Bien entendu, une version écrite de cet entretien, dûment relue, est bien plus "politiquement correcte".
(le monde.fr a écrit :Guadeloupe : le Medef local "surpris" par le refus de François Fillon
LEMONDE.FR | 10.02.09
Mardi 10 février, François Fillon a refusé que l'Etat finance une augmentation des bas salaires guadeloupéens, une mesure contenue dans le pré-accord entre le patronat et le LKP, le collectif contre l'exploitation. Pour Willy Angèle, président du Medef de la Guadeloupe, la décision du premier ministre fait voler en éclats le pré-accord trouvé entre les partenaires sociaux.
Comment réagissez-vous aux refus de François Fillon de financer les 108 millions d'allègements de charge demandés ?
Willy Angèle : Je suis surpris. Le problème que nous traitons est grave, il s'agit du différentiel de pouvoir d'achat entre la métropole et la Guadeloupe sur les produits de première nécessité. Je ne vois pas comment les entreprises guadeloupéennes pourraient financer à elles seules une augmentation des 41 000 bas salaires de l'île, pour 108 millions d'euros, alors que le bénéfice dégagé par l'ensemble de ces entreprises est de 100 millions d'euros. Nous ne pouvons pas faire face à cette situation seuls, nous n'en avons pas les moyens financiers.
La décision de François Fillon remet-elle en cause le résultat de vos négociations avec le collectif LKP, qui organise la mobilisation ?
Nous n'avons signé qu'un pré-accord avec le LKP, valable seulement s'il y a participation de l'Etat. Il prévoyait de faire financer l'augmentation des bas salaires par les secteurs du commerce et de la distribution, en échange d'exonérations de charges. Si ces exonérations ne sont pas mises en place, nous n'avons plus les moyens de financer cette mesure.
Mais nous allons nous adapter. Nous sommes des hommes de dialogue. La position de François Fillon permettra peut-être au LKP de revenir au principe de réalité : s'ils ajustent leurs demandes à la réalité de l'économie guadeloupéenne, nous pourrions avoir une discussion normale entre partenaires sociaux.
Selon vous, comment vont évoluer les rapports sociaux en Guadeloupe après cette crise ?
Pour exploiter le potentiel de la Guadeloupe, il faut que tous les acteurs de la société apprennent à travailler ensemble, dans une logique de partenariat et non d'antagonisme. Je suis choqué quand le LKP désigne les patrons comme boucs émissaires. Le patronat en Guadeloupe, c'est 95 % de très petites et moyennes entreprises. Les 100 plus importantes font entre 10 et 180 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. J'aimerais qu'on arrête de croire que les entrepreneurs de Guadeloupe sont des patrons du CAC 40.
Dès les premières négociations avec le LKP, nous leurs avons dit que leurs revendications touchaient des problèmes de société, qui ne peuvent pas se régler en une semaine, ni par des manifestations de rue. Il faut travailler sur le fond des problèmes, élaborer un projet de développement économique et social pour notre territoire. Au bout de vingt jours, nous constatons que nous avions raison dès le départ.
Propos recueillis par Rémy Maucourt