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Message Publié : 20 Oct 2004, 11:36
par faupatronim
(Le Monde @ mercredi 20 octobre 2004 a écrit :Flosse mis en examen en 2003 pour détournement de fonds publics




Le sénateur Gaston Flosse a été mis en examen en octobre 2003 pour prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics, a-t-on appris mercredi à Paris de source judiciaire.Il est reproché au sénateur polynésien d'avoir employé et rétribué, dans les services de la présidence depuis 1995, plusieurs dizaines de personnes "dont les activités ne correspondaient en rien aux salaires versés", indique-t-on encore, confirmant une information publiée mercredi dans Libération.Gaston Flosse, ancien président de la Polynésie et candidat à un nouveau mandat, a confirmé mercredi matin sur Europe 1 sa mise en examen mais a récusé le qualificatif d'"emplois fictifs".Une enquête préliminaire avait été décidée en 1995 par le parquet de Papeete, à la suite de la dénonciation de Yves Conroy, un Polynésien adversaire politique de Gaston Flosse. En 2000, à la limite de la prescription, l'affaire avait été reprise par le juge Jean-Bernard Talierco.Deux ans plus tard, en 2002, le juge Talierco a retenu une centaine de dossiers. Parmi ceux-ci, des élus communaux, des maires, des syndicalistes, des hommes d'Eglise, des sportifs, des journalistes et même quelques anciennes Miss Tahiti dont la moyenne des salaires mensuels versés par la présidence était de 3 à 3.500 euros, "sans qu'aucun travail réel ne puisse justifier ces versements".Actuellement, une cinquantaine de dossiers ont été traités et il faudra, indique-t-on encore, plusieurs mois avant que cette affaire puisse être bouclée.Interrogé sur cette affaire, M. Flosse a indiqué qu'"il y a eu quelques emplois fictifs, mais c'étaient des personnes qui travaillaient en dehors de la présidence (de Polynésie) mais dont les traitements étaient pris en charge par la présidence". Il a évoqué "moins d'une centaine" d'emplois.Selon lui, "certains travaillaient auprès des maires ou des conseillers à l'Assemblée de Polynésie et on considère cela comme des emplois fictifs"."Moi, je dis que ce ne sont pas des emplois fictifs. Les gens travaillaient dans des administrations et non pas dans des entreprises et pas dans mon parti politique", a-t-il ajouté.Par ailleurs, selon Le Canard enchaîné, qui fait état dans son édition de mercredi d'un rapport de la chambre territoriale des comptes de Polynésie, la Délégation de la Polynésie française à Paris a salarié plusieurs personnalités dont Frédéric de Saint-Sernin, actuel secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, Jean-Jacques de Peretti, ancien ministre.Selon l'hebdomadaire satirique, le train de vie de la Délégation coûtait chaque année "près de 2,5 millions d'euros aux finances du territoire" (salariés, parc automobile, frais de réceptions).

Message Publié : 20 Oct 2004, 11:42
par faupatronim
(Libération @ mercredi 20 octobre 2004 a écrit :Polynésie
Quand papa Flosse arrosait ses amis

Selon les informations de «Libération», la découverte d'un système d'emplois fictifs lui a valu une mise en examen il y a un an à Papeete.


Par Didier HASSOUX
Papeete envoyé spécial





Flosse à l'école Chirac, trônant sur le «système» de Papeete-sur-Seine ? Le dispositif d'emplois fictifs mis en place au gouvernement de Polynésie par celui qui aspire à en redevenir le président (lire page 7) semble aussi imposant que celui qui a prévalu des années durant à la mairie de Paris. Ainsi, selon un document que Libération s'est procuré, «le Vieux», comme on le surnomme parfois ici, versait avant sa défaite électorale de juin un «salaire» à une cinquantaine de personnes qui ne fournissaient aucun travail en échange. Chacun d'entre eux touchait, en mars 2004, 396 843 francs CFP (soit plus de 3 300 euros) en moyenne. Parmi les heureux bénéficiaires : 14 élus communaux (dont 5 maires ou anciens maires), 4 responsables syndicaux, 5 hommes d'Eglise, 8 sportifs, autant de journalistes et... une demi-douzaine de «Miss», dont l'une vit aux Etats-Unis !

1,6 million d'euros. Ce clientélisme politique parfaitement rodé a valu à Gaston Flosse une mise en examen, en toute discrétion, en octobre 2003. Selon nos informations, le doyen des juges d'instruction de Papeete, Jean-Bernard Talercio, le soupçonne de «prise illégale d'intérêts» et de «détournement de fonds publics». En cas d'hypothétique jugement, ces accusations pourraient valoir à Flosse une peine d'inéligibilité. «Gaston» n'en est pas encore là. Ouverte en 2000, l'instruction est loin d'être close. Selon une source judiciaire, elle concernerait au total pas loin de 200 individus. Certains ont été mis en examen, d'autres entendus comme «témoins assistés», d'autres encore n'ont pas été inquiétés. Au total, sur une année, les vrais-faux salaires versés à ces pseudo-salariés dépassent les 200 millions de francs CFP (soit plus de 1,6 million d'euros). Interrogé par Libération, l'un des bénéficiaires de cette manne présidentielle a refusé de confirmer le montant de son «salaire». Il a cependant reconnu le percevoir «parfois en liquide». Et juré que «personne ne [lui] a jamais rien demandé en échange». Un autre «salarié» a, lui, justifié sa rémunération par un «travail d'ambassadeur de la Polynésie»...

Subventions. Objet d'une vive polémique hier à l'Assemblée nationale, entre le député PS Christian Paul, de retour de l'archipel, et la ministre de l'Outre-Mer, Brigitte Girardin, le système Flosse devient sujet d'études : le groupe PS souhaite qu'une commission d'enquête parlementaire se penche sur ses ficelles. Il faut dire que sa clientèle est vaste. «Le Vieux» arrose aussi les municipalités. En toute légalité, mais en pleine opacité. Il bénéficie d'un pouvoir discrétionnaire qui lui permet d'accorder ou non des subventions aux communes. C'est son «cher ami» Chirac qui le lui a accordé avec le nouveau statut de 1997. Jusqu'alors, un fonds de péréquation était alimenté par une subvention d'Etat et par 25 % des recettes fiscales du territoire. Le duo Chirac-Flosse a baissé ce taux à 15 %. Et les 10 % manquant sont arrivés dans la poche du président de Polynésie, qui ne s'est pas gêné pour saupoudrer à sa convenance. En se servant lui-même, en gâtant ses amis et en snobant ses ennemis. Ainsi, de 1997 à 2004, la municipalité de Pirae ­ celle de Flosse ­ a perçu 8 871 francs CFP par habitant (soit environ 75 euros). Dans le même temps, les administrés de Faaa, la commune gérée par Temaru, n'ont bénéficié d'aucun subside. «Il donne pour mieux acheter», peste un responsable du Tavini (indépendantiste).

Baraka judiciaire. Mis en examen à plusieurs reprises ­ pour «trafic d'influence», «faux et usages de faux» ou «complicité de tenue illicite d'une maison de jeux du hasard» ­, Flosse a toujours été épargné par la justice. En 2001, à la veille des municipales, il a même été radié des listes électorales. La Cour de cassation l'a aussitôt rétabli dans son droit. En 1998, alors qu'il venait de devenir sénateur, le tribunal de Paris avait mis son nez dans sa déclaration de patrimoine, la jugeant incomplète. Les juges en sont restés là. A croire que Flosse jouit d'une baraka judiciaire. Les magistrats, eux, se taisent et parfois se terrent. Sans apporter de preuve, l'un d'eux se dit même «certain d'être épié». Par qui ? Nul ne le sait. Plus grave, il estime que le «système» en vigueur dans l'archipel est tellement vérolé que l'hypothétique arrivée des indépendantistes au pouvoir «ne changera rien».