mais manifestement il a encore de beaux jours devant lui chez l'homme....plus que chez le chimpanzé.
deux articles:
a écrit :
mercredi 31 aout 2005
[center]Le chromosome Y a encore de beaux jours devant lui [/center]
NEW YORK (AP) - Le chromosome Y, ce morceau d'ADN qui fait qu'un homme est un homme, a perdu tant de gènes au cours de l'évolution que les scientifiques ont craint un temps qu'il ne disparaisse d'ici une dizaine de millions d'années. Mais une nouvelle étude vient réfuter cette thèse, faisant apparaître l'excellente conservation du chromosome ces six derniers millions d'années.
L'étude menée par David Page et son équipe de l'Institut de recherche biomédicale Whitehead, à Cambridge (Massachusetts), est publiée jeudi dans le journal scientifique "Nature".
Le chromosome Y est apparu il y a 300 millions d'années et s'est érodé au fil du temps, le mécanisme de protection de l'ADN que possèdent d'autres chromosomes étant chez lui manquant. Toutes ces mutations ont rendu des centaines de ses gènes originaux inactifs. A l'heure actuelle, le chromosome Y ne contient plus que 27 gènes ou familles de gènes identiques.
En 2003, David Page avait signalé que la forme moderne du chromosome Y possédait un mécanisme original de fixation de près de la moitié de ses chromosomes les empêchant de disparaître. Une affirmation qui, à l'époque, n'avait pas convaincu l'ensemble de la communauté scientifique. Sa nouvelle publication se penche sur une région du chromosome Y qui ne permet pas cette fixation.
Les chercheurs ont comparé cette région chez le chimpanzé et l'homme. Les hommes et les singes ayant évolué chacun de leur côté pendant environ six millions d'années, les scientifiques s'attendaient à ce que des gènes soient devenus inactifs dans chacune des deux espèces.
Or ils en ont trouvé cinq sur le chromosome Y du singe, mais aucun sur celui de l'homme, un déséquilibre que David Page a qualifié de surprenant. Il contredit l'idée selon laquelle le chromosome Y humain continue à perdre des chromosomes si rapidement que sa disparition serait programmée dans environ 10 millions d'années.
Jennifer Marschall Graves de l'Université nationale de Canberra (Australie), une généticienne convaincue de la disparition à terme du chromosome Y, a qualifié de "brillant" le travail de David Page, sans pour autant changer d'avis.
La seule question est, selon elle, de savoir quand et non pas si le chromosome Y va disparaitre: "Cela peut prendre moins de 10 millions d'années, mais cela peut aussi être beaucoup plus long..."
Le chromosome Y a déjà disparu chez de nombreuses espèces animales et "il n'y a aucune raison de penser qu'un tel phénomène ne se produira aussi chez l'homme", a encore souligné la scientifique. Le cas échéant, d'autres chromosomes prendraient le relais du rôle d'identifiant sexuel joué par le chromosome X.
et dans Science et Avenir:
a écrit :
[center]Chromosome Y: l’homme s’en sort mieux que le chimpanzé [/center]
La comparaison du chromosome Y avec le chromosome X n’est pas en faveur du chromosome masculin, qui a perdu beaucoup plus de gènes que son homologue féminin depuis qu’ils se sont séparés, il y a 300 millions d’années. Soulagement pour le genre masculin : la comparaison avec le chromosome Y du chimpanzé est réconfortante. Malgré sa solitude, le Y n’a pas dépéri au cours depuis 6 millions d’années, il se porte même mieux que celui du grand singe.
Contrairement à tous les autres chromosomes qui vont par paire, le Y est seul. Ne pouvant échanger de matériel génétique avec son semblable, il semblait voué à se dégrader, voire à disparaître. Lorsqu’ils ont comparé le Y de l’homme avec celui du chimpanzé –dont le génome est publié aujourd’hui dans la revue Nature, David Page et ses collègues ont donc cherché chez le grand singe des gènes que le chromosome humain aurait perdus. Surprise : ils n’ont rien trouvé de tel et ont même découvert l’inverse.
Dans la famille des gènes communs avec le X, dont beaucoup ont été perdus, cinq qui sont actifs chez le Y humain sont mutés et inactifs chez le chimpanzés. Il semble donc que l’évolution ait été favorable au chromosome Y, explique Page (HHMI) : les mutations concernant ces gènes n’auraient pas été transmises.
Les pertes subies par le chromosome Y du chimpanzé pourraient s’expliquer par le fait que les singes ont plusieurs partenaires sexuels. Cette polygamie accroît la pression de sélection sur les gènes liée à la production de sperme mais incite moins à préserver les gènes qui ne sont pas directement lié à la reproduction. Il s’agit encore d’une hypothèse, précise David Page.
Pour le reste du chromosome Y humain, le même David Page avait montré en 2003 que beaucoup de ses gènes –notamment pour la fabrication du sperme- étaient situés dans des palindromes (lire ci-contre) qui offraient un mécanisme d’auto-réparation au chromosome solitaire. De quoi se rassurer sur l’avenir du genre masculin.
Cécile Dumas
(01/09/05)