(Le Figaro a écrit :
Besancenot ne croit pas à la conversion de Fabius
Nicolas Barotte
[21 septembre 2004]
Pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), la rentrée est «incertaine». «Incertaine pour nous après ce qui s'est passé l'an dernier», a expliqué hier son porte-parole, Olivier Besancenot. De fait, les résultats électoraux ont été décevants pour la formation. «Incertaine pour la droite» avec en toile de fond «la crise de l'UMP». Et «incertaine pour la gauche : la rentrée est polarisée sur la crise du PS par rapport à la question de la Constitution européenne». Incertaine, enfin, sur le terrain social.
Le parti d'extrême gauche tenait hier sa conférence de presse de rentrée, après la réunion de sa direction nationale ce week-end. La LCR en a profité pour annoncer la tenue de son congrès, avancé de quelques mois, du 16 au 19 juin 2005, pour ne pas «être brouillé avec le référendum» sur la Constitution européenne, prévu pour l'automne.
Au premier rang des «mobilisations» de la rentrée, il y a effectivement le «non anticapitaliste» à la Constitution européenne. La LCR espère donner une «claque aux politiques libérales» menées, selon elle, par l'Union européenne aujourd'hui. «Ce qui est gravé dans le marbre dans la Constitution, c'est ce qui est déjà en pratique dans de nombreux gouvernements, y compris le nôtre», a dénoncé Olivier Besancenot.
Si l'ancien candidat à la présidentielle et le numéro deux du PS, Laurent Fabius, lui aussi partisan du non, se retrouvent, de fait, dans le même camp, les deux hommes sont encore loin de faire campagne ensemble. «Personne ne croit à la conversion de Laurent Fabius, a assuré hier Olivier Besancenot. La majorité de la population n'y croit pas, lui-même n'y croit pas. Le non, il a eu du mal à le dire, il a dû faire un travail sur lui-même.» Pour autant, le porte-parole de la LCR ne déplore pas ce ralliement qui donne plus de poids au non. «Ne boudons pas notre plaisir», explique-t-il, avant d'ajouter : «Fabius est d'accord avec nous, ou nous avec lui, pour dire que ce référendum, ce n'est pas pour ou contre l'Europe, mais pour dire quelle Europe nous voulons. Mais nous ne sommes pas d'accord sur l'Europe à construire. Il est pour une Europe libérale.»
Autres sujets d'actualité pour la LCR : les «délocalisations» et la «défense des services publics». Dans l'espoir de mener des «campagnes unitaires», la Ligue a d'ores et déjà adressé des «courriers aux différents responsables politiques de gauche». Des rencontres sont prévues, au plus tard «la semaine prochaine», avec le Parti communiste et Lutte ouvrière, l'organisation d'Arlette Laguiller.
L'alliance électorale avec LO, lors des dernières élections, a été critiquée au cours de la réunion du week-end par les minoritaires de la LCR. Pour Christian Picquet, il s'agit d'une des «plus grandes erreurs politiques (de la LCR) des trente dernières années». Le congrès de juin sera l'occasion du bilan sur ce point pour l'actuelle direction.
Malgré les défaites électorales et les déconvenues financières, la LCR assure qu'elle a «les moyens de rebondir». Le parti veut s'appuyer sur son «capital militant stabilisé autour de 3 000». Et la souscription lancée au printemps a déjà récolté 270 000 euros sur les 350 000 euros nécessaires.