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Message Publié : 04 Oct 2004, 16:05
par serj
a écrit :Au PS, les adversaires de la Constitution affirment qu'elle "n'est pas compatible avec le socialisme"
LE MONDE | 04.10.04 | 14h30
Les fabiusiens n'étaient pas conviés au rassemblement du "non" organisé, à Douai, par les courants minoritaires du PS. Mais un jospiniste, Jean-Pierre Masseret, est venu exprimer son hostilité au traité.
Douai de notre envoyée spéciale

Chanté, scandé, encensé par ses supporteurs, le "non" au projet de la Constitution européenne a rassemblé, trois jours durant, du 1er au 3 octobre, un bon millier de militants socialistes à Douai (Nord). Il s'est exhibé en lettres rouges sur des T-shirts blancs, "Libres de dire "non"". Il a même trouvé, dans la bouche d'Isabelle Thomas, l'une des anciennes animatrices du mouvement des lycéens et étudiants de 1986, un titre de roman inspiré d'Umberto Eco, "le "non" de la Rose".

Organisé par le courant minoritaire Nouveau monde et le groupe Forces militantes du premier secrétaire fédéral du Nord, Marc Dolez, auxquels s'étaient joints les responsables de Nouveau Parti socialiste (NPS), ce rassemblement du "non" avait aussi ses invités. Des délégués CFDT, CGT et FO, venus, samedi 2 octobre, témoigner sur les délocalisations subies dans leurs entreprises STMicro et Altadis ; des sympathisants politiques, le lendemain, dimanche, pour renforcer l'argumentaire. Ovationné, le député travailliste britannique John McDonnell a répondu en levant le poing. "C'est vrai que depuis une dizaine d'années Tony Blair a travaillé dur à marginaliser la gauche travailliste (...), elle est maintenant de retour", a-t-il assuré. Nous devons faire face à la menace croissante de l'impérialisme américain, mais le danger le plus immédiat, c'est bien cette Constitution qui vise à définir une espèce d'architecture néolibérale."

Pas de fabiusiens dans la salle. Bien qu'hostiles au traité, Laurent Fabius et ses amis, soupçonnés de vouloir monopoliser le "non", n'étaient pas franchement les bienvenus. "Nous n'avons pas, nous, plaidé pour des baisses d'impôts, nous n'avons pas, nous, traité la loi de modernisation sociale de loi imbécile", a fustigé Vincent Peillon, député européen, cofondateur de NPS. Tout en ironisant sur des "courants minoritaires qui seraient devenus les supplétifs de Laurent Fabius", Henri Emmanuelli, chef de file de Nouveau Monde, avec Jean-Luc Mélenchon, a tempéré son propos. "Le fait qu'il dise "non" ne nous gêne pas", a-t-il affirmé, pointant la "compagnie de l'abominable Nicolas -Sarkozy-" pour le camp du "oui".

Etait présent, en revanche, un jospiniste déterminé. Président de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, ancien ministre aux anciens combattants de Lionel Jospin, a justifié sans détour sa position. "Ce traité n'est pas compatible avec le socialisme, a-t-il martelé. Le plus incroyable pour moi est de voir les tenants du "oui" aveuglés. Ce n'est pas possible de croire qu'avec ce texte on pourra mettre en œuvre notre politique. Le "oui" consiste à renoncer à changer la vie." Pour M. Masseret, qui dit ne pas vouloir "être complice de la défaite historique du socialisme", le PS abandonne ses "engagements tenus pendant les élections". "Je me demande, a-t-il accusé, si dans cette affaire il n'y a pas des renversements d'alliances (...) avec les centristes."

Au premier rang, un autre membre de la majorité du parti, ancien ministre de François Mitterrand cette fois, l'a écouté avec attention. "C'est la première fois que je voterai "non", mais il y a des moments de l'histoire où il faut savoir s'arrêter", confiait en aparté Louis Mexandeau, venu pour la circonstance du Calvados.

"LES COLONNES DE L'INVENTAIRE"

A la tribune, les orateurs se sont succédé. Dans cette région, "c'est évidemment, naturellement "non"", a averti M. Dolez. "Il faut se dépouiller de l'ensemble des chantages qui s'exercent", a souligné pour sa part Arnaud Montebourg, cofondateur de NPS, avant de s'attarder sur l'appréciation, au PS, des traités européens : "Avec le traité de Rome, il y avait déjà des doutes. Avec Maastricht, aussi, si je me souviens du "non" au "non". Pourquoi ? On ne pouvait pas dire "oui" ? Avec Amsterdam, il y a eu le blâme de Julien Dray. Ouvrons, chers camarades, les colonnes de l'inventaire. Aujourd'hui, nous faisons nos comptes et le compte n'y est pas." M. Emmanuelli a conclu en dirigeant le tir sur le "gouvernement mercenaire" de Jean-Pierre Raffarin, "porté par une majorité revancharde". Enthousiastes, les militants se sont quittés en chantant L'Internationale. :bleu-vomi:   :bleu-vomi:


Isabelle Mandraud