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Message Publié : 11 Nov 2004, 11:15
par Urriko
Bien que les moyens de contraception aient été diffusés massivement chez les femmes depuis une trentaine d'années, le mode de vie, l'age ainsi que le milieu social de celles-ci sont autant de handicapes pour éviter une grossesse non-désirée.
De plus, il semblerait que malheureusement l'utilisation de la « pilule du lendemain » ne soit pas encore, si besoin est, un réflexe.

On ne peut donc que constater que notre société demande aux femmes de s'adapter au moyens de contraception que celle-ci leur propose, alors que ce devrait être le contraire...

a écrit :mercredi 10 novembre 2004, 17h58

Usage massif de la pilule en France, mais toujours 30% de grossesses non prévues

PARIS (AP) - La France vit dans l'ère de la contraception médicalisée, via la pilule et le stérilet, mais 30% des grossesses restent cependant non prévues, selon les résultats d'une vaste enquête réalisée par l'Inserm, l'INED et l'INSEE et rendue publique mercredi.

Par ailleurs, la forte hausse de l'utilisation du préservatif dans les années 90, liée aux campagnes de prévention du SIDA, n'a pas fait reculer l'usage de la pilule, notamment chez les adolescentes et jeunes femmes, selon l'étude. Utilisée par environ 5 millions de femmes, son accès n'en est pas moins inégal selon l'appartenance géographique et sociale.

Cette enquête est réalisée chaque année depuis 2000, en suivi pendant cinq ans auprès d'un échantillon de 2.900 femmes. Elle est la première de ce type sur le sujet en France, et vient mettre en perspective les données recueillies depuis 30 ans sur ces questions.

Depuis la légalisation de la pilule et autres méthodes médicalisées, la France a connu une véritable "révolution contraceptive", avec la diffusion rapide de ces méthodes et l'abandon quasi-complet de méthodes "naturelles" (retrait, abstinence périodique): pilule et stérilet étaient utilisés par 36,9% des femmes âgées de 20 à 44 ans en 1978, contre 62,7% en 2000.

Comme le notait Nathalie Bajos (Inserm), auteur de l'étude, mercredi sur France-Inter, "la diffusion de la contraception médicale dans la population française a été très importante au cours de ces dernières années et a permis une réduction importante des grossesses non prévues".

En parallèle, on constate chez les jeunes, à âge du premier rapport sexuel constant, une utilisation en très forte hausse du préservatif, due à l'épidémie de SIDA: de 1985 à 1996, on est passé de 10% à 85% d'utilisation du préservatif lors du premier rapport.

Pour les chercheurs, ce recours au préservatif, par opposition aux générations précédentes qui ne pratiquaient pas de contraception, facilite par la suite l'adoption d'autres moyens contraceptifs.

Pour ce qui est des différences sociales face à la contraception, les auteurs de l'étude notent une certaine harmonisation, même si les ouvrières notamment utilisent beaucoup moins le stérilet. C'est dans le choix du type de pilule que se maintiennent les différences sociales: les pilules dites de "troisième génération", minidosées, plus confortables et moins risquées pour la santé, mais non remboursées par la Sécurité sociale (64% d'utilisatrices chez les cadres contre 17% chez les ouvrières, les premières étant 90% à se les faire prescrire par des gynécologues, contre 50% pour les secondes).

Dans ce contexte de forte médicalisation, les grossesses inattendues restent pourtant importantes, "puisque 30% des grossesses aujourd'hui sont non prévues, alors que la contraception médicale, très efficace d'un point de vue théorique, est largement diffusée", ajoute Nathalie Bajos.

Sur ces grossesses, une sur deux donnera lieu à une IVG. Et près de deux sur trois surviennent chez des femmes déclarant une contraception: des données traduisant "les difficultés que les femmes rencontrent dans la gestion quotidienne de leur pratique de contraception", estime le rapport.

Pour Mme Bajos, "les femmes restent confrontées à des échecs de contraception et ces échecs ne surviennent pas au hasard dans leur vie". Ils concernent notamment les femmes ayant une sexualité irrégulière, qui "oublient plus fréquemment leur pilule que les autres", ou celles ayant "des modes de vie qui ne sont pas rythmés de la même manière tous les jours".

C'est donc le cas pour les très jeunes femmes, ayant des relations de courte durée en alternance avec de longues périodes sans partenaire: "leur demander de prendre la pilule tous les soirs alors qu'elles n'ont pas de partenaire sexuel favorise très sensiblement l'oubli de la méthode", explique Nathalie Bajos.

"Moyen absolument formidable" de contraception, la pilule n'est donc pas nécessairement le moyen le plus efficace... Et Mme Bajos de juger donc capitale "l'adéquation de la méthode de la contraception utilisée avec les conditions de vie affectives, sexuelles et sociales des femmes". Tout en déplorant que, en cas de problème, les femmes ne recourent pas à la contraception d'urgence, la fameuse "pilule du lendemain".
AP

Message Publié : 11 Nov 2004, 12:26
par Urriko
Un article paru dans le Monde daté d'aujourd'hui.

a écrit :
Malgré l'usage massif de la pilule et du stérilet, les échecs de contraception restent fréquents

LE MONDE | 10.11.04 | 14h35

Selon l'enquête "Cocon", menée par l'Inserm, l'INED et le CNRS, 23  % des avortements sont le fait de femmes qui prennent la pilule.

En France, le nombre des avortements reste stable d'année en année - autour de 200 000 -, alors que l'usage des méthodes contraceptives modernes s'est largement répandu : c'est l'un des paradoxes qu'éclairent les derniers résultats de l'enquête "Cocon" (cohorte de contraception) menée par une équipe pluridisciplinaire de l'Inserm, de l'INED et du CNRS.  Trente ans après l'entrée en vigueur de la loi Neuwirth autorisant l'usage de la pilule (1971) puis de la loi Veil légalisant l'avortement (1974), l'enquête Cocon, qui devait être rendue publique mercredi 10 novembre, décrit les circonstances de la médicalisation croissante de la contraception, par l'usage quasi généralisé de la pilule et du stérilet. Mais si ces méthodes sont très efficaces, elles ne correspondent pas au mode de vie de toutes les femmes, ce qui entraîne des échecs et la survenue, encore trop fréquente, de grossesses non désirées.

Première étude de cohorte réalisée sur le sujet en France, l'enquête Cocon interroge chaque année par téléphone, et depuis l'an 2000, 2 863 femmes sur leurs pratiques contraceptives. Ses premiers résultats montrent que la pilule puis le stérilet (prescrit après une ou plusieurs grossesses) se sont imposés comme mode principal de contraception : 60 % des femmes sous contraceptif utilisaient la pilule en 2000 (soit 5 millions d'utilisatrices) et 23 % le stérilet.

Depuis le milieu des années 1990, les méthodes traditionnelles de contraception (retrait, abstinence périodique) ont pratiquement disparu, plaçant la France en première place mondiale dans l'usage des méthodes médicales.

Ce mouvement de fond, entamé depuis le début des années 1980, n'a pas été freiné par l'épidémie de sida et le recours accru au préservatif. Preuve de l'efficacité des campagnes de prévention, une étude menée par Clémentine Rossier et Henri Leridon, de l'Inserm, à partir des données de Cocon, montre que le préservatif est devenu, dans les années 1990, la méthode presque universelle de protection des premiers rapports sexuels. Le préservatif a ainsi remplacé, à la fin des années 1990, l'absence de contraception en début de vie sexuelle, qui était encore fréquente dans les années 1980. Mieux, il faciliterait ensuite le passage à la pilule, en imprimant une logique de prévention aux plus jeunes : "Le préservatif en tout début de vie sexuelle ne protège pas seulement du sida : il ouvre la voie à d'autres formes de contraception", notent ainsi Clémentine Rossier et Henri Leridon.


INÉGALITÉS SOCIALES

L'enquête Cocon montre par ailleurs que l'usage de la pilule s'est répandu dans tous les groupes sociaux. Au début des années 1980, l'accès à la pilule et au stérilet était marqué par de fortes disparités, les femmes les plus favorisées y ayant beaucoup plus souvent recours.

Vingt ans après, les inégalités sociales se sont déportées sur le type de pilule utilisé : les femmes cadres utilisent plus souvent (à 64 %) les pilules de troisième génération (minidosées et non remboursées par la Sécurité sociale) contre 17 % pour les ouvrières. Les premières s'adressent d'ailleurs davantage aux gynécologues (90 %) que les secondes (50 %), les spécialistes prescrivant beaucoup plus volontiers que les généralistes des pilules de troisième génération.

D'après les résultats de l'enquête Cocon, la question de l'accès de toutes les femmes aux différents modes de contraception se révèle cruciale. La France se caractérise en effet par un "double paradoxe contraceptif", selon l'expression de Nathalie Bajos, chercheuse à l'Inserm et responsable de l'étude : d'une part, le nombre des avortements n'a pas baissé alors que la contraception s'est généralisée ; d'autre part, en dépit d'un plus grand recours à la pilule et au stérilet, les échecs de contraception restent fréquents. Près de deux grossesses non prévues sur trois surviennent chez des femmes sous contraception et 23 % des avortements sont le fait de femmes qui prennent la pilule.

Ces données traduisent les difficultés que les femmes rencontrent dans la gestion quotidienne de leur contraception. " Les échecs de contraception ne surviennent jamais au hasard, explique Mme Bajos. Il existe ainsi une inadéquation de certaines méthodes contraceptives aux conditions de vie sociale et affective des femmes." La pilule, qui nécessite une prise quotidienne et à heure fixe, ne correspond ainsi pas toujours au mode de vie d'une femme dont la sexualité est irrégulière, par exemple. "La méthode la plus efficace en théorie n'est pas forcément celle qu'il faut retenir en pratique", résume Mme Bajos.

Au-delà du formidable progrès qu'ont constitué l'apparition de la pilule puis sa généralisation, l'enquête Cocon plaide donc pour une diversification des méthodes afin que les femmes puissent mieux gérer leur contraception et limiter les échecs. Un mouvement que devrait favoriser l'apparition des nouveaux moyens contraceptifs que sont l'implant, le patch ou l'anneau vaginal (Le Monde du 14 octobre).

Cécile Prieur


Environ 206 000 IVG en France en 2002

Le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) peut être évalué à 206 000 en France métropolitaine en 2002, soit une progression de 1,7 % en un an, selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la santé. Le nombre d'IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans reste stable : il est de 14,3 en 2002, contre 14 en 1990. Ce taux moyen recouvre toutefois un recours très différencié selon les tranches d'âge, allant de 27,4 IVG pour 1 000 femmes âgées entre 20 et 24 ans à 5,6 pour celles âgées entre 40 et 44 ans. 35 % des avortements sont désormais médicamenteux, soit deux fois plus qu'en 1990. Au sein de l'ancienne Europe des Quinze, la France se situait dans les pays ayant un taux d'avortement les plus élevés, après la Suède et juste devant la Grande-Bretagne.

Environ 10 700 jeunes filles mineures ont eu recours à une IVG en 2002, contre 8 100 en 1993. Cette tendance à la hausse s'inscrit dans un contexte où, par ailleurs, la vente de médicaments pour la contraception d'urgence s'est accrue d'un tiers entre 2000 et 2003.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.11.04

Message Publié : 11 Nov 2004, 13:02
par Urriko
(canardos @ jeudi 11 novembre 2004 à 12:31 a écrit :on peut aussi constater que l'Etat va degager des heures dans le cursus scolaire pour introduire l'enseignements des faits de religion, c'est à dire une lecture a-critique et dégagée de tout contexte social et historisque du contenu des religions, bref de la propagande religieuse, alors qu'il n'en dégage pas pour enseigner la contraception.

on peut aussi constater:

l'extreme misere et rareté des centres de planning familiaux.

la pénurie de gynecologues qui empeche désormais la majorité de la population de passer des examens avec une fréquence suffisante et le cout eleve des consultations à la charge des femmes puisque la majorité des gynécos appliquent un tarif libre en secteur II alors que le remboursement de la SS se fait sur la base du secteur I.

Cela se traduit par un manque de suivi des femmes avec pour conséquences  à la fois par un moindre recours à la contraception fautes d'informations et par un plus mauvais suivi des grossesses. ce n'est pas un hasard si en matiere de mortalité périnatale la france a perdu la bonne place qu'elle occupait il y a une vingtaine d'années et se retrouve dans la queue des pays de l'UE.

j'ajouterai pour finir l'encombrement des centres d'IVG qui arrivent de plus en plus mal à subsister d'ou des dépassement de délais des voyages couteux à l'etranger ou des enfants non désirés

Effectivement Canardos, tes précisions mettent également en lumière les chiffres présentés dans les articles.
Chiffres qui ne sont pas prêts de s'améliorer avec la politique de restriction budgétaire à tout crain pour la santé et dont les femmes sont parmi les premières victimes.