a écrit :EDITORIAL
Est-il possible, par l'unité,
d'assurer la victoire du vote non ?
Nous publions cette semaine la première partie de l'éditorial du numéro spécial d'Informations ouvrières " Non à la Constitution européenne ", que nous vous invitons à vous procurer.
A L'HEURE où paraît ce numéro spécial d'Informations ouvrières, il semble que le référendum aura bien lieu. Dès lors, tout se concentre dans la victoire du vote non. Quoi que l'on puisse penser du processus référendaire, il n'y a pas à hésiter. Il faut saisir l'arme qui se présente pour organiser la mobilisation la plus large pour la victoire du vote non.
Qu'on lise les pages qui suivent. Quel travailleur du public ou du privé, quel militant syndical, quel démocrate, quelle mère de famille, quel républicain, quel élu, quel jeune pourrait apporter volontairement son appui à la mise en place d'un système qui :
- détruit les services publics ;
- démantèle les droits acquis de la classe ouvrière ;
- casse la conception républicaine de l'Etat, héritière de la Révolution française ;
- liquide la démocratie communale, la fonction publique et le statut de ses agents ;
- retire toute prérogative aux gouvernements nationaux et aux Parlements nationaux, réduits à des coquilles vides ;
- réduit les confédérations syndicales nationales au rôle de simples agents subsidiaires de l'Union européenne à travers son agence, la Confédération européenne des syndicats ?
Nous ne demandons à personne de nous croire sur parole. Seuls comptent les faits.
Travailleurs, militants, jeunes, lisez les faits rassemblés dans ce numéro spécial d'Informations ouvrières. Vous en tirerez, c'est une certitude, cette conclusion : non seulement voter non, mais mobiliser toutes les forces, contacter ses camarades de travail, ses amis, ses voisins, ses parents, et ainsi forger la chaîne qui brisera la marche à la " Constitution ".
A l'inverse, nous mettons au défi quiconque, sur la base des faits, de donner une raison, une seule, d'avoir la moindre hésitation à mobiliser toutes les forces du mouvement ouvrier et démocratique pour mettre ce projet de " Constitution " en échec.
C'est là qu'est le problème : dans les hésitations (pour ne pas dire plus) perceptibles aux sommets d'organisations défendant les intérêts ouvriers, hésitations à s'engager dans la bataille pour le non. Pourtant, force est de constater que tout ce que Maastricht avait dessiné ou commencé de faire, ce projet de " Constitution " se fixe de l'achever. Le non à Maastricht en 1992 avait failli être majoritaire dans notre pays, à 49 % contre 51 %. 11 était largement majoritaire, selon les statistiques officielles, parmi les ouvriers, les employés, les paysans. Or, depuis Maastricht, douze ans se sont écoulés, douze ans de destructions dans tous les domaines. L'abstention de près de 60 % de l'électorat lors des dernières élections européennes en dit long sur le rejet !
Pour une raison de voter non à Maastricht en 1992, il y a aujourd'hui cent raisons de voter non à la " Constitution" européenne. Et pourtant. Tandis que la CFDT, avec la mal nommée Confédération européenne des syndicats, mène une campagne acharnée pour le oui, force est de constater qu'à l'heure où nous écrivons, aucune confédération syndicale n'est engagée dans la mobilisation pour la victoire du vote non. Certains responsables vont même jusqu'à s'abstenir lors de la réunion de la Confédération européenne des syndicats du 14 octobre, lorsque celle-ci dépose une résolution de soutien au oui à la " Constitution ".
D'autres votent contre la résolution de la Confédération européenne des syndicats, mais ne donnent pas pour autant, à l'heure actuelle, une consigne de vote explicite en faveur du vote non. Pourtant, n'y a-t-il pas urgence à bâtir le plus large front unique des travailleurs et de leurs organisations (et au premier rang des organisations dont l'existence même est menacée par la " Constitution" européenne) pour assurer la victoire du non à la" Constitution " européenne ?
Daniel Gluckstein