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Message Publié : 22 Oct 2004, 10:00
par emman
a écrit :
Ces Chinois sacrifiés à la course au charbon
Au moins 148 mineurs tués lors d'un coup de grisou dans la province du Henan.

Par Pierre HASKI

vendredi 22 octobre 2004 (Liberation - 06:00)

Pékin de notre correspondant




Ce sont les victimes de la folle course au profit qui s'est emparée de la Chine communiste : 148 mineurs emportés mercredi soir dans un coup de grisou, dans une mine de charbon pratiquant la surproduction pour répondre à la demande d'un pays assoiffé d'énergie. Quelque 60 mineurs ont été retrouvés morts, et, selon les autorités, 88 disparus ont très peu de chance d'être découverts vivants sur le site de Daping, à Xinmi, dans la province du Henan (centre de la Chine).

Plus de 400 hommes travaillaient au fond lorsque s'est produite l'explosion. La densité de gaz, qui persistait hier dans les galeries, rendait les secours illusoires : «Les chances de survie des mineurs manquants sont très faibles», a reconnu hier Sun Huashan, vice-directeur de l'administration centrale chargée de la sécurité du travail.

Fréquents. Un autre accident dans une mine de charbon du Yunnan, dans le sud-ouest du pays, a fait hier six morts dans des circonstances similaires. Les accidents dans les mines chinoises sont fréquents : 18 morts par jour l'an dernier en moyenne selon les statistiques officielles, sans doute le double ou le triple, soit environ 20 000 morts selon le China Labour Bulletin, un groupe indépendant basé à Hongkong qui suit le monde du travail en Chine. Un taux de mortalité estimé entre 130 et 300 fois supérieur à celui des mines nord-américaines ou européennes. Un chiffre, de toutes les manières, accablant et qui ne cesse de croître malgré les exhortations régulières de Pékin à «faire de la sécurité la priorité».

Nombre de ces accidents se produisent dans les milliers de mines illégales qui prolifèrent dans les campagnes les plus pauvres. Mais dans le cas de Daping, il s'agit d'une mine d'Etat, en principe soumise à des contrôles et à une sécurité renforcés. Sun Huashan, le responsable de l'administration à Pékin, a donné la clé de cette catastrophe : il a reconnu que la demande de charbon est telle dans le pays, et les prix ont tellement augmenté, que de nombreuses mines ont accru leur production au mépris de la sécurité. «Il y a des carences en matière de sécurité dans les mines, particulièrement en ce moment avec la forte demande en charbon», a-t-il admis.

Un journal financier titrait récemment que la hausse des prix (un tiers depuis le début de l'année) avait «transformé les mines de charbon en mines d'or». Pour les propriétaires, sans doute, mais assurément pas pour les mineurs, ni pour les travailleurs migrants des campagnes, qui sont exploités et méprisés dans une Chine dont la croissance de plus de 9 % avale avec avidité matières premières et main-d'oeuvre. Quelque 80 % de l'électricité chinoise proviennent toujours du charbon, et d'importantes pénuries ont été enregistrées depuis deux ans dans un contexte où l'offre ne suffit plus à répondre à la demande.

Exécuté. Pékin est parfaitement conscient de la situation, et ne cesse, depuis des années, d'annoncer des mesures pour accroître la sécurité. Des milliers de mines illégales, qui opèrent la plupart du temps avec le feu vert d'autorités locales corrompues, ont été fermées. Les entreprises légales ont été sommées de se mettre aux normes de sécurité nationales. Des dizaines de condamnation de responsables ayant couvert des accidents, dont un chef local du Parti communiste condamné à mort et exécuté au début de l'année dans la province du Guangxi (sud), ont accompagné cette campagne.

Rien n'y a fait : cet été, le magazine officiel Outlook faisait encore observer «le décalage massif» entre les dépenses de sécurité et l'accroissement de la production de charbon destinée à répondre à l'appétit d'énergie de cette économie au bord de la surchauffe. «Le manque important d'investissement pour garantir la sécurité est la cause principale des accidents», estimait le magazine, un leitmotiv que l'on devrait entendre à nouveau au lendemain de cette catastrophe. Hypocrisie politique ou incapacité de Pékin à se faire respecter par des autorités locales peu regardantes ? Sans doute un peu des deux, tant le profit et la nécessité de faire tourner la machine économique l'emportent en Chine sur les préoccupations humaines. Les 148 morts de Daping en sont la plus tragique illustration.

Message Publié : 22 Oct 2004, 10:38
par pelon
a écrit :
cet été, le magazine officiel Outlook faisait encore observer «le décalage massif» entre les dépenses de sécurité et l'accroissement de la production de charbon destinée à répondre à l'appétit d'énergie de cette économie au bord de la surchauffe. «Le manque important d'investissement pour garantir la sécurité est la cause principale des accidents», estimait le magazine, un leitmotiv que l'on devrait entendre à nouveau au lendemain de cette catastrophe. Hypocrisie politique ou incapacité de Pékin à se faire respecter par des autorités locales peu regardantes ? Sans doute un peu des deux, tant le profit et la nécessité de faire tourner la machine économique l'emportent en Chine sur les préoccupations humaines. Les 148 morts de Daping en sont la plus tragique illustration.


La bourgeoisie chinoise est en pleine ascension vers toujours plus de fric. Mais quand la classe ouvrière chinoise se révoltera ils auront chaud aux fesses. J'ai vu dans plusieurs reportages que la population commence à dire bien haut son écoeurement des pratiques des nouveaux riches.