-président de l'EAVP et directeur du Musée d'histoire naturelle de Bâle qui a mis en place le premier projet de ce genre. La Suisse est en effet le seul pays d'Europe où des fouilles paléontologiques préventives sont obligatoires avant la construction de toute infrastructure ou bâtiment dans des couches géolo­giques susceptibles de révéler des fossiles. Au même titre que les fouilles archéologiques préven­tives en France.


En 2000, le gouvernement Suisse et le canton du Jura ont ainsi financé le projet « Paléojura » sur le tronçon d'autoroute qui reliera Vienne à Montbéliard en traversant le Jura. À Courtedoux (Suisse), six sites ont été repérés avec plus de 4 000 empreintes et plus de 280 pistes, explique Daniel Marty, paléontologue à l'Office de la culture du canton du Jura. L'étude des pas permet de déterminer la vitesse de l'animal, son style de locomotion et son comportement. Les sauropodes (gros dinosaures herbivores), par exemple, n'étaient pas lourds, contrairement à ce que l'on pensait, ils marchaient parallèlement en troupeaux, la queue en l'air.