dans le figaro:
a écrit :
[center]Inquiétante progression des gonocoques MST[/center]
Selon une enquête, le nombre de cas de gonococcies découvert en France aurait augmenté de 48% en deux ans.
Martine Perez
[03 janvier 2006]
LA FRÉQUENCE des infections à gonocoques a augmenté de manière inquiétante au cours des deux dernières années, ainsi que le pourcentage de souches résistantes aux antibiotiques usuellement prescrits. C'est ce que dévoile le Bulletin épidémiologique aujourd'hui en présentant le bilan pour l'année 2004 de la surveillance de ces bactéries. Soulignons-le d'emblée, une telle progression est d'autant plus préoccupante qu'elle traduit un relâchement de la prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST) par le préservatif, que d'autres enquêtes ont par ailleurs observé.
Le Réseau national des gonocoques (Renago, un réseau de laboratoires de microbiologie répartis sur tout le territoire) a été instauré en 1986 pour surveiller l'évolution de ces bactéries sur le territoire national et adapter les recommandations de traitement en fonction de leur sensibilité aux antibiotiques. L'objectif est, pour chacun des 231 laboratoires, de déclarer chaque cas d'infection à gonocoques diagnostiqué lors des prélèvements (au niveau de l'urètre ou du vagin).
Résistance aux antibiotiques
Pour l'année 2004, 550 souches de gonocoques ont été isolées par le réseau Renago, dans l'immense majorité chez des hommes (seulement 50 ont été détectés chez des femmes). Par rapport à l'année 2002, on peut noter une augmentation de 48% du nombre de cas, notamment pour le sexe masculin et en Ile-de-France. L'âge moyen des hommes infectés est de 31 ans. Selon une étude de l'Institut de veille sanitaire de 2004, 38% des infections à gonocoques concerneraient des homosexuels masculins.
Il est très probable que le nombre de gonococcies diagnostiquées chez les femmes soit sous-estimé. D'une part parce que le gonocoque donne peu de symptômes chez la femme, alors qu'il occasionne un écoulement urétral chez l'homme. Et que souvent la partenaire d'un homme contaminé est traitée sans que des prélèvements aient été effectués.
Outre cette augmentation du nombre des gonococcies, l'apparition croissante de résistance au principal antibiotique utilisé jusqu'alors, la ciprofloxacine est préoccupante. Le pourcentage de souches résistantes est passé de 12,8% en 2003 à 30,2% en 2004. Cette résistance est nettement moins importante en Grande-Bretagne (14,4% des souches sont résistantes) et en Hollande (14,8% de résistance). L'insensibilité à la pénicilline est restée à peu près stable d'une année sur l'autre, en revanche, celle aux tétracyclines est en augmentation, passant de 24,9% en 2003 à 29% en 2004.
L'évolution des résistances aux antibiotiques a conduit l'Institut de veille sanitaire à alerter l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Un groupe de travail a donc émis en juillet 2005 de nouvelles recommandations pour le traitement des gonococcies. Ainsi, la ciprofloxacine par voie orale est désormais abandonnée. Et les experts suggèrent maintenant de prescrire, en première intention, une injection unique de ceftriaxone, si bien sûr il n'existe pas de contre-indications, sans oublier le traitement du ou des partenaires sexuels et le rappel de l'usage des préservatifs dans un but de prévention.