Rupture avec Dieudonné!

Message par Valiere » 31 Oct 2004, 14:49

a écrit :PENTE TRES GLISSANTE
Dieudonné a transmis à l'AFP un communiqué dans lequel il annonce rompre avec Euro-Palestine. Nous sommes désolés que Dieudonné préfère la fréquentation des Alain Soral et Ginette Skandrani à celle d'Euro-Palestine, fréquentations qui nous pesaient particulièrement comme nous le lui avions fait savoir à plusieurs reprises.

Communiqué Euro-Palestine/CAPJPO
Vendredi 29 octobre

Euro-Palestine et l’association CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) ont choisi de prendre leurs distances avec Dieudonné, à la suite d’une série d’incidents sérieux, survenus au cours des dernières semaines, et notamment en raison du fait que celui-ci s'affiche avec Alain Soral, qui a tenu récemment des propos antisémites sur France 2 ( « Complément d’Enquête », 14 septembre 2004).
Nous avons en outre été très choqués d’apprendre la récente présence de Dieudonné à un rassemblements d'éléments douteux initié par Ginette Skandrani, antisémite et négationniste connue, qui se répand en propos dégoûtants sur des sites internet.
C’est pourquoi le Comité d’organisation du Concert pour la Palestine, qui aura lieu le 6 novembre prochain à Paris, a été amené à signifier à Dieudonné que nous ne voulions plus travailler avec lui dans de telles conditions.
Valiere
 
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Message par alex » 01 Déc 2004, 16:01

Le mouvement propalestinien se déchire sur l'antisémitisme

LE MONDE | 01.12.04 | 14h38

La rupture des promoteurs de la liste Euro-Palestine avec Dieudonné et les accusations de dérives dont ils sont eux-mêmes la cible révèlent les clivages entre les associations. "De petits groupes racistes et négationnistes menacent de paralyser ce mouvement de solidarité", s'inquiète l'un d'eux.
C'est un combat sans merci, qui pourrait paraître anecdotique en comparaison avec celui qui enflamme le Proche-Orient, s'il ne posait une question fondamentale : la capacité de la société française à débattre du conflit israélo-palestinien, voire à favoriser son règlement, sans pour autant le transposer dans le pays où cohabitent les plus fortes minorités musulmanes et juives d'Europe.

Cette guerre-là secoue depuis quelques mois les cercles militants qui dénoncent le sort fait aux Palestiniens et agissent "pour une paix juste et durable" dans cette région du monde. Ses derniers épisodes médiatisés se jouent lorsque, le 29 octobre, le comique Dieudonné rend publique sa rupture avec les promoteurs de la liste Euro-Palestine dont il a été la figure de proue, lors des élections européennes de juin. Dans la foulée, les responsables d'Euro-Palestine annoncent qu'ils ont "choisi de prendre leurs distances avec Dieudonné à la suite d'incidents sérieux". Ils citent notamment le fait que l'artiste "s'affiche avec Alain Soral, qui a tenu -...- des propos antisémites sur France 2", le 21 septembre. Ce jour-là, ce pamphlétaire a déclaré, en présence d'un Dieudonné impassible : "Ce n'est pas systématiquement de la faute de l'autre (...) si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds (...). Parce qu'en gros c'est à peu près ça leur histoire -des juifs-, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans, ils se font dérouiller."

Le sang de Robert Kissous n'a fait qu'un tour lorsqu'il a pris connaissance de cette diatribe. "Que Dieudonné et Soral apparaissent comme les leaders de la cause palestinienne, ça me fout les boules", résume aujourd'hui ce routard du militantisme propalestinien. Il s'est souvenu que le même Alain Soral, provocateur professionnel, était l'un des animateurs du meeting en faveur de la liste Euro-Palestine, le 8 juin, à Paris.

Un mois après l'émission qui avait déclenché un scandale, l'hebdomadaire Politispubliait une tribune intitulée "Euro-Palestine, ou l'histoire d'une dérive", dans laquelle Robert Kissous vidait son sac. L'auteur, lui-même ancien dirigeant de la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO), à l'initiative de la liste Euro-Palestine, révélait alors les raisons de la rupture intervenue au début 2004. Une large partie du conseil d'administration de l'association, mis en minorité, avait alors claqué la porte, furieux de l'attitude hostile des dirigeants à l'égard de Leïla Shahid, déléguée générale de Palestine en France. La CAPJPO s'est d'ailleurs trouvée ensuite exclue du Collectif national Palestine, groupement large d'associations, partis et syndicats.

"PERSONNAGES DOUTEUX"

Cette fois, dans les colonnes de Politis, tout y passait : disparition de la référence explicite aux deux Etats, palestinien et israélien, dans la profession de foi de la liste pour les européennes, "affirmation d'une volonté hégémonique" de la CAPJPO-Euro-Palestine sur le mouvement de solidarité, "politique délibérée de manipulations". Surtout, M. Kissous affirmait que "le ton adopté" avait "attiré des personnages douteux" comme Alain Soral et Tawfik Mathlouti, patron de Radio-Méditerranée et de Mecca-Cola. La vigilance des dirigeants "s'est relâchée, pour parler gentiment", commente-t-il. Enfin, Robert Kissous accusait les promoteurs de la liste Dieudonné de "surfer sur l'idée que l'antisémitisme ne serait que propagande" et, en prétendant faire de la Palestine un thème majeur de la campagne des européennes, de "jouer sur le ressort communautariste dans une société en crise".

Le séisme provoqué par la tribune de Politis dans le petit monde des militants de la Palestine a été d'autant plus vigoureux qu'elle a été suivie, trois semaines plus tard, d'une autre de Michel Warschawski. Le journaliste israélien, militant de la paix, écrivait que le "refus" de CAPJPO-Euro-Palestine de "faire le ménage" avait rendu ces organisations "infréquentables". "De petits groupes racistes et négationnistes menacent de paralyser le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien", écrivait-il, exigeant que l'on cesse de "surfer sur la confusion que l'on peut rencontrer auprès de certains jeunes Français des banlieues (...) qui amalgament leur colère légitime contre la politique israélienne dans les territoires occupés, à une perception des juifs qui puise dans les poubelles de la propagande d'extrême droite".

Entre-temps, Christophe Oberlin, ex-tête de liste d'Euro-Palestine, avait répliqué dans Politis en accusant Robert Kissous d'"emboîter le pas au président du CRIF, Roger Cukierman, et autres maîtres chanteurs de l'antisémitisme (...)" et en rappelant la diversité d'origines des candidats de sa liste, juive et arabe notamment, pour réfuter les accusations de communautarisme.

Prompt à clouer au pilori "les médias" pour le "boycott" dont la CAPJPO fait l'objet selon lui, Nicolas Shahshahani, son vice-président, réfute point par point les accusations de ses anciens partenaires. Non, l'Etat d'Israël n'a pas disparu dans la profession de foi "puisque sa politique est citée". Non, Alain Soral, dont les propos tenus en septembre ne pouvaient pas être connus, n'a pas été "mis en avant" puisqu'il figurait parmi "50 personnes à la tribune" du meeting de juin. Non, faire longuement huer lors de cette réunion les noms d'Alain Finkielkraut, de Gilles-William Goldnadel ou de Roger Cukierman "avec ceux de Dominique Perben ou de Claude Goasguen" "ne pose pas de problèmes parce que ce sont des adversaires politiques qui, pour certains, le font en tant que juifs". Oui, Dieudonné "a participé, malgré notre mise en garde, à des rassemblements politiques minables avec des zozos pas fréquentables". Non, il ne "regrette pas le bout de chemin fait avec Dieudonné".

UNE AMERTUME INDICIBLE

Quant à l'antisémitisme, M. Shahshahani estime que "l'un des facteurs de son équation est le "deux poids-deux mesures" pratiqué au bénéfice du gouvernement israélien et, sur la scène française, entre l'antisémitisme et les autres formes de racisme". Revendiquant une "vigilance supérieure à la moyenne" en matière de compagnonnage, il estime "évident qu'un mouvement qui vit s'expose plus au parasitage que celui qui ne fait rien", lançant une pique à l'Association France Palestine solidarité (AFPS), la "vieille" organisation qui s'est trouvée bousculée par l'irruption de la CAPJPO, au début de 2002.

A cette époque, les appels pour une paix juste et immédiate au Proche-Orient" lancés par la CAPJPO et signés par de nombreux artistes, scientifiques et juristes, avaient su trancher avec le sombre paysage consécutif à l'échec des négociations de paix et au retour de la violence. Ces textes avaient été lancés par Olivia Zémor et Nicolas Shahshahani, deux ex-journalistes médicaux, anciens militants de Lutte ouvrière, décrits de toutes parts comme hyperactifs. De ces appels, rédigés de façon œcuménique, potentiellement porteurs d'un élargissement de la mobilisation pour le Proche-Orient, il reste surtout, chez les militants, une amertume indicible et de lourdes rancœurs.

Philippe Bernard

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 02.12.04
alex
 
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