Abus de biens sociaux chez Total

Message par faupatronim » 01 Oct 2004, 15:05

(Le Monde @ 1er octobre 2004 a écrit :Un ex-cadre de Total au juge  : "Si nous n'avions pas payé, nous n'aurions pas eu de pétrole"




Un troisième cadre du groupe pétrolier Total, Pierre Barbe, chargé du trading pour l'Europe, a été mis en examen par le juge Philippe Courroye, jeudi 30 septembre, pour "complicité d'abus de biens sociaux". Il a été remis en liberté, mais fait l'objet d'un contrôle judiciaire.  Il avait été placé en garde à vue la veille, après que les policiers de la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) eurent procédé à une perquisition au siège de Total, à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Les enquêteurs agissaient sur commission rogatoire du juge Courroye, qui instruit depuis l'été 2002 une enquête ouverte contre X... pour "abus de biens sociaux, complicité et recel". L'enquête avait démarré sur des soupçons de blanchiment en 2001, après un signalement de Tracfin, un organisme du ministère des finances.

L'instruction a connu une brusque accélération, le 22 septembre, quand plusieurs cadres ou ex-salariés de Total ont été interrogés par le magistrat. Gilbert Covhines, comptable, a ainsi été placé en garde à vue la semaine dernière. Patrick Rambaud, ex-directeur chez Total, a été mis en examen pour "complicité d'abus de biens sociaux". Jean-Michel Tournier, ex-chargé de mission au sein du groupe pétrolier, également mis en examen pour "complicité d'abus de biens sociaux", a expliqué au juge Courroye les pratiques en vigueur, selon lui, au sein de la société.

Entre 1996 et 2001, Total, via sa filiale Total International Limited (TIL), aurait fait transiter plusieurs millions de dollars sur des comptes ouverts en Suisse par Jean Caillet, au nom de Teliac SA. Cette société virait ensuite des fonds sur des comptes offshore, afin de rémunérer des intermédiaires, en vue d'obtenir des marchés en Irak ou en Russie. Deux autres sociétés sont également visées par l'enquête : Vivendi Water, suspectée d'avoir ainsi obtenu des marchés en Irak, et Alcatel, qui aurait bénéficié de ce réseau pour s'implanter en Tanzanie. "J'étais directeur du pétrole brut, a indiqué M. Tournier au magistrat. Je reconnais que Total International Limited est passé par l'intermédiaire de M. Caillet pour servir d'écran et arroser au total un certain nombre de bénéficiaires (...). Derrière ces bénéficiaires, il y avait la Russie et l'Irak." Et M. Tournier d'ajouter : "Si nous n'avions pas payé, nous n'aurions pas eu de pétrole brut (...). Je pense que M. Rambaud rendait compte..."

LES LARGESSES DE SADDAM

Interrogé par Le Monde, l'avocat de M. Rambaud, Me Jean-Marc Fedida, n'a pas souhaité faire de commentaires. Total a confirmé l'audition de ses cadres : "Plusieurs collaborateurs de notre société ont été entendus, a déclaré le service communication du groupe pétrolier. Mais l'enquête pour blanchiment ne vise pas Total."

Un avocat libanais, Elias Youssef Firzli, très proche de Tarek Aziz, l'ancien vice-premier ministre irakien, aurait été partie intégrante du montage financier. "On m'a présenté Firzli", a assuré M. Tournier au juge Courroye. La personnalité de M. Firzli intéresse les enquêteurs. L'avocat libanais faisait notamment partie des donateurs de France-Afrique-Orient (FAO), une association proche de Charles Pasqua. Le nom de l'avocat libanais - retranscrit ainsi : Elias El-Ferzeli ou Ghazarli - était également apparu en janvier, en Irak, sur une liste répertoriant 270 personnes qui auraient bénéficié des largesses de Saddam Hussein.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme
faupatronim
 
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