a écrit :Deux ans après le drame, le timide hommage à Sohane
Le 4 octobre 2002, Sohane Benziane, une jeune fille de 17 ans - jugée trop libre - était aspergée d'essence et brûlée vive par un garçon à peine plus âgé qu'elle. Non loin du bâtiment H de la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine, et à quelques pas du local à poubelles où elle est morte calcinée, une plaque porte ces quelques mots « A la mémoire de Sohane pour que garçons et filles vivent mieux ensemble dans l'égalité et le respect. » Deux ans après le drame, quelle cérémonie est prévue pour célébrer ce triste anniversaire ? Si la Coordination féministe laïque (CFL) et la Ligue du droit international des femmes (LDIF) appellent à se rassembler, aujourd'hui à 18 heures, place Sartre-Beauvoir (M o °Saint-Germain-des-Prés) à Paris, la municipalité de Vitry mise, quant à elle, sur la discrétion.
« Les élus se rendront sur la plaque dédiée à Sohane pour y déposer une gerbe », annonce sobrement le cabinet du maire. L'an passé, pourtant, le maire de la ville, Alain Audoubert (PCF), conviait la population vitriote à une marche silencieuse pour rendre hommage à Sohane. Aujourd'hui, rien de comparable n'est organisé. Motif : il ne faut pas raviver les blessures et stigmatiser tout un quartier. « Les habitants n'ont pas envie de voir défiler une manifestation sous leurs fenêtres. Ils veulent simplement qu'on les laisse tranquilles. Respectons ces gens », insiste la municipalité.
« Une erreur »
De mauvaises raisons selon les responsables du collectif Féminin-Masculin qui s'est constitué dans la commune après la mort de Sohane : « Si l'intention peut paraître louable, nous pensons cependant que c'est une erreur et que personne ne peut rien gagner à voir s'instaurer le silence et l'oubli. Comment faire reculer les discriminations et les violences sexistes qui traversent tous les milieux sociaux et l'ensemble de la société, si nous refusons de regarder la réalité en face, à la cité Balzac, à Vitry et partout ailleurs ? » Partant du principe que se battre, c'est d'abord oser nommer les violences pour qu'elles ne se reproduisent plus, le collectif ainsi que l'association Attac et la LDIF souhaitent que la mention « morte brûlée vive » soit ajoutée sur la plaque commémorative qui se trouve dans la cité. Autre initiative : mercredi, lors du conseil municipal, les groupes d'opposition des élus de droite, UMP-UDF et Vitry Renouveau, déposeront (après accord de la famille) un voeu réclamant l'attribution à Sohane Benziane d'un nom de rue dans la commune. « Il existe à Vitry une place portant le nom d'une autre victime de faits dramatiques : Malik Oussekine (NDLR : étudiant battu à mort en 1986 à Paris). Le martyre de Sohane ne doit pas non plus être oublié », conclut Sylviane de Grégorio du groupe Vitry Renouveau.
Publié : 04 Oct 2004, 20:48