
éco-social
Résister, c’est aussi proposer.
Reprendre l’offensive dans l’unité la plus large. C’était l’ambition de cette deuxième session des États généraux de la santé et de l’assurance maladie qui a réuni samedi, à l’école de médecine du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), environ soixante-dix organisations, collectifs et partis. Les participants, syndicalistes de la CGT, de la CFDT, de la FSU, de Sud ou de la Confédération paysanne, militants des partis politiques (PCF, Verts, LCR), membres d’ATTAC ou animateurs des comités de défenses de la Sécurité sociale, ont lancé un nouvel appel pour rester mobilisés et élaborer une réforme alternative à la loi Douste-Blazy.
La loi douste-blazy
ne règle rien
Bernard Tepper, porte-parole de l’Union des familles laïques (UFAL) et organisateur de ces États généraux, a mis l’accent sur les « convergences d’analyse du projet néolibéral qui vise à la marchandisation et à la privatisation de la santé ». Pour l’assemblée, le plan Douste-Blazy « n’est qu’une étape », d’autant plus, ajoute Catherine Mills, spécialiste en économie de la santé, que « cette loi ne règle aucun problème de fond ». Le texte adopté en fin de journée prévoit que la mobilisation sera « de longue haleine », avec la publication des décrets « des nouvelles mesures en préparation et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ».
Tous affirment que cette « dynamique néolibérale » ne résoudra rien, mais la plupart constatent aussi que le gouvernement a réussi son offensive de « culpabilisation » de l’opinion publique. Un militant d’ATTAC a toutefois mis un bémol à ce constat teinté de pessimisme, en racontant son aventure dans les quartiers populaires de Metz, avec un tract, aussi en version turque et arabe, sur les effets concrets du plan, « bien accueilli par les gens ».
Pessimistes ou optimistes, la nécessité s’impose de « continuer à informer massivement des méfaits de la loi Douste-Blazy et du plan Hôpital 2007 ». Jean-Claude Laumonier, militant CGT et infirmier en psychiatrie, a ainsi préconisé de « donner à voir » le contenu des futurs Schémas régionaux d’organisation sanitaire et sociale, « encore plus restructurants, avec encore plus de fermetures et de privatisations ».
Ne pas se contenter de l’existant : s’il est un mot d’ordre que les médecins hospitaliers reprennent, c’est bien celui-là. Très représentés, ils ont dénoncé la situation actuelle, comme Isabelle Lorand, chirurgienne et membre du Parti communiste, qui a confié son envie parfois de « démissionner de l’hôpital » pour ne plus voir « ces malades que je n’ai pas le droit d’opérer par manque de moyens ». C’est un autre cri d’alarme qu’a lancé Lionel Doré à propos de la « vulnérabilité » de la médecine du travail, aggravée encore par les dernières mesures du gouvernement Raffarin. Médecin du travail, il a insisté sur « l’importance cruciale des risques professionnels », pas suffisamment prise en compte. Le chercheur André Cicollela est intervenu dans le même sens, insistant lui aussi sur les « facteurs de risques au travail », mais aussi sur le plan environnemental, reprenant pour l’industrie chimique l’expression de « grand secret ». Aussi sévère, Didier Ménard, du collectif « la santé n’est pas une marchandise » veut donner à voir « les conséquences provoquées, entre autres, par la suppression de l’aide médicale d’État ».
Élargir la mobilisation pour contrer le projet
Didier Ménard et aussi Michel Muller, du Syndicat de la médecine générale (SMG), ont défendu l’idée de « désobéissance civile » par le biais du boycott de la pénalité d’un euro par consultation imposée aux malades, mais aussi, et surtout, du dossier médical personnel. Un dossier qui fait débat dans le collectif et qui a donné lieu à un atelier. Irène Leguay (SUD santé) s’est rangée dans le camp des farouches opposants en énumérant tous les risques contenus dans ce dossier tant vanté par le ministre, du flicage à la discrimination professionnelle. D’autres voix se sont élevées pour condamner les menaces de non-remboursement brandies à l’égard du patient qui refuserait de communiquer ce dossier. Hubert Sage (UFAL) a préféré mettre en avant des possibles garde-fous, en particulier sur un « droit de connaissance et de rectification » qui serait accordé au patient.
En séance plénière, Joëlle Gréder, responsable des questions de santé au Parti communiste, a insisté sur le nécessaire « élargissement » de la mobilisation, en particulier « au niveau des citoyens ». Le texte final ne dit pas autre chose. Avec cette annonce d’un « soutien résolu aux actions qui seront décidées, par les professionnels de santé, les organisations et les citoyens ».
Catherine Lafon
Article paru dans l'édition du 4 octobre 2004.
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Résister, c’est aussi proposer.
Reprendre l’offensive dans l’unité la plus large. C’était l’ambition de cette deuxième session des États généraux de la santé et de l’assurance maladie qui a réuni samedi, à l’école de médecine du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), environ soixante-dix organisations, collectifs et partis. Les participants, syndicalistes de la CGT, de la CFDT, de la FSU, de Sud ou de la Confédération paysanne, militants des partis politiques (PCF, Verts, LCR), membres d’ATTAC ou animateurs des comités de défenses de la Sécurité sociale, ont lancé un nouvel appel pour rester mobilisés et élaborer une réforme alternative à la loi Douste-Blazy.
La loi douste-blazy
ne règle rien
Bernard Tepper, porte-parole de l’Union des familles laïques (UFAL) et organisateur de ces États généraux, a mis l’accent sur les « convergences d’analyse du projet néolibéral qui vise à la marchandisation et à la privatisation de la santé ». Pour l’assemblée, le plan Douste-Blazy « n’est qu’une étape », d’autant plus, ajoute Catherine Mills, spécialiste en économie de la santé, que « cette loi ne règle aucun problème de fond ». Le texte adopté en fin de journée prévoit que la mobilisation sera « de longue haleine », avec la publication des décrets « des nouvelles mesures en préparation et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ».
Tous affirment que cette « dynamique néolibérale » ne résoudra rien, mais la plupart constatent aussi que le gouvernement a réussi son offensive de « culpabilisation » de l’opinion publique. Un militant d’ATTAC a toutefois mis un bémol à ce constat teinté de pessimisme, en racontant son aventure dans les quartiers populaires de Metz, avec un tract, aussi en version turque et arabe, sur les effets concrets du plan, « bien accueilli par les gens ».
Pessimistes ou optimistes, la nécessité s’impose de « continuer à informer massivement des méfaits de la loi Douste-Blazy et du plan Hôpital 2007 ». Jean-Claude Laumonier, militant CGT et infirmier en psychiatrie, a ainsi préconisé de « donner à voir » le contenu des futurs Schémas régionaux d’organisation sanitaire et sociale, « encore plus restructurants, avec encore plus de fermetures et de privatisations ».
Ne pas se contenter de l’existant : s’il est un mot d’ordre que les médecins hospitaliers reprennent, c’est bien celui-là. Très représentés, ils ont dénoncé la situation actuelle, comme Isabelle Lorand, chirurgienne et membre du Parti communiste, qui a confié son envie parfois de « démissionner de l’hôpital » pour ne plus voir « ces malades que je n’ai pas le droit d’opérer par manque de moyens ». C’est un autre cri d’alarme qu’a lancé Lionel Doré à propos de la « vulnérabilité » de la médecine du travail, aggravée encore par les dernières mesures du gouvernement Raffarin. Médecin du travail, il a insisté sur « l’importance cruciale des risques professionnels », pas suffisamment prise en compte. Le chercheur André Cicollela est intervenu dans le même sens, insistant lui aussi sur les « facteurs de risques au travail », mais aussi sur le plan environnemental, reprenant pour l’industrie chimique l’expression de « grand secret ». Aussi sévère, Didier Ménard, du collectif « la santé n’est pas une marchandise » veut donner à voir « les conséquences provoquées, entre autres, par la suppression de l’aide médicale d’État ».
Élargir la mobilisation pour contrer le projet
Didier Ménard et aussi Michel Muller, du Syndicat de la médecine générale (SMG), ont défendu l’idée de « désobéissance civile » par le biais du boycott de la pénalité d’un euro par consultation imposée aux malades, mais aussi, et surtout, du dossier médical personnel. Un dossier qui fait débat dans le collectif et qui a donné lieu à un atelier. Irène Leguay (SUD santé) s’est rangée dans le camp des farouches opposants en énumérant tous les risques contenus dans ce dossier tant vanté par le ministre, du flicage à la discrimination professionnelle. D’autres voix se sont élevées pour condamner les menaces de non-remboursement brandies à l’égard du patient qui refuserait de communiquer ce dossier. Hubert Sage (UFAL) a préféré mettre en avant des possibles garde-fous, en particulier sur un « droit de connaissance et de rectification » qui serait accordé au patient.
En séance plénière, Joëlle Gréder, responsable des questions de santé au Parti communiste, a insisté sur le nécessaire « élargissement » de la mobilisation, en particulier « au niveau des citoyens ». Le texte final ne dit pas autre chose. Avec cette annonce d’un « soutien résolu aux actions qui seront décidées, par les professionnels de santé, les organisations et les citoyens ».
Catherine Lafon
Article paru dans l'édition du 4 octobre 2004.
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