("Le Monde.fr" a écrit :
La punition collective est de retour à l'école
LE MONDE | 30.10.04 | 17h24
Après le grand retour de la dictée et de la récitation, le ministère de l'éducation impose celui de la punition collective. Voilà qui devrait plaire à une certaine frange des professeurs, celle que le ministre, François Fillon, cajole depuis son arrivée Rue de Grenelle en martelant qu'il faut restaurer l'autorité des enseignants. Cependant autant la dictée, la grammaire et la récitation ne posent aucun problème juridique, autant la punition collective est en théorie interdite. "Les sanctions infligées aux élèves doivent être conformes aux grands principes du droit : le respect du principe contradictoire, la légalité de la sanction, sa proportionnalité et son individualisation", explique-t-on au ministère.
Faire de la punition collective sans le dire, donc. Voire en affirmant le contraire. Les équipes du ministère s'y sont appliquées pour rédiger la circulaire parue au Bulletin officiel, jeudi 28 octobre. En préalable, celle-ci réaffirme "le principe d'individualisation de la punition", mais ajoute qu'"une punition peut être infligée pour sanctionner le comportement d'un groupe d'élèves identifiés qui, par exemple, perturbe le fonctionnement de la classe". Par ailleurs, précise-t-elle, un professeur peut "donner un travail supplémentaire à l'ensemble des élèves. Ce travail doit contribuer à trouver ou retrouver des conditions sereines d'enseignement".
Cela ne faisait pourtant pas longtemps que l'éducation nationale avait décidé de respecter les principes de droit. A peine plus de quatre ans : pour la première fois dans l'histoire chargée de la réglementation de cette administration, la circulaire du 11 juillet 2000 instaurait l'individualisation des sanctions. Jusque-là, rien n'empêchait les enseignants d'infliger à leurs élèves des punitions collectives. Dans les faits, ils continuaient à recourir à cette sanction, quand ils l'estiment nécessaire.
François Fillon a peaufiné son image d'homme de tradition, défenseur de l'autorité et des "bonnes vieilles méthodes". Au passage, il a marqué des points dans un certain milieu enseignant. Et ce d'autant plus que la circulaire accroît également le rôle des professeurs au sein du conseil de discipline : le nombre de leurs représentants double, de 2 sur 11 à 4 sur 13. Pour la plus grande exaspération des fédérations de parents d'élèves - FCPE comme PEEP - qui veulent limiter les pouvoirs des professeurs.
Virginie Malingre
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 31.10.04