C.E.S et agression libérale

Message par Valiere » 18 Sep 2004, 14:10

a écrit :C.E.S.  et agression libérale dans l'éducation en europe

Contre la conquête du "marché de l'éducation" :

"Le capitalisme mondial a le projet à moyen terme de libéraliser les services publics et de s'emparer du marché global de l'éducation (plus de 2000 milliards d'euros dans le monde. L'acteur principal est bien sûr l'OMC, qui s'est dotée d'un Accord Général sur le Commerce des Services, l'A.G.C.S. . L'UE Union Européenne doit livrer les secteurs qui seront soumis à cette marchandisation (accords de Lisbonne, etc...). Chaque pays signataire s'engage à ouvrir les secteurs choisis à la libre concurrence sans mettre de limites au nombre de fournisseurs, à la valeur des transactions, à la gratuité des services produits ... Il n'y aura pas de retour possible. Et lorsque la Commission Européenne chargée de ces négociations a assuré que l'Education n'est pas visée, elle a omis de rappeler que l'AGCS visait tous les services publics, et que les secteurs concedrnés ne pourraient être protégés que pendant 10 ans. Le temps que les législations nationales s'adaptent. La décentralisation progressive de l'Education Nationale, fortement combattue durant les luttes du printemps 2003, en est une illustration.
La construction européenne actuelle a pour résultat de relayer, de mettre en cohérence et d'organiser ces attaques libérales  dans le cadre européen. Démantèlement des services publics et des systèmes de solidarité sociale, réductiion progressive des droits des travailleuses/travailleurs et des chômeuses/chômeurs, accentuation de la répression  ... constituent le fond des principaux traités organisant la construction européenne (Maastricht, Amsterdam, Nice ...), et de nombre de directives de la Commission Européenne. Le projet de "Constitution " européenne, visant à systématiser et à institutionnaliser ces politiques, constitue la dernière étape de ce processus. L'Emancipation ne saurait accepter une pareille "Constitution" anti-sociale. Elle oeuvrera, avec les autres forces syndicales alternatives en Europe, à la définition d'un projet social conforme à l'intérêt des travailleuses/travailleurs et à l'impulsion des luttes qui permeyttraient de l'imposer. Les rapports de la Commission Européenne, suivant ls rapports de la Table Ronde Européenne (ERT, lobby d'industriels européens) ont conclu à la nécessité de rapprocher le monde de l'éducation du monde de l'entreprise, et au "drolit d'accès de l'individu" à une "formation tout au long de la vie". La philosophie déclarée de l'UE est de laisser à l'industrie le contrôle de la formation professionnelle, et à long terme reporter sur l'individu la responsabilité de sa formation, abandonnant ainsi le droit à l'éducation.
Une première étape est l'intégration des "partenaires sociaux", des ONG, de  toutes les institutions responsables de formation, à l'évaluation de la Validation des Acquis de l'Expérience (VAE). Dans la définition des acquis de base de l'éducation et de la "formation tout au long de la vie" apparaissent des "compétences" du type "esprit d'entreprise" et "aptitudes sociales", tandis que les savoirs sont transformés en "compétences"'.
Ce marché de l'Education se met progressivement en place, et d'une manière peu démocratique.
Face à ce saccage programmé, que faire ? 

Sans frontières :
Le développement et la mutualisation des savoirs impliquent coopérations (et non concurrence !), solidarités  et échanges permanents, esprit critique et transparence donc démocratie. Par nature l'université dépasse les frontières (géographiques, de races, ...  ). La défense du caractère national des diplômes s'épanouit avec leur reconnaissance européenne et mondiale, dans l'intérêt des jeunes. Nous ne donnons cependant pas le même sens que les maîtres de ce monde  à "mobilité", "liberté", "libéral", ... etc... Ce n'est pas la même Europe que nous voulons.

Un leurre syndical, la CES Confédération Européenne des syndicats  ?

Les luttes syndicales et la mobilisation des travailleuses/travailleurs dans toute l'Europe constituent un élément décisif pour contrer cette offensive. Mais une approche objective des conditions de construction d'un pôle syndical impose au préalable de prendre en compte le rôle politique et social de premier plan tenu par le "Confédération Européenne des Syndicats" (CES) : son rôle-clé dans le dispositif de généralisation du modèle néo-libéral dans les pays européens, ses rapports avec les confédérations syndicales nationales, et donc son  influence sur le syndicalisme européen, sur la revendication syndicale, et plus largemen t sur l'ensemble du mouvement social en Europe.
Il faut absolumen t dissiper les malentendus entretenus par l'intitulé "Confédération Européenne des Syndicats" (1*) ; aujourd'hui la CES n'a plus rien à voir avec une organisation syndicale "représentative" des travailleuses/travailleurs européen s, même bureaucratique. C'est une institution européenne à laquelle le traité d'Amsterdam a reconnu la qualité d'interlocuteur dans le domaine social, associée à ce titre à la préparation des sommets et à toutes les activités de l'agen da européen. Elle se revendique d'ailleurs comme "co-régulateur" aux côtés d'autres "partenaires sociaux" - dont les représentants du patronat européen - de la "gouvernance européenne" (congrès CES de Prague 2003).
Pourtant la plupart des organisations syndicales nationales en quête de "représentativité" européenne continuent à siéger dans la CES, ou frappent à sa porte (FSU) (2**). Elles cautionnent ainsi, très souvent en contradiction avec les mandats qui leur ont été confiés, des positions qui vont à rebours des intérêts des travailleuses européens.
Bénéficiant désormais de la caution des organisations syndicales nationales, la CES voit ainsi confirmer sa position d'interlocuteur  social européen  reconnu des deux camps : les institutions et les partenaires sociaux. Ceci ouvre un bolulevard aux négolciations d'un nouveqau syndicalisme de gestion à l'échelle européenne, de l'Union  mais aussi des autres pays dans le cadre de la mise en oeuvre des accords de l'AGCS contenue dans les accords de Lisbonne. La CES contribue ainsi à accélérer le processus d'intégration des structures syndicales nationales dans l'Etat, tous les niveaux institutionnels (national, régional, local) étant désormais concernés.
   
Colégislation ?

Le 25 mars, lors du sommet dit "social", patronat et CES firent une déclaration commune dans laquelle ils se prononçaient  "pour un partenariat européen pour le changement" et un "plus haut degré de flexibilité". La CES a même créé un néologisme, la "flexicurité".
La CES se déclare favorable au projet actuel de constitution européenne , dont l'article III - 105 stipule que les partenaires sociaux peuvent donner leur aval pour la mise en oeuvre du processus III - 106 , qui prévoit que les accords conclus soient "mis en oeuvre par des réglements ou des décisions européens adoptés par le conseil des ministres sur proposition de la commission". Il s'ensuit que ces accords passés entre patronat et CES auront automatiquement force de loi européenne. Et l'on ose nous parler de pratique "démocratique" !!! En fait, la démocratie a été détournée, bafouée depuis Amsterdam et Maastricht, qui sont à l'origine du processus de colégislation. C'est ainsi que la CES, associée à "l'élaboration des normes sociales communautaires", colégislatrice, a signé plusieurs accords devenus automatiquement par la suite des directives européennes, comme celle de 1997 sur le travail à temps partiel et celle de 1999, sur les contrats à durée déterminée.  Une fois entrées dans chaque pays européen, ces directives aboutirent à la déréglementation, à l'atteinte au code du travail - le pire est encore à venir !

Contrôle des mandats au niveau européen ?

Les syndiqués doivent exiger des clarifications sur le mode d'implication dans la CES, imposer des moyens de contrôle de l'élaboration et de la mise en oeuvre de leurs mandats, y compris au niveau européen.



Amadéi Henri
(militant  "L'Emancipation syndicale et pédagogique")

(1*) La CES "ne relève pas de la lutte des classes, mais de l'institutionnalisation de la politique européenne" : déclaration de l'ancien secrétaire de la CES, Emilio Gaboglio, dans sa préface à une brochure intitulée "Qu'est-ce que la CES ?". Par contre, les organisations syndicales nationales sont issues des travailleurs eux-mêmes dans le cadre de leurs luttes de classe historiques - pour la plupart.
(2**) Le SNESup-FSU participa au contre-sommet de l'éducation de Berlin en septembre 2003 - avec raison. Mais il semble que la direction de la FSU (bitendancielle) y était opposée.
Valiere
 
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